Les actes de télémédecine seront remboursés à partir du 15 septembre, après un accord conclu entre l’Assurance maladie et trois syndicats de médecins libéraux, qui doit être officiellement signé mercredi.
Après le SML et MG France, la CSMF a indiqué mardi qu’elle signerait l’avenant à la convention médicale de 2016. Les trois organisations représentant une majorité de médecins libéraux, il entrera en vigueur le 15 septembre. A partir de cette date, les médecins pourront réaliser des téléconsultations (examen médical par visioconférence), rémunérées au même tarif qu’une consultation classique : 25 euros pour un généraliste, 30 euros pour un spécialiste. Ils pourront aussi effectuer des téléexpertises (demande d’avis entre praticiens), payées 12 ou 20 euros selon le niveau de complexité de l’acte.
Une aide pouvant aller jusqu’à 525 euros par an devrait permettre aux pratiquants de s’équiper en matériel informatique.
Nous avons fait le point sur les enjeux de la télémédecine avec ReAGJIR, le syndicat des jeunes généralistes.
Une réglementation nécessaire pour généraliser la télémédecine
Jusqu’ici, la télémédecine était essentiellement utilisée en EHPAD, sous la forme de téléconsultations pour les personnes âgées. Qualifiées de médecine au rabais dans un premier temps, les téléconsultations vont se généraliser chez les médecins généralistes et ceux d’autres spécialités.
« L’avenant vient offrir un cadre à une pratique qui tend à se développer. Nous sommes satisfaits des discussions quant à la fixation des tarifs mais aussi de la généralisation de ces téléconsultations pour les généralistes. Cela concerne également les autres spécialistes, mais dans le respect du parcours de soins. En revanche, nous sommes très soucieux du niveau de qualité d’une telle consultation à distance. », explique le docteur Yannick Schmitt, président de ReAGJIR.
D’une durée moyenne actuellement inférieure à une consultation classique, son tarif est établi à 25 € pour les généralistes (le même montant que pour une consultation classique) : « Fallait-il proposer un prix inférieur à celui d’une consultation physique ? Nous nous sommes mis d’accord pour conserver le même tarif, mais cela suppose que chaque médecin prendra suffisamment de temps, sera équipé du matériel adéquat et aura la possibilité de collaborer avec un autre professionnel de santé présent aux côtés du patient, ce qui lui permettra de pallier l’absence d’examen physique par exemple. Notre objectif reste d’assurer des soins de qualité », précise le docteur Marie Brosset, Porte-parole de ReAGJIR.
La télémédecine, pour qui et comment ?
Tous les patients ne peuvent pas bénéficier directement de la téléconsultation. Certaines pathologies nécessitent une consultation physique : « Par exemple, les symptômes d’une gastro-entérite peuvent mimer une appendicite. Le médecin a besoin d’examiner le patient pour établir le bon diagnostic », détaille Yannick Schmitt.
De plus, il faudra veiller à ce que cela ne devienne pas une activité commerciale ou un argument marketing. « L’information du patient et son éducation à la santé vont être primordiales si l’on ne veut pas que les patients soient les vaches à lait de plateformes lucratives. Il nous faudra continuer d’expliquer au patient l’intérêt d’un suivi régulier chez son médecin traitant et lui apprendre comment gérer les symptômes du quotidien qui sont souvent bénins pour un médecin, mais vécus comme une urgence par le patient. », poursuit Yannick Schmitt.
Au-delà de la téléconsultation, la question de la télé-expertise se pose aussi, notamment en termes d’organisation du temps entre le médecin généraliste et le spécialiste d’organe : étant l’un et l’autre soumis à un agenda très chargé, il ne sera pas toujours facile de trouver du temps pour évoquer le cas d’un patient.
Plus qu’un outil, une réponse à un besoin mais pas encore aux déserts médicaux
Généraliser la télémédecine, c’est bien.
Encore faut-il que tout le monde puisse en profiter : « Les téléconsultations n’apportent aucune réponse aux déserts médicaux, voire accentuent d’autres inégalités. Dans certains territoires, de nombreux patients n’ont pas d’accès internet ou alors à un très faible débit et le téléphone portable ne capte pas toujours. Comment proposer la télémédecine à ces personnes ? Comment les équiper et comment leur rendre ce nouveau service accessible ? Un autre professionnel de santé va-t-il devoir amener le matériel chez ses patients pour qu’ils bénéficient d’une téléconsultation ? », interroge Marie Brosset.
« Autre limite, selon l’avenant, le spécialiste de deuxième recours a l’obligation de rencontrer physiquement le patient au moins une fois avant de démarrer les téléconsultations. Encore une non-réponse aux déserts médicaux si les patients doivent d’abord se rendre chez le spécialiste. », déplore Yannick Schmitt.
« En l’état, la téléconsultation permettra surtout de répondre à une question de santé précise et visera essentiellement les patients difficiles à déplacer, atteints de polypathologies, avec un professionnel de santé à leur chevet. Une téléconsultation ne remplacera pas demain une consultation physique traditionnelle. », conclut Marie Brosset.
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