Par Gábor Tóth, président de la Passerelle vers l’Europe, Association V4-Chine, via Visegrád Post :
Alors que se prolonge la tourmente politique en Italie, le groupe de Visegrád (V4) se distingue de plus en plus comme un îlot de bon sens, de stabilité, de réflexion à long terme et des vieilles valeurs européennes.
Au cours des dernières années, les membres du V4 sont devenus un acteur majeur dans la construction de l’avenir de l’Europe, non seulement économiquement, parce que leur croissance a été remarquable, mais aussi sur le plan idéologique. Il n’est plus exagéré de dire qu’il y a deux voies principales que les peuples d’Europe peuvent choisir quand il s’agit d’envisager leur avenir. Ces deux sont généralement désignées et opposées comme globaliste contre nationaliste, société ouverte contre frontières contrôlées, multiculturalisme contre homogénéité, non-religieux contre chrétien, prétendu progressisme et conservatisme. Il y a bien d’autres étiquettes encore, mais vous avez compris de quoi il s’agit. La Hongrie et le V4 représentent le modèle conservateur de la démocratie chrétienne, tandis que l’autre modèle semble maintenant irréversible dans des pays comme la France, la Suède, la Belgique, la Hollande et d’autres.
Remarquez que je n’ai pas mentionné l’Allemagne et l’Italie.
Ce n’est pas un secret que ces deux nations et leurs peuples décideront du sort de l’Europe. Alors, lequel des deux chemins choisiront-ils ?
Dans le cas de l’Italie, il est plus facile de savoir, parce que les gens ont parlé, et que la tentative actuelle de l’élite « globaliste » d’inverser leur volonté n’est que temporaire et ne peut que retarder l’inévitable. De plus, cela pourrait rendre les gens plus frustrés encore alors qu’ils se sont prononcés clairement aux élections, et ils pourraient ainsi voter une nouvelle fois en faveur des «conservateurs», de manière encore plus déterminante. De toute façon, les Italiens ont choisi le modèle de Visegrád, ou encore, modèle hongrois. Qu’on le veuille ou non, c’est la réalité et il est facile de comprendre pourquoi.
Il est donc juste de dire que tous les regards sont tournés vers l’Allemagne. C’est le pays le plus puissant d’Europe, donc la décision de son peuple déterminera finalement l’avenir du continent.
Vont-ils choisir le modèle de Visegrád ?
Reviendront-ils à l’idée originelle de Schuman et d’Adenauer?
La grande question est de savoir ce qui est existe et qui satisfait les penseurs « progressistes » libéraux, tout en apportant des solutions aux plus grands défis de l’Europe d’aujourd’hui. La réponse : il n’y a pas d’alternative tangible et crédible à un modèle qui a rendu le continent fort et puissant, compétitif et prospère encore et encore au cours de l’Histoire. En temps de crise, l’Europe a toujours réagi en renforçant les États-nations et en élaborant un système permettant de prendre des décisions ensemble. Au début, l’UE était censée être une telle plate-forme, mais elle a dévié de son chemin. Par conséquent, quand les gens appellent à la réforme de l’UE, ils veulent vraiment revenir à l’idée originale, mais cette fois avec moins de bureaucratie et plus de leadership de la part de la meilleure institution, le Conseil européen. Imaginez une Europe avec des États-nations souverains et très forts, qui prennent des décisions collectives à travers un Conseil bien dirigé et bien organisé.
Imaginez aussi une Europe qui retrouve ses racines chrétiennes, arrête la migration de masse et se concentre sur les défis démographiques en soutenant les familles européennes. Maintenant que vous avez imaginé tout cela, jetez un coup d’œil à la Hongrie et à la Pologne, et vous remarquerez qu’au cœur du vieux continent, ceci est une réalité depuis des années.
Alors que l’Allemagne et l’Italie changent de cap et se rallient à l’idéologie de Visegrád, il reste à savoir qui seront les nouveaux partenaires économiques et commerciaux de l’Europe fraîchement (re)formée.
Encore une fois, la solution est simple. La Chine et la nouvelle Route de la Soie émergent de loin comme l’opportunité la plus attrayante pour l’Europe centrale et orientale afin de se préserver et de se maintenir. Certains pays occidentaux comme les États-Unis, la France et la Belgique critiquent l’initiative pour diverses raisons, mais leur plus grande crainte est que cette vision de Pékin menace leur emprise sur les pays d’Europe centrale et orientale, voire sur l’Italie et l’Allemagne, et font donc tout ce qu’ils peuvent pour briser ce momentum.
Mais tout comme beaucoup d’autres tentatives pour arrêter ce qui se forme naturellement, elles ne font qu’alimenter le processus. En effet, la critique et les sanctions occidentales n’ont fait que rapprocher l’Europe de l’Est et l’Asie.
Alors pourquoi est-ce bon pour la Hongrie et le V4 ?
En tant que Hongrois, on ne peut que soupirer et pleurer devant la folie de l’Occident alors qu’ils dirigent leurs nations autrefois grandes vers des eaux dangereuses.
En tant que Polonais, on ne peut que faire s’efforcer d’avertir l’Occident de réfléchir à nouveau et de prendre garde.
Mais après un certain point, les pays d’Europe centrale et ceux qui sont d’accord avec la vision de Visegrád devront se concentrer sur leur propre avenir, la sécurité de leurs économies, le bien-être de leurs habitants. En d’autres termes, imaginez-le comme un filet de sécurité, qu’ils pourraient devoir utiliser, si leurs alliés occidentaux continuent de forcer l’agenda raté qui les a déjà considérablement affaiblis.
Dans les mois et les années à venir, suivez de près comment l’Europe renaît de ses cendres et crée une alliance eurasienne forte en saisissant l’opportunité offerte par la Ceinture et la Route, plus connu sous le nom de nouvelle Route de la Soie.
Traduit de l’anglais par le Visegrád Post.
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