Des soupçons de détournements d’actifs pèsent sur la gestion de l’entreprise Tilly-Sabco, à Guerlesquin, après le « sauvetage » (en réalité reculer pour mieux sauter) de l’entreprise en 2014 par trois repreneurs, dont la CCI de Morlaix. Une enquête préliminaire pour « abus de biens sociaux » et « banqueroute » est en cours.
On ne pourra pas dire que nous n’avions pas prévenu, en décembre 2014, lorsque nous fumes le premier média à évoquer les risques qui semblaient pourtant évidents dans le rachat de la société Tilly Sabco notamment par la société MS Foods. A l’époque, y compris les responsables syndicaux de chez Tilly, Corinne Nicole en tête, avaient refusé de répondre à nos questions et de lancer l’alerte sur les origines de cette société douteuse et qui avait déjà un passif.
Tilly-Sabco. Ms foods, une société halal qui intrigue [enquête 1ère partie]
Dans la foulée de notre enquête, quelques mois après, le Télégramme, avec des moyens bien plus importants que les nôtres, y allait également de la sienne et jetait un deuxième pavé dans la marre.
Pour rappel, le 5 décembre 2014, le monde de l’agro-alimentaire breton se félicitait après que la CCI de Morlaix, le breton Olmix et MS Foods, une société anglaise se présentant comme « l’un des principaux fournisseurs de produits halal du Royaume-Uni et de la région parisienne » sauvaient in extremis le volailler morlaisien et 202 de ses 330 salariés.
En guise d’hameçon, la production à venir de poulets nourris aux algues et sans antibiotiques. Le profil suspect d’Idris Mohammed, représentant de MS Foods, et de la société basée à Luton, banlieue islamisée de Londres ? Les décideurs politiques et économiques de l’époque n’ont pas voulu en entendre parler. L’emploi et la possibilité de passer pour un sauveur avant tout. Pourtant, entre les procédures pour travail clandestin, les taxes impayées, les fournisseurs non payés dans d’autres pays, une liquidation précédente, il y’avait du grain à moudre.
Le tapis rouge avait été déroulé à l’époque, et tout Guerlesquin ne parlait que d’Idriss Mohammed le sauveur, l’homme providentiel. Tapis rouge, champagne, pause cigare, et patatras….6 mois plus tard, cessation de paiements, acté simplement fin juillet 2016. Désengagement d’Olmix. Disparition dans la nature de l’homme providentiel de Luton, qui touchait 15 000 euros par mois sur un compte au Luxembourg, et qui démissionne en 2016.
Entreprise placée en redressement judiciaire, passif très lourd. Hervé Chambonnière, pour Le Télégramme, qui n’a jamais bien entendu,, cité la première enquête de Breizh-info, explique : « En novembre 2016, l’administrateur judiciaire, désigné par le tribunal de commerce quelques mois plus tôt, alerte le parquet de Brest de possibles fautes de gestion et de faits susceptibles de caractériser des abus de biens sociaux : factures adressées à MS Foods non réglées (au moins 66 000 € repérés, alors que l’entreprise bretonne est en cessation de paiements), notes de frais d’Idris Mohamed suspectes ou contestables (13 700 € de frais pour un déplacement à Dubaï par exemple), ventes et prestations suspectes (au profit d’Halal Foodservice, propriété de MS Foods en France)… »
Le parquet de Brest a ouvert une enquête préliminaire en mai 2017 pour « abus de biens sociaux » et « banqueroute ». Conclusion attendue d’ici la fin de l’année. Pendant ce temps, l’usine a fermé ses portes, et les salariés sont au chômage.
Cela doit trembler chez ceux qui ont contribué à faire rentrer le loup dans la bergerie …
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