Est-ce l’effet de la fronde contre les 80 km/h ou du marasme général qui gagne la France ? Les radars sont de plus en plus dégradés depuis l’automne 2017. Deux viennent encore faire les frais du ras-le-bol des automobilistes près de Morlaix, l’un à Garlan (déjà brûlé en 2016, scié au pied en 2009), l’autre à Plouigneau. Tous deux ont été repeints.
La Cour de cassation vient de rendre un rapport sur le sujet : la France compte 4600 radars de diverses générations qui rapportent 824,5 millions d’euros en 2017 (+9 % sur un an), dont 438 millions d’euros affectés non à la sécurité sociale, mais au remboursement de la dette.
Le mouvement a commencé au printemps 2017 : dans le Morbihan où les radars ont flashé 135 000 fois en 2017, 29 radars ont été dégradés entre janvier et septembre (Cléguer, Hennebont, Kervignac, Merlevenez, Plouhinec, Locqueltas, la Vraie Croix) dont 11 en les deux mois d’été, contre 21 sur toute l’année 2016. Ce qui entraîne un coût de nettoyage de 1203 €. Et deux ont été brûlés (Caudan et Naizin) pour un coût de 29 601 € à chaque fois. Cela dit, les automobilistes ont économisé les amendes le temps de remettre les radars en service… Mais ceux qui les ont dégradés risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende.
Récemment d’autres radars ont été pris pour cible en Bretagne : le radar de Locqueltas a été peint en bleu (il était rouge en mai, bleu en septembre dernier), le radar de Kervignac a été cisaillé au pied, le radar de chantier de la gare de la Feuillée (29, village le plus haut de Bretagne) a été repeint. Plus tôt dans l’année, ce sont les radars du barrage de la Rance, de Pleurtuit et Châteauneuf (35) qui ont aussi été repeints. En février 2018, le radar de Kerdual (56) a été repeint pour la cinquième fois depuis mai 2017. En novembre 2017, c’était le radar de Louisfert (44) qui partait en flammes…
Le phénomène n’est pas limité au terroir des Bonnets rouges. Dans l’Ain 49 radars ont été dégradés de janvier à fin mai 2018 (dont trois lourdement) contre 70 sur toute l’année 2017, 16 en six mois en Haute-Loire contre 29 sur l’année 2017, 34 en 2017 dans le Jura, le double par rapport à 2016, 47 en Pyrénées-Atlantiques en 2017, le double aussi par rapport à 2016 (et 11 de plus de janvier à mars 2018)… Dans la nuit du 21 au 22 janvier, cinq radars ont été brûlés en Rhône-Alpes — trois en Isère (Sonnay, Reventin-Vaugris, Roussillon), un en Ardèche (Peaugres), un dernier en Drôme (Laveyron) près duquel se trouvait une inscription « 90 km/h ».
Entre janvier et mi-février, cinq radars ont été attaqués à la peinture, à coups de masse ou de fusil dans le Médoc (33). Entre fin mai et début juin, ce sont six radars qui ont été repeints dans le Jura (Foucherans, Alièze, Lavigny, entre Lons-le-Saunier et Bourg-en-Bresse sur la RN83, Gevingey, Paisia, Beaufort. Le radar de la déviation de Dole y a eu droit deux fois en mai. La Côte d’Or connaît le même phénomène [Longeault, Soirans, Volnay, Domois…]. Et même la région parisienne est concernée : le radar de Coignières [78] vient d’être brûlé début juin.
Bref, en mettant en place la limitation de vitesse à 80 km/h sur des arguments discutables, une expérience si calamiteuse que ses résultats ont été planqués pour tenter de cacher l’augmentation des accidents sur le tronçon concerné et en ignorant l’opposition majoritaire des Français à la mesure, Emmanuel Macron a tout fait pour que l’opposition s’exprime sur les radars.
En 2013 déjà, le refus du gouvernement d’enterrer l’écotaxe avait conduit à une fronde générale contre les radars. Même si les médias mainstream culpabilisent le contribuable pour tenter de limiter la casse — celui-ci paie en effet deux fois, l’amende et les impôts — les dégradations continuent et à de rares exceptions près, les coupables ne sont jamais retrouvés ou dénoncés.
Louis Moulin
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine