Ratés d’urbanisme à Nantes : l’escalier roulant de l’llôt Boucherie

 

L’escalier de l’îlot Boucherie, entre la ligne 3 du tramway et l’arrêt Place du Cirque de la ligne 2, a été repeint récemment aux couleurs de la Gay Pride. Et devrait le rester, selon le maire socialiste Johanna Rolland, qui laisse des traces de son passage à moins de frais que l’Arbre aux Hérons, et humilie un peu plus l’architecte des monuments historiques, déjà sommé d’accepter une fresque Royal de Luxe qui part en poussière et le toboggan sur le château des Ducs de Bretagne. Juste à côté se trouve, discret, un raté d’urbanisme.

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Inséré depuis 2007 dans l’ilôt Boucherie – mais appartenant à la ville, l’escalier roulant était chinois. Pannes mécaniques, pannes tout court, défaut de pièces détachées – il est très vite devenu hors service. La présence d’oisifs, d’alcooliques et de trafiquants de drogues à ses entrées n’a rien arrangé : il n’est en effet pas en plein air, mais abrité, ce qui est à la fois un avantage pour l’entretien… et les trafiquants.

Las ! faute de volonté politique d’en finir avec la délinquance endémique – et de revenir sur les conditions de son acquisition et de son entretien, cet escalier a été condamné. Seules les rampes du haut dépassent de la tôle ; des milliers de nantais passent à côté tous les jours.

A Pornic, ils ont dit non à l’escalator

Du reste il n’y a pas qu’à Nantes que les escaliers roulants sont mal-aimés. A Pornic, le projet d’établir une liaison avec 4 escalators entre la ville haute et la ville basse dans le cadre d’un projet immobilier près de la chapelle et du jardin de la rue Foch, annoncé fin 2013, a planté. L’ADRP a lancé une pétition et obtenu son gel après un intense battage médiatique, car les escalators devaient remplacer « le petit jardin public entre deux maisons [qui] est le seul endroit restant qui offre, sur une trentaine de mètres, une vue sur le port, la mer et un coin du château depuis la ville haute ».

Déjà dégagé en 1825, cet espace était municipal, ainsi que les bâtiments avoisinants qui abritaient notamment la police municipale. Le projet immobilier renaît en 2017, et est avalisé par une consultation à laquelle 2 000 Pornicais participent. Mais il n’y a plus qu’un escalier classique…

Mise au point reçu par email : Cet article présente un escalator du centre de la ville de Nantes, en ruine, et rappelle l’affaire du projet des escalators de Pornic. Mais la vérité y est travestie. L’article indique que l’ADRP est à l’origine de la pétition, faux, c’est Madame Guichaoua, simple adhérente, qui initia la pétition et M Axel Bergeron en fut le premier signataire. M Bergeron initia ensuite un recours contre le projet de vente des terrains et bâtiments communaux à un promoteur privé (Performance et Promotion). Tout cela rendit caduc le premier projet, fit disparaître tout projet d’escalator et figea pour un certain temps la situation.

Au Havre, un escalier mécanique exceptionnel condamné

Tandis qu’en Ile-de-France des escalators fonctionnent normalement pour monter les pentes parfois impressionnantes – par exemple pour accéder au bourg de Suresnes – , le Havre, la ville du Premier-Ministre, dispose d’un patrimoine exceptionnel fermé faute d’argent pour le relancer. Il s’agit de l’escalier mécanique Montmorency entre Graville et Sainte-Cécile, inauguré en 1928 sur 170 m de long pour 49 mètres de dénivelé. La descente – gratuite – et la montée (50 centimes) étaient permises par deux galeries séparées, sous lesquelles se trouvait la salle des machines.

Il a survécu à la guerre, mais une défaillance du système de retournement des marches l’a fait fermer en 1984. A l’époque, il fallait 700.000 francs pour le remettre en service. Trop cher. Aujourd’hui, de 9 à 15 millions d’euros selon les études. Classé monument historique peu avant sa panne, il a été condamné mais ses vestiges restent remarquablement conservés comme le montre le blog Havrais-dire qui les a visités.

Lorsque l’on constate les sommes qui peuvent être dépensées dans des œuvres « d’art contemporain » qui se transforment régulièrement en fiascos financiers, urbanistiques et architecturaux – la place du commandant Jean l’Herminier, le nouveau palais de justice ou les vitres du Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes en sont l’illustration, en attendant l’Arbre aux Hérons – le fait qu’un patrimoine à la fois exceptionnel, utile et fonctionnel reste condamné faute de volonté politique, donc d’argent pour sa réouverture, est symptomatique d’un pays qui s’obstine à marcher sur la tête.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
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