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Serge Dassault : Le libéralisme ou la liberté du renard dans le poulailler. [Tribune libre]

Le faux bon sens libéral montre son vrai visage : « travaillez comme des Chinois et vous aurez la croissance. » Ne vous y trompez pas : l’objectif des Dassault, Macron et autres Wauquiez n’est pas de « libérer les énergies », « favoriser l’initiative » et autres formules marketing mal réchauffées, mais de s’aligner sur le coût du travail des salariés-esclaves du Tiers-Monde pour accumuler toujours plus de profit. On appelle ça « la croissance ».

La Révolution industrielle a encaserné les fils de paysans et d’artisans, à la vie autrefois relativement austère mais digne et autonome, dans des usines qui n’étaient rien d’autre que des goulags privés. La mondialisation étend cette révolution au monde entier en nous mettant en concurrence – déloyale par nature – avec des peuples de fourmis habituées à courber l’échine depuis toujours, ce qui pousse les Européens à faire toujours plus de sacrifices pour s’aligner sur le rythme d’enfer de ces nouveaux forçats. C’est une pente glissante sur laquelle le capitalisme nous entraîne inexorablement : la société industrielle, c’est la mort. Aucun pays n’en réchappe : l’Espagne, pourtant épargnée par le protestantisme, les guerres mondiales et mai 68, est touchée comme les autres par le cancer du capitalisme libéral (pléonasme).

Le véritable ennemi, ce n’est pas le zadiste qui a autant d’influence sur ce pays qu’un manutentionnaire pékinois sur ses conditions de travail, mais la marchandisation du monde engagée mécaniquement par l’économie de marché qui a transformé notre univers en véritable société de marché. Le no border n’est qu’un idiot utile de l’hydre de Lerne libérale, il n’est qu’un intermittent du Spectacle permanent qu’est devenue la vie politique en Occident. Un Attali, un Steve Jobs et un Zuckerberg sont plus nocifs que tous les Taubira, Vallaud-Belkacem et autres Hidalgo réunis. L’ennemi, c’est le libéralisme : la liberté du renard dans le poulailler. On veut y répondre par l’étatisme alors que ce dernier n’est que la caution permettant au premier sa fuite en avant, le pansement de l’Etat-providence sur la jambe de bois du saccage social. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les libéraux les plus décomplexés sont également partisans d’un revenu universel pour tous.

La soumission de tout notre cadre de vie aux lois de plomb du marché est l’origine de tous nos problèmes. Commercer, jouir, licencier, avorter sans entraves : voilà l’unité du libéralisme. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une économie dirigée par les producteurs, les vrais, de haut en bas ; et non par les actionnaires et financiers parasites qui soutiennent le système à flot en ponctuant son existence d’ « ajustements stratégiques » qui causent autant de drames ici ou là en fermant des sites qui font vivre des régions entières.

Le libéralisme est né en France de la Loi le Chapelier qui, ça ne s’invente pas, a interdit tout à la fois les corporations (outils de régulation de l’économie par le bas) et le droit de grève. Nous devons rebâtir une économie fondée sur le principe de communauté concrètement vécu dans ces vieilles corporations, une troisième voie corporatiste anti-libérale et anti-étatiste. Ce qui n’est viable qu’à condition de relocaliser la vie et le travail des gens, de « démondialiser le monde ». Cela peut être choisi, mais la zombification par la consumérisme est telle qu’il n’y a pas de sursaut populaire à attendre, les masses ne dirigeant jamais l’existence d’une nation, ou bien subi, par la crise d’un système contre-nature condamné à s’effondrer. C’est, peut-être, notre seule chance. Mais ce n’est pas une excuse pour regarder le train dérailler : nous devons recréer du lien social ici et maintenant et reconquérir l’autonomie dans tous les domaines de l’existence (alimentation, médication, logement, etc.)

C’est la plus grande peur des cyclopes modernes que sont l’Etat centralisé et le marché : que nous cessions de leur être tributaires. Que les catholiques choqués par un tel discours repensent à leurs héros vendéens ou, plus récemment, à un Monseigneur Cazaux, évêque de Luçon, qui n’hésitait pas à entraîner son diocèse dans une grève de l’impôt qui mit à genoux la République assassine. Grève de l’aliénation, grève de la consommation, grève de la connerie : vive la grève, vivent les communautés solidaires et rebelles !

Julien Langella

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