Un jeu de grattage au service de fort Cigogne, au large du Finistère ? Faire financer des monuments historiques par des jeux de hasard : c’est l’intention du gouvernement. La Française des Jeux (FDJ) va lancer en septembre prochain un jeu de grattage dont les bénéfices seront affectés au patrimoine.
L’idée n’est pas si nouvelle : elle faisait partie du programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Et elle est directement empruntée à ce que font les britanniques depuis longtemps. Elle n’est pas si colossale non plus : les budgets dégagés devraient se situer entre 10 et 20 millions d’euros. Une goutte d’eau par rapport aux besoins.
Les actions seront donc très limitées : le président de la République devrait officialiser jeudi une liste de dix-huit monuments bénéficiaires de cette modeste manne. Une goutte d’eau par rapport aux milliers de monuments menacés de ruine. Mais une opération médiatique bien montée, avec le concours du journaliste Stéphane Bern, chargé par Emmanuel Macron d’une mission pour la sauvegarde du patrimoine en péril.
Parmi ces dix-huit monuments, un seul concerne la Bretagne : le fort Cigogne, qui se dresse sur l’une des îles des Glénan. Ce choix surprend. D’abord, situé à une quinzaine de kilomètres au large des côtes du Finistère, fort Cigogne n’est visible que de peu de gens et répond mal au souci médiatique du gouvernement.
Un choix surprenant
Il n’a jamais été considéré comme un exemple remarquable d’architecture militaire. Construit entre 1755 et 1815, jamais totalement achevé et rarement occupé, il n’a été classé monument historique qu’en 2013. Son rôle historique est négligeable : poste mineur de la défense des côtes atlantiques, il n’a même pas pu empêcher l’installation des Anglais sur l’îlot voisin de Penfret en 1793. Sans avoir jamais été le cadre d’aucune bataille, il a été abandonné par l’Armée en 1899 (…et adopté par la Wehrmacht entre 1940 et 1945 !).
Il appartient aujourd’hui au Conservatoire du littoral. Le centre de formation nautique Les Glénans y a installé une de ses bases en 1996. Le principe d’une rénovation a été arrêté avant même qu’un financement par la FDJ ne soit acquis, ainsi que Le Télégramme l’avait rapporté à l’époque, et les travaux sont déjà en cours. Le projet comprend entre autre l’installation de sanitaires. Il semble donc destiné plutôt à l’exploitation du site par l’école de voile qu’à la préservation d’un patrimoine collectif.
Stéphane Bern avait publié il y a plusieurs semaines une longue liste de monuments en péril susceptibles d’être financés par les jeux de hasard. Dont une quinzaine en Bretagne. Outre le fort Cigogne, on y trouvait :
- la conserverie Le Gall de Loctudy,
- le fort Cézon à Landeda,
- le colombier du château de Kermenguy à Cléder,
- la manufacture des tabacs de Morlaix,
- le château de Trevarez,
- le monastère des Sœurs-du-Christ à Tréguier,
- la chapelle Sainte-Suzanne à Gerlédan,
- le viaduc de Caroual à Erquy,
- le château de la Roche-Montbourcher à Cuguen,
- l’église Saint-Léon de La Baussaine,
- le moulin du Boël à Bruz,
- les forges de Paimpont,
- le dolmen des Tablettes à Cournon
- le château de La Berrière à Barbechat.
Les budgets nécessaires aux réparations sont très disparates. Le fort Cigogne était le deuxième projet le plus coûteux (derrière Trevarez). Ce choix mériterait donc d’être expliqué plus en détail.
E.F.
Crédit photo : Photo (recadrée) Jean-Jacques Abalain, « Suivez-moi aux Glénan », Flickr, licence cc by 2.0
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