En libérant la poche de l’État islamique au sud de Damas, dans les quartiers de Yarmouk et de Hajar al Aswad, l’armée syrienne est tombée comme d’habitude sur d’importants stocks d’armes venues de l’étranger, mais aussi sur une « école de cadres » de l’État islamique.
« Ce genre d’école est assez typique pour l’EI », commente sur Telegram le blogueur militaire russe Colonel Cassad – dont le livejournal spécialisé dans la géopolitique est numéro 1 en Russie. « Lorsque sur le territoire l’activité des institutions gouvernementales est paralysées, l’EI commence un actif travail de propagande à destination de la population, en appuyant surtout sur les jeunes âgés entre 12 et 25 ans ».
L’EI essaie ainsi non seulement de recruter des combattants pour le front présent, mais de travailler pour l’avenir : « les idéologues de l’EI ont une vision à l’échelle de l’Histoire et voient le combat pour le Califat durer des décennies. Il s’agit donc de préparer les générations à venir en utilisant même les jeunes enfants qui peuvent devenir des kamikazes… ou des cadres à venir pour la structure même du mouvement ». Les plus capables reçoivent « non seulement un embrigadement général, mais aussi un endoctrinement personnalisé ».
Des écoles similaires ont été trouvées dans le SinaÏ en Egypte – où une opération militaire se déroule depuis plusieurs mois contre l’EI – mais encore à Syrte (Libye), à Raqqa (Syrie), Mossoul, Ramadi (Irak), à Nangarhâr (Afghanistan). « Avec l’effondrement de l’EI leur structure commune s’est effondrée, mais du fait de leur stratégie générale, partout où ils pourront reprendre des territoires densément peuplés, ils referont de nouvelles écoles semblables ».
Quant aux enfants et aux jeunes qu’ils ont réussi à endoctriner – mais qui ne suivent plus les cours du fait des défaites militaires successives de l’EI notamment en Libye, Syrie ou le nord-ouest de l’Irak, ils constituent en quelque sorte, pour certains d’entre eux, des bombes à retardement – il n’y a en effet pas eu de rééducation pour démonter l’embrigadement qu’ils ont reçus.
Les difficultés économiques et sociales persistantes, ainsi que la poursuite de la guerre civile, tant au nord de la Syrie (arabes sunnites contre kurdes) ou en Libye portent déjà les germes de nouveaux risques islamistes. En Irak déjà, notamment dans les provinces de Salah ad Din, près de Hawijah et de Mossoul, de grosses cellules dormantes de l’EI se sont réactivées et ont mis en fuite, à plusieurs reprises, l’armée régulière ou les corps francs chiites (Hachd al-Chaabi). La guerre contre l’État Islamique est donc loin d’être achevée.
LBG
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