Il est habituel de faire démarrer les occupations d’usine de Mai 1968 chez Sud Aviation (ancêtre d’Airbus) à Bouguenais, dans la banlieue de Nantes. C’était le 14 mai 1968. A la manœuvre, quatre militants FO (Yvon Rocton, Jean-Louis Chevalier, Yvon Bousseau, Georges Boutin) qui parviennent à déborder la CGT. « On a soudé le portail d’entrée et à l&a suite de ça, il y a eu le blocage du patron dans son bureau ! Nous avons été les premiers à occuper une usine en France en mai 1968. » Le directeur, Paul Duvochel est resté enfermé à Bouguenais jusqu’au 29 mai. « Il s’adaptait. Sa famille lui apportait des paniers repas. Les cadres se sont mis avec lui. Une garde d’honneur se relayait pour surveiller la porte. On dormait à l’usine sur des matelas. On était ravitaillé par les paysans. Le patron, lui ne s’est jamais plaint, sauf des chants de ses surveillants qui l’empêchaient de dormir ! » (Presse Océan, jeudi 3 mai 2018).
Mais certains prétendent que la première étincelle est apparue le 26 janvier 1968 à Fougères : 6 à 7000 personnes défilent dans les rues du centre-ville. Rien ne va dans le pays de Fougères à cause de la fermeture des usines qui se succèdent depuis une dizaine d’années ; c’est la crise de la chaussure. Trois nouvelles usines ont baissé le rideau. Plus de 900 emplois ont disparu l’année précédente. Le 10 mai, Jacques Chirac, secrétaire d’État chargé de l’emploi et des affaires sociales, débarque à Fougères. Dans sa besace, une usine Sagem qui ouvrira en 1969 et comptera jusqu’à 1500 emplois au pic de sa forme (Ouest-France, jeudi 10 mai 2018).
C’était la belle époque du gaullisme industriel. Volonté politique et interventionnisme de l’État permettaient des opérations de sauvetage. Ce qui n’est plus possible aujourd’hui avec la mondialisation et le culte de la concurrence. Sauver des emplois n’est plus la préoccupation particulière du gouvernement.
B. Morvan
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