Nous vous proposons une nouvelle chronique, après celles consacrées au cinéma chaque mercredi, et aux concerts en Bretagne le lundi : voici la sélection littéraire de la semaine, le samedi, pour bien débuter le week-end par quelques conseils, trouvailles et nouveautés que nous avons sélectionnées et lus pour vous, et que nous vous conseillons.
On commence cette semaine avec La Police des lumières, Blanche de Castille, le Journal Intime de Nicolas II, Tant que se dresseront les Pierres, et Puy du Fou, un rêve d’enfance.
La Police des Lumières, de Nicolas Vidoni
Les forces de police entretiennent une histoire d’amour et de haine avec les populations qu’elles doivent servir et encadrer. Portées aux nues lorsqu’elles protègent, elles sont en partie rejetées lorsqu’elles contraignent. Cette dualité ne date pas d’hier ; pour mieux la comprendre, Nicolas Vidoni propose un essai sur la naissance et le développement des » politiques policières » pratiquées par les agents de la lieutenance de police de Paris entre 1667 et 1789.
Forte de sa » capacité à agir » dans et sur l’espace urbain, la lieutenance a en effet réussi à s’imposer comme un des acteurs majeurs dans la ville d’Ancien Régime. Comprendre la police exercée par cette dernière revient donc à envisager une expérience forgée au contact de la ville capitale et sa population et qui remodèle finalement l’Etat royal. Cette histoire est enfin d’une grande modernité, puisque si les termes ont changé, la question du rapport entre police et population dans la cité reste d’une brûlante actualité. Mais au-delà de cette dimension politique – entendue au sens large – de la lieutenance, c’est bien son action pratique, donc le cœur de son activité, qui est le sujet de ce livre.
Nicolas Vidoni est maître de conférences en histoire moderne à l’université Paul Valéry-Montpellier 3. Il est membre du Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (EA 4424). Ses travaux portent sur l’histoire des polices et l’histoire politique urbaine.
Aux éditions Perrin, 24€
Blanche de Castille, de Georges Minois
« Blanche de Castille, mère de Saint Louis » : telle est l’image très réductrice que la mémoire collective a retenue de cette reine du xiiie siècle, dont la célébrité ne tiendrait qu’à celle de son fils. C’est oublier qu’elle a été une femme de pouvoir au destin exceptionnel, à l’instar de sa grand-mère, Aliénor d’Aquitaine.
Née en 1188, fille du roi Alphonse VIII de Castille et d’Aliénor d’Angleterre, mariée à douze ans au prince capétien Louis, elle fait son éducation politique à la cour de son redoutable beau-père, Philippe Auguste. Devenue reine en 1223, mère de douze enfants, veuve à trente-huit ans au décès de son époux Louis VIII, elle devient régente du royaume au nom de son jeune fils, Louis IX. Confrontée aux révoltes des barons, qui acceptent mal d’être gouvernés par une femme, par une étrangère, » l’Espagnole « , comme on la désigne alors, fait preuve de qualités politiques inattendues, subtil mélange d’autorité et de souplesse, qui lui valent l’admiration des chroniqueurs. Éducatrice puis inspiratrice de la politique de Saint Louis, qui lui confie la direction du royaume pendant la septième croisade, elle conserve une place particulière jusqu’à sa mort en 1252, avant de figurer au panthéon des femmes de pouvoir du roman national.
Georges Minois a publié de nombreux livres réputés chez Perrin, notamment Charlemagne , Philippe le Bel , Charles le Téméraire et une Histoire du Moyen Age .
Aux éditions Perrin 18€
Georges Minois évoque son « Richard Coeur de Lion » [interview]
Journal Intime de Nicolas II, présenté par Jean-Christophe Buisson
C’est un document exceptionnel. Unique. Et presque inédit : depuis sa parution il y a plus de quatre-vingts ans, il n’a jamais été réédité en France. Durant plus de cinq cents jours, entre l’assassinat à Petrograd, en décembre 1916, de son prophète de malheur, Grigori Raspoutine, et la semaine précédant sa propre exécution, en juillet 1918, dans le sous-sol d’une maison d’Ekaterinbourg, en Sibérie occidentale, le tsar Nicolas II a tenu un journal presque quotidien. On y lit non seulement le témoignage anxieux d’un autocrate assistant, impuissant, à l’écroulement d’un empire séculaire dont il était le maître et le garant, mais aussi le récit froid, clinique […], des derniers jours d’un père, d’un mari, d’un homme. Un homme blessé. Prisonnier. Humilié. Menacé. Condamné. Et bientôt assassiné.
Nicolas II est le dernier empereur de Russie, également roi de Pologne et grand-prince de Finlande. Il sera mis à mort avec sa famille par des bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.
Pour enrichir et mettre en valeur ce texte oublié, Jean-Christophe Buisson ne s’est pas contenté de le doter d’un appareil critique d’envergure. Il l’encadre par une préface inédite et une postface constituée d’une version revue du percutant chapitre qu’il a consacré à l’exécution du tsar dans son ouvrage Assassinés publié chez Perrin.
Jean-Christophe Buisson est directeur adjoint du Figaro Magazine et présentateur de » Historiquement show » sur la chaîne Histoire. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages chez Perrin, dont Mihailovic, Assassinés et 1917, l’année qui a changé le monde. Il a également codirigé Les grands duels qui ont fait la France (avec Alexis Brézet) et Les Derniers Jours des reines (avec Jean Sévillia).
Aux éditions Perrin, 18€
Tant que se dresseront les pierres, Marina Dédéyan
En 1942, dans une France sidérée par sa défaite et plus que jamais divisée, des voix s’élèvent.
Et si la Bretagne devenait indépendante ? Le rêve d’une poignée d’exaltés ?
Marina Dédéyan se passionne pour l’identité bretonne dans un boulersant roman familial.
En 1942, dans une France sidérée par sa défaite et plus que jamais divisée, des voix s’élèvent.
Et si la Bretagne devenait indépendante ? Le rêve d’une poignée d’exaltés ? Terre de la résistance la plus farouche à l’Allemagne nazie, victime la plus meurtrie des bombardements alliés, pétrie de tradition catholique comme de paganisme celtique, gardant la mémoire de la chouannerie et foyer ardent du communisme, mais avant tout éprise de liberté, la Bretagne gronde.
Trois frères, trois chemins différents qui les conduiront au bout de leur engagement. Témoins de leur confrontation, de leurs déchirements, un père privé de parole et la jeune émigrée russe venue prendre soin de lui. Au bout du voyage, c’est le destin d’une famille mais aussi d’une région qui se joue.
Marina Dédéyan est née à Saint-Malo. Bretonne de naissance et de coeur, elle est l’auteur de nombreux ouvrages dont Les Vikings de Novgorod et la saga De tempête et d’espoir. Tant que se dresseront les pierres est un hymne à la Bretagne, posant la question brûlante de l’identité d’un peuple. Au-delà de la fresque familiale, ce roman invite à revisiter l’histoire pour s’interroger sur le présent.
Editions Plon, 21,9€
Puy du fou, un rêve d’enfance, par Philippe de Villiers
Sur une petite colline abandonnée des hommes, enfouie dans l’oubli, un jeune homme dépose son rêve d’enfance.
Très vite, il se heurte à des difficultés qui paraissent insurmontables. Toutes les conditions sont réunies pour l’échec.
Le 16 juin 1978, la colline va s’embraser. La Cinéscénie du Puy du Fou est née. Puis le Grand Parc de l’Histoire de France, la Cité Nocturne, etc…
Le Puy du Fou va devenir un fleuron français, un haut-lieu de la mémoire vivante.
Au fil d’un récit haletant, Philippe de Villiers révèle comment les obstacles furent avalés. Il raconte la genèse d’un succès foudroyant qui a porté, en quelques décennies, le Puy du Fou sur le toit du monde.
Aujourd’hui, depuis Los Angeles, les oscars et récompenses pleuvent. De nombreux pays, de l’Espagne à la Chine, sollicitent le Puy du Fou pour mettre en valeur leur culture, leurs racines. « Chacun veut son Puy du Fou ».
C’est toute cette histoire improbable que raconte Philippe de Villiers. Et il s’interroge en conclusion : « Pourquoi donc le Puy du Fou connait-il une telle longévité ? Pour trois raisons : l’Idée ne s’est pas affadie, le feu créatif ne s’est pas éteint et nous avons gardé nos ferveurs ».
Le Puy du Fou est une oeuvre humaine, fragile, qui n’est pas tout à fait dans la main des hommes.
Aux éditions du Rocher, 17,9€