En Bretagne, les médecins et infirmiers tirent la sonnette d’alarme concernant la qualité des soins, qu’ils jugent comme moyenne, et qui tend à baisser. C’est ce que révèle une étude exclusive 360 medics / Egora qui confirme ce que nous disions déjà vendredi sur une forme de tiers mondisation du système de santé en France.
Quels facteurs impactent si négativement la qualité des soins ? Est-ce que les professionnels sont toujours aussi engagés ? Éléments de réponse par les acteurs du terrain.
Une qualité des soins jugée comme moyenne en Bretagne
La moyenne à peine, voire pas ! 6,15/10 et 4,96/10, telles sont les notes que délivrent, respectivement, les médecins et infirmiers en exercice en Bretagne à la qualité générale des soins. C’est moins qu’au niveau national où les scores atteints sont de 6,31/10 et 5,11/10.
Une forte dégradation de la qualité de soins
Pour 92 % des répondants, la qualité des soins s’est d’ailleurs dégradée au cours des cinq dernières années (ils ne sont que 3 % à considérer qu’elle s’est améliorée). Un résultat plus sévère qu’à l’échelle des répondants nationaux, qui sont 88 % à remarquer une dégradation continue. En Bretagne, ce sont donc 9 médecins sur 10 et 94 % des infirmiers qui déplorent une détérioration.
Ce constat particulièrement sans appel est partagé notamment en Occitanie, Pays de la Loire et Centre Val de Loire.
Selon les répondants, la détérioration continue de la qualité des soins ces dernières années s’explique particulièrement par la surcharge de travail et/ou le manque de personnel auquel est confronté le monde médical. Et ce constat est commun à l’ensemble des médecins et infirmiers partout en France, quel que soit le mode d’exercice (en ville, à l’hôpital…), mais est encore plus marqué pour ceux exerçant à l’hôpital.
À l’échelle individuelle, cette constatation se retrouve, en Bretagne comme ailleurs : ce sont les conditions matérielles de travail que les médecins et infirmiers de la région considèrent comme étant les plus responsables de la dégradation de la qualité des soins.
Malgré tout, un fort engagement personnel
En effet, parallèlement et inversement à la dégradation de la qualité des soins, 81 % des médecins infirmiers relatent un engagement personnel accru de leur part. C’est plus qu’au niveau national (77 %). Ils ne sont que 7 % à montrer une motivation moindre. Ainsi, en Bretagne, la dégradation de la qualité des soins engendre davantage d’investissement personnel de la part des médecins et infirmiers.
Dans ce cadre, les soignants bretons apportent une attention particulière à la qualité de la transmission d’informations patients (69 % engagés) et à la gestion des connaissances médicales (engagés à 62 %). Les projets d’amélioration des conditions d’exercice génèrent l’engagement de 61 % des médecins et infirmiers, dont 43 % qui s’estiment très engagés dans ce domaine.
La maîtrise de la réalisation des soins (staff pluridisciplinaire, déclaration d’événements indésirables, CREX, RMM etc.) suscite l’engagement de 48 % des répondants. Enfin, la formation diplômante en cours de carrière semble plus importante en Bretagne qu’à l’échelle nationale car 73 % se déclarent engagés dans ce domaine, contre 56 % au global.
Pour améliorer les soins au quotidien, 7 infirmiers et médecins français sur 10 s’équipent d’outils spécifiques. En Bretagne comme ailleurs, les bases de données médicamenteuses et les messageries sécurisées de santé comptent parmi les outils les plus plébiscités. De même, la majorité des professionnels de santé se tiennent informés de l’actualité médicale spécialisée de manière au moins hebdomadaire. C’est le cas de plus de 7 médecins sur 10 (8/10 à l’échelle nationale).
Ainsi, aux yeux des médecins et des infirmiers, la qualité des soins, moyenne, diminue en France et en Bretagne. À l’échelle globale comme individuelle, le facteur négatif le plus impactant est de nature systémique. Les soignants semblent chercher à compenser les défaillances du système de soin et s’engagent toujours plus dans la qualité du soin.
Une enquête exclusive auto-administrée auprès de deux communautés médicales
Les résultats de l’enquête nationale ont été obtenus auprès de 3 898 professionnels de santé participants. 2 697 professionnels de santé exerçant en France ont intégralement complété le sondage. 951 médecins ou futurs médecins et 1 217 infirmiers ou futurs infirmiers ont été conservés pour l’analyse, soit 2 210 répondants dont 1 766 professionnels en exercice. En Bretagne, ce sont 89 soignants qui se sont prêtés à l’exercice (39 médecins et 50 infirmiers).
Sondage auto-administré sur Internet du 12 au 30 avril 2018. Les résultats ont été redressés selon la représentativité de chaque type d’exercice (libéral, hospitalier, mixte, salarié hors hôpital…) et selon les métiers (médecin, infirmier).
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine