Ces derniers jours, de gros orages ont éclaté régulièrement à Nantes et des trombes d’eau se sont abattues sur la ville. L’occasion de continuer notre série sur les ratés d’urbanisme – commencée avec les rues de Maryland et du Bourg Fumé près de la Manufacture, où tout est fait pour favoriser les délinquants : grilles et murs qui empêchent la fuite, absence d’éclairage, pas d’entretien, hauts buissons qui permettent aux délinquants de se cacher, géographie propice aux guet-apens… Un viol y a eu lieu le 29 mai dernier et les riverains ne sont pas étonnés.
Lorsqu’il y a des averses, on peut constater d’autres ratés d’urbanisme liés à la collecte des eaux pluviales. Moins graves bien sûr qu’une rue mal éclairée aux allures de coupe-gorge, mais dérangeants pour les passants, les riverains et les commerces avoisinants. Ainsi, dans le bas de la rue Pitre-Chevalier, des flaques importantes se forment régulièrement – cela gêne moins les voitures que les piétons et les vélos cependant. Pourtant, tout près se trouve le square du Maquis de Saffré sous lequel a été réalisé en 2014-2016 un énorme bassin de collecte des eaux pluviales, en cas d’orages. Mais le profil (la pente) de la rue semble avoir été mal calculée.
Autre exemple, tout aussi flagrant. A l’angle des rues Carnot et de Jemappes se trouve le café des Expositions. Juste à côté, à chaque pluie, se forme une énorme flaque sur les pavés du trottoir, profonde de 5 cm au plus. Elle lèche le bord de la terrasse. Tant pis pour les passants et ils sont nombreux – siège de Nantes Métropole de l’autre côté de la rue Carnot, cité des Congrès, arrêt du Busway juste à côté. « Le pavage a été refait il y a dix ans, et pourtant c’étaient des têtes, les gens qui ont refait la rue ! », relate le cafetier. « Mais au lieu de faire la pente vers la rue, d’autant qu’il y a un avaloir des eaux pluviales juste à côté, ils l’ont faite dans l’autre sens ». Résultat, « l’eau passe sous la terrasse, est collectée au fond », c’est-à-dire au droit du pied de l’immeuble, « et renvoyée vers la rue ». Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Et tremper les pieds des passants.
Un autre encore. Au début du quai de la Fosse, quand il pleut, une grande mare se forme devant le point presse – situé à l’angle de la rue Jean-Jacques Rousseau – la pizzeria et le café mitoyen. Profonde d’une quinzaine de centimètres, elle n’est collectée que par un petit regard carré à grille, vite insuffisant, d’autant que l’eau qui arrive depuis le coin de la rue du Maréchal de Lattre forme un gros ruisseau. Résultat des courses, à chaque grosse pluie c’est la buraliste qui sort son balai pour dégager les débris qui bouchent le regard, puis pour l’enlever afin d’accélérer l’évacuation des eaux.
A bien d’autres endroits, des flaques parfois imposantes se forment parce que les avaloirs et regards sont insuffisants ou mal entretenus, voire que le profil des rues, parfois rénovées récemment pourtant, est mal calculé. Les grands chantiers pèchent par les petits détails – voilà encore une illustration de l’adage. La municipalité socialiste a de la suite dans les idées : avant de faire un Arbre aux Hérons à coups de millions d’euros d’argent public, les Nantais se voient obligés de se muer en échassiers – ces oiseaux des marais qui ont de longues jambes pour passer flaques et mares – après chaque grosse pluie.
Louis-Benoît Greffe
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