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Loup. José Bové est-il un hybride de l’écologie ?  [Tribune libre]

L’interview de José Bové dans nos colonnes – au sujet du loup et du processus qu’il a entrepris au Parlement européen afin de trouver une solution européenne à l’enjeu de la préservation de l’élevage ovin et caprin menacé par le développement du loup, a suscité la réponse de Jean-Luc Valérie, naturaliste et responsable de l’Observatoire du loup, qui nous envoie une tribune libre.

José Bové : « le loup est une espèce invasive » [Interview]

« José Bové est-il un hybride de l’écologie ? »

José Bové chercherait des solutions ! Peut-on y croire ?

Le 15 mai dernier, l’élu européen se présentait au parlement pour « trouver une stratégie européenne concernant le loup avec des parlementaires de divers pays »

Curieusement accompagnés par les bonimenteurs du pastoralisme, pour lesquels le loup, entièrement réintroduit, voleur d’enfants et 100% hybrides ne saurait survivre à la recommandation 173, José Bové nous explique que « le loup se développe » c’est vous dire si le député est au fait de l’actualité lupine !

José Bové, qui nous explique déjà dans le Dauphiné du 4 janvier 2014 qu’il faut éliminer le loup, confirme dès cette date qu’il faut engager des discussions avec la commission européenne. Pourtant la fin de non recevoir émise le 15 mai 2018, 4 ans plus tard,par le commissaire directeur à l’Environnement Humberto Delgado Rosa, est très claire ! C’est « Niet » monsieur Bové. Soit un refus catégorique de l’Europe ;

Il faut constater que le traitement des dossiers semble être le même sur d’autres sujets. José Bové, qui a collaboré à la création de la Confédération paysanne dont l’objectif était de changer l’agriculture en s’opposant à l’industrie agro-alimentaire moderne et aux industriels qui fournissent les agriculteurs, n’a guère était plus probant ou efficace .

Mais revenons à nos moutons.

Le député nous explique que le loup pose de plus en plus de problèmes, que les moyens de protection marchent mal, que le loup contourne les pratiques de protection ! Mais lesquelles ?

Le filet à mouton de 90 cm, électrifié ou pas, le chien de protection inexistant sur les Causses, l’aide berger absent et non pris en charge sur les zones classées en cercle 2 en Lozère et ailleurs. Cercle 2 signifiant globalement : démerdes-toi avec le loup et ton unique chien de protection de 5/6 mois, sans aucun appui technique, sans subvention aux clôtures lourdes, sans même savoir si Canis lupus lupus est encore présent ou non ! Alors que tous les syndicats chantent en cœur l’hymne habituel : «  le loup n’est pas compatible avec le pastoralisme ». Hymne repris par ailleurs par ce cher José sous la forme suivante sur France 3 Occitanie le 24 août 2017 : « avec le loup, l’élevage devient impossible ».

Mais ce n’est pas tout, le chien pose des problèmes avec les randonneurs. Toutefois, il faut relever que la filière chien de protection qui aurait dû être mise en place depuis des lustres, n’existe toujours pas ! Que fournir de très jeunes chiens « prêts à être éduquer » ne suffit pas, le chien de protection doit être fourni à l’âge adulte, il doit être formé et validé ! Et intégrer au contexte de l’éleveur qui en fait l’acquisition. N’est-ce-pas José ?

En parlant d’éducation, il semble également que le touriste, en zone de montagne, doit faire l’objet de toutes les attentions. Il suffit de passer quelques semaines en estives pour comprendre que le touriste citadin ou non, ne respecte guère le travail du troupeau, du ou des chiens et celui du berger, en particulier.

Doit-on inviter le député à passer quelques semaines, en zone d’estive, avec 40 litres d’eau par jour, pour deux, 6 heures de marche, de sentiers et de chemins d’alpage chaotiques et de routes improbables, aller et retour, pour trouver des produits frais, une bouteille de gaz ou quelques batteries indispensables à l’éclairage ? Et avec tous ces touristes insolents et épris de liberté dont certains se présentent à la cabane du berger, face au chien, sans même s’annoncer.

J’oubliais, les nuits sont courtes en estive, quand les souris courent sous le toit la moitié de la nuit, que le loup trotte après les brebis, parfois, et que le chamois court les roches en alertant le Patou qui aboie en fin de nuitée. Qui a entendu parler de ces sujets du quotidien au parlement européen ? Personne, bien-sûr.

Reste le problème du loup hybride qui ne craindrait plus l’homme ! C’est presque hilarant de bêtise et d’incompétence. Dans les faits l’hybridation du loup en France est un épiphénomène. Le dernier souci des éleveurs et bergers de France, il est sûr ! Sur près de 200 cadavres de loups ramassés par les services de l’Oncfs, pas un ne portait les stigmates de l’hybridation. Curieusement me direz-vous. Et bien non, encore une fois José Bové ne sait pas de quoi il parle, je cite : « S’il est bien spécifié dans la convention de Berne qu’ils ne sont pas protégés, encore faut-il les identifier. »

Le fait est que la définition de l’hybride est la suivante :

«Qui provient du croisement naturel ou artificiel de deux individus d’espèces, de races, sous-espèces ou de variétés différentes. »

Que la recommandation 173 explique je cite : « de veiller à ce que l’élimination des hybrides de chiens et de loups soient réalisés sous le contrôle du gouvernement »

Le député partisan s’est fait largement « endormir » par les bonimenteurs du pastoralisme. Un loup qui se reproduit avec un loup, ces derniers fussent-ils de deux sous espèces différentes ne sera jamais un chien, monsieur Bové ! Toutes les analyses de Forgen qui nous expliquent que certains individus italiens ont été croisés avec le loup balte ne font que conforter les faits. Le loup croisé de chien en France n’existe pas, il est l’exception. Celle qui confirme les règles naturelles que vous semblez avoir oubliées. Pourtant madame votre mère était professeur d’histoires naturelles, si je ne m’abuse. Auriez-vous fait l’école buissonnière ?

Mais ce n’est pas tout Monsieur Bové, la dernière étude (Widespread, long- term admixture between grey wolves and domestic dogs across Eurasia and its implications for the conservation status of hybrids) publiée dès juillet 2017, sur le sujet de l’hybridation fait les constats suivants :

L’hybridation a eu lieu dans différentes parties de l’Eurasie à plusieurs échelles de temps et ce phénomène n’est pas obligatoirement récent. Cette étude atteste que les populations de loups ont su maintenir une différenciation génétique forte, de celles des chiens, suggérant que l’hybridation à basse fréquence ne diminue pas les caractères distinctifs des groupes génétiques de loups. La variabilité des milieux étant par ailleurs totalement en rapport avec la variabilité génétique des espèces. C’est même un impératif à l’adaptation du loup, de l’espèce tout comme pour de nombreux autres êtres du vivant.

Dans un groupe de loups qui connaîtrait un événement d’hybridation, il est probable que les loups hybridés de chiens seraient moins enclins à disperser, sauf pression de chasse forte sur le groupe en question !

Expliquer qu’il faut détruire systématiquement les hybrides de loup-chiens comme le prévoit la recommandation 173 européenne est donc une hérésie scientifique en 2018. En effet, les phénomènes de rétrocroisements, en France, ne sont pas étudiés et sont par nature, compte tenu des connaissances scientifiques à ce jour, très difficiles, voire impossibles à déterminer.

Quand allez-vous comprendre Monsieur Bové qu’il faut dénoncer cette recommandation 173 inepte jusqu’à plus amples informés ? Car elle dessert les éleveurs, à l’évidence. Tout comme le citoyen.

D’autres parts, toutes pressions de chasse sur des individus intégrés aux meutes existantes suggèrent invariablement que le phénomène pourrait être amplifié, alors que l’anthropisation des milieux naturels investis par le loup est certainement le premier facteur déterminant de reproductions entre chiens et loups, en particulier.

Que pourriez-vous proposer ou rappeler à la commission européenne, José Bové ?

Que les sujets hybridés loup-chiens doivent être repérés et suivis afin d’éviter les tirs contre-productifs ! Les sujets qui engagent un rétrocroisement devraient être suivis également. La pose de collier GPS sur les individus détectés est donc une prérogative indispensable à l’étude et aux suivis des individus, avant tous tirs de destruction.

Pour conclure sur la dernière ineptie énoncée, je cite : « Le loup est une espèce invasive dans la mesure où il met en péril des espèces naturelles. »

En premier lieu, les espèces invasives sont très généralement importées, or le retour naturel du loup sur le territoire national est une évidence. C’est même un fait scientifique totalement indiscutable. Vous semblez l’ignorer Monsieur Bové ?

Doit-on penser que le député est une espèce invasive dans la mesure où il met en péril les vérités naturelles ? Le personnage serait-il un hybride de l’écologie, le mélange du paysan frondeur, de l’écologiste aveugle et du politique racoleur ?

Le loup empêcherait de sortir les brebis, ce qui serait un paradoxe. Doit-on se demander si José Bové profite encore des campagnes françaises aux beaux jours ou si l’aveuglement stérile dont il fait preuve est en rapport avec sa position éligible de député européen ? Alors que sa cote de popularité officieuse dont la tendance à la baisse confirme les derniers sondages. Moins de 25% et bien peu pour avoir des ambitions politiques à l’avenir.

Jean-Luc Valérie

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

Crédit photo : DR
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