Suite de notre reportage sur les vide-greniers de Bretagne : après avoir vu comment organiser un vide-grenier et quels sont les bons plans, voici quelques conseils pour bien vendre.
Lorsqu’on vend sur un vide-grenier, il y a intérêt à s’organiser. Portant et classement par taille pour les vêtements, vaisselle dans des cartons – stockés à l’abri de l’humidité pendant la vente – , objets fragiles emballés dans du journal et du papier à bulles, stand organisé plutôt qu’en vrac, tranches apparentes pour les livres plutôt qu’empilés les uns sur les autres. Il est conseillé d’investir au moins dans une table à tréteaux – préférable à une table basse ou à des bâches par terre, et de prendre plusieurs mètres pour s’étaler – ou de faire un emplacement en U si sa taille le permet.
Les vêtements doivent être propres, les appareils électroniques en état de marche, la vaisselle en bon état, les outils pas cassés… Regardez les prix sur eBay ou PriceMinister avant… mais ce n’est pas une référence absolue, guère plus que la cote pour les pièces de monnaie ou les timbres. Plutôt un ordre de grandeur. Attirer l’attention du chaland ne fait pas de mal : nappe de couleur, objets bariolés mis en avant…
Le diable se cache aussi dans les détails – ainsi, ne pas oublier une bâche peut être fort utile en cas d’averse. Surtout si on vend des vêtements ou des livres. Un fond de caisse – de 50 euros au moins – pour rendre la monnaie et une caisse pour le contenir. Il vaut mieux venir à deux au moins, pour pouvoir aller chercher un café, un sandwich ou aller aux toilettes – c’est-à-dire venir en famille ou partager l’emplacement (et donc son prix) avec un ou des amis.
Etre plusieurs permet aussi de surveiller la fauche, inévitable. « Il y a trois scénarios classiques », révèle un brocanteur habitué. « Le gars qui passe et qui chipe un truc, la personne seule qui fourrage sur le stand et qui chipe un truc discrétos, qu’elle a souvent repéré avant, et les gens qui s’amènent à plusieurs : pendant qu’il y en a qui demandent quelque chose, un autre te choure de la came ». Sans oublier « ceux qui piquent les caisses, évidemment. Notamment vers midi quand il y a le plus de monde ».
Sur un vide-grenier rennais, un autre professionnel confie : « là, je viens d’avoir des roms, pendant que les filles m’ont demandé le prix des bijoux, le monsieur il m’a chipé des dés. Je l’ai vu, j’ai attendu qu’il aille en face [c’est un pro aussi] et j’ai fait comme eux, je suis arrivé et j’ai dit « une pièce si vous plaît ». Il m’a regardé, je l’ai regardé et je lui ai dit, « maintenant tu me rends ce que tu m’as volé ». Il me l’a remis dans la main. C’étaient deux dés. Je les lui aurai vendus 20 ou 50 centimes… ».
Le cœur du problème, c’est aussi le prix. Quoiqu’il arrive, le client va marchander. Et l’intérêt, ce n’est pas de faire du chiffre – sauf si on est professionnel – mais de payer sa place, son essence, et d’avoir le moins possible de choses à ramener.
Vendre cinq euros un livre de poche (vu à Nantes) n’a pas de sens. S’offusquer lorsque le client rabat d’un tiers – voire de la moitié – un prix qui lui semble trop haut, non plus. Généralement, la règle est de rabattre d’un tiers. Mais le marchandage peut être superflu lorsque les prix sont raisonnables – par exemple 1 euro le livre moderne (ou 2€ à Nantes et ses abords). Et les pros – ou les chineurs avertis qui savent ce qu’ils prennent et ce que ça coûte – réagissent différemment des acheteurs occasionnels ; c’est pour le coup une question de relationnel et de psychologie.
Enfin, plus l’heure avance et plus le remballage approche. Il est d’usage de casser les prix vers la fin (par exemple à 17h pour un vide-grenier qui se finit à 18h), notamment pour les objets encombrants. D’autres font une caisse avec marqué dessus « à donner » devant le stand – ce qui attire du monde, ou mettent tout à 1€ pour que ça parte. Le remballage peut être cependant avancé par la météo : trois gouttes et c’est bon, tout le monde s’en va. Sauf si le déballage est à l’intérieur d’une salle, ce qui arrive fréquemment l’hiver, ou avec certains organisateurs (la Laetitia près de Sainte-Thérèse à Nantes, notamment).
Autre problème : trouver la bonne manifestation. Pas trop loin de chez soi – ou loin, mais avec beaucoup de passage, par exemple le vide-grenier de la Fête du Pain à Saint-Omer-de-Blain, avec 10.000 personnes en moyenne chaque année, c’est un bon plan – et une liste d’attente blindée. Bien organisée, car c’est aussi le nerf de la guerre – lorsque les exposants s’installent en vrac ou qu’il faut jongler avec les voitures garées sur place, ce n’est pas bon. Pas trop de vide-greniers le même jour au même endroit – d’autant qu’acheteurs professionnels ou particuliers ciblent souvent les plus gros. Et enfin la grande inconnue, c’est-à-dire la météo.
Louis Moulin
Crédit photo : (Central Brittany Journal DR)
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