Le site des chasseurs d’orage Keraunos a sorti, dans le cadre de ses recherches sur l’histoire et les dégâts des tornades en France, neuf dossiers de tornades anciennes en Bretagne administrative, dont cinq de moyenne et forte intensité. Ils s’échelonnent de 1836 à 1896. Les orages et pluies intenses qui se sont abattus sur la Haute-Bretagne le 11 juin sont l’occasion de se rappeler que la Bretagne a vu pire.
A Trébeurden (22), le 30 janvier 1836, une tornade de forte intensité (EF3) issue d’une trombe marine détruit entièrement les 19 chaumières du hameau de Trozoul, qui n’est pas reconstruit. « Cette trombe dépassant presqu’aussitôt la pointe de cette île (Milliau), entre sur la commune de Trébeurden qu’elle sillonne l’espace d’une demie-lieue, dans la direction du Nord-Est [Ouest] au Sud-Est. Talus, arbres, maisons, en un mot, tout ce qui se trouve sur le passage de cet effrayant météore, est en un clin-d’oeil renversé, déraciné, enlevé, dispersé ou détruit », écrit le Lloyd nantais (9/2). Quatre enfants sont écrasés sous les décombres et plusieurs périssent. Le sémaphore de Bihit est aussi détruit.
Toujours dans les Côtes d’Armor, mais à Plédran, une tornade d’intensité moyenne (EF2) parcourt 4,7 km le 7 juin 1841. « Elle passe avec le fracas du tonnerre sur Langueux, va emporter le toit de la ferme des Bois-Harnais, en Plédran, y brise un grand nombre de pommiers ; de là endommage les couvertures du village de Ville Folle, renverse les arbres sur son passage, occasionne des dégâts considérables à la Ville Auffray et à Craffault. Plusieurs personnes ont été renversées », relève l’Annuaire des Côtes du Nord (1842).
Le 6 septembre 1881, c’est une trombe marine (EF2) qui s’échoue à Port Mélite, sur l’île de Groix (56), dans la matinée. Elle traverse la conserverie de MM. Noël dont elle enlève le toit et détruit le stock d’une année entassé dans un magasin dont un mur reste debout. Une chaloupe ensablée est soulevée de terre et disloquée et enlève la moitié de la toiture d’un bâtiment. Seuls trois ouvriers de la conserverie sont blessés.
Tornade exceptionnelle à Domagné (35) en août 1890
Le 18 août 1890 plusieurs tornades intenses ont lieu en France, notamment à Dreux (9 kilomètres dont le centre traversés, le tribunal civil détruit mais un seul mort malgré des dégâts impressionnants) et la tornade exceptionnelle de Saint-Claude (81 km dont 51 en France, 700 mètres de largeur, 6 morts, 150 blessés et de gros dégâts à la gare de Saint-Claude où des wagons sont broyés). A Domagné en Ille-et-Vilaine, la tornade est moins intense, mais tout aussi exceptionnelle pour la Bretagne : 700 mètres de large, 16 km de long. La tornade aurait formé plusieurs tourbillons (multi-vortex) de front. Elle a arraché des dizaines de toitures, fendu des arbres feuillus, projeté à cinquante mètres un attelage et trois chevaux…
Enfin une tornade de forte intensité touche Saint-Jacut les Pins (56) le 6 juin 1896 : elle parcourt 6,5 kilomètres sur un front de 150 mètres de large, du sud-ouest au nord-est, mais à l’est du bourg, et détruit de nombreux arbres et charpentes d’habitations. Deux pommiers en font les frais : un qui passe par-dessus trois haies et atterrit à 300 mètres du lieu où il était enraciné, l’autre – d’un mètre 80 de diamètre – arraché net. Des toitures de la Guidenais sont retrouvées en morceaux à 36 mètres de la maison dont elles ont été arrachées. Près de 212 châtaigniers (greffés) et 222 pommiers en font les frais. Mais les cultures ne sont presque pas atteintes et il n’y a pas de victimes.
Louis-Benoît Greffe
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