Istoerioù Breizh (Histoire de la Bretagne) vient de publier une nouvelle vidéo avec l’histoire de Bertrand Du Guesclin.
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Voici ce qu’on peut lire sur le site Info Bretagne à propos du Dogue noir de Brocéliande :
Bertrand Du Guesclin, né au château de la Motte-Broons, eut une enfance orageuse, qui ne faisait point deviner ce qu’il serait plus tard. Querelleur et brutal, il battait ses frères et ses soeurs dont il était l’aîné, il rossait les petits paysans du voisinage et les organisait en bandes avec lesquelles il faisait un simulacre de guerre. Il était d’ailleurs très laid de figure ; aussi ses parents ne l’aimaient pas. Ayant été mis un jour au cachot, il s’échappa, courut jusqu’à Rennes où il avait un oncle qui l’accueillit et consentit à se charger de lui pour quelque temps.
Il était retourné dans sa famille quand eurent lieu les fêtes du mariage de Charles de Blois avec l’héritière de Bretagne, Jeanne de Penthièvre. Quoique âgé de dix-sept ans seulement, il se présente, à l’insu do son père, au tournoi qui avait été organisé à cette occasion, bat successivement plusieurs tenants, mais, au grand étonnement do tout le monde, baisse respectueusement la lance quand son père se présente pour le combattre. L’étonnement redouble quand on le voit continuer à jeter bas tous ceux qui lui offraient le combat. Quand le jeune vainqueur, dont tout le monde brûlait de savoir le nom, eut enfin relevé sa visière, son père courut l’embrasser. La réconciliation était faite.
La guerre de la succession de Bretagne fournit à Du Guesclin l’occasion de se signaler par des combats plus sérieux. Le duc Jean III étant mort sans enfants, son héritage fut réclamé par son frère, Jean de Montfort, et par sa nièce, Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois. C’est au parti de ce dernier, qui était le parti français, que s’attacha Du Guesclin. Il se fit remarquer dès ses débuts, non seulement par sa grande bravoure, mais encore par son habileté et ses ruses. C’est en tendant un piège aux ennemis qu’il délivre Rennes, assiégée par le duc de Lancastre, général anglais ; c’est par ruse qu’il s’empare du château-fort de Fougeray, où il s’introduit avec quelques soldats déguisés en bûcherons. Pendant une trêve, il s’engagea au service de la France, prit pour le compte du Dauphin, sur le roi de Navarre, Melun, Mantes, Meulan, battit et fit prisonnier le principal chef des Anglo-Navarrais, le captal de Buch, à la bataille de Cocherel (1364). Pour faire sortir celui-ci de la forte position qu’il occupait sur une éminence, Bertrand avait simulé un mouvement de retraite précipité. Les ennemis donnèrent dans le piège et descendirent en désordre dans la plaine où ils furent écrasés. Il allait continuer la conquête de la Normandie quand il fut rappelé en Bretagne par Charles de Blois qui était sur le point d’en venir à une action décisive avec son rival. Une gronde bataille se livra à Auray. Du Guesclin, dont les avis n’avaient pas été suivis, fût fait prisonnier et Charles de Blois tué.
Rendu à la liberté, Du Guesclin retourna à la cour de Charles V qui le chargea de délivrer la France des Grandes Compagnies, bandes de soldats de toutes les guerres, de toutes les armes, de toutes les nationalités, qui, la paix faite, pillaient le pays, le centre surtout, au lieu de rentrer chez eux. L’entrevue de Du Guesclin avec eux fut caractéristique. Bien accueilli à cause de sa grande renommée, il leur parla sérieusement de la nécessité de s’amender et leur proposa une croisade contre les Sarrasins d’Espagne chez lesquels il y avait à espérer butin et rémission des pêchés. Ils le suivirent au nombre d’environ 30.000. Chemin faisant, ils pillèrent les domaines du pape d’Avignon qui ne se débarrassa d’eux qu’au prix de cent mille livres et d’une bulle d’absolution. En Espagne, ils prirent parti pour Henri de Transtamare qui disputait le trône de Castille à son frère Pierre le Cruel. Aidé par les Anglais, celui-ci gagna la bataille de Navarette, livrée malgré les conseils de Du Guesclin, qui fut encore fait prisonnier et emmené à Bordeaux par le Prince Noir, heureux et fier d’avoir un pareil captif. Cependant, piqué par certaines railleries, le prince anglais consentit à mettre à rançon le héros breton, qui en fixa lui-même le prix à cent mille livres. « Bon Dieu, dit le Prince Noir, où trouverez-vous tant d’argent ? — Dans la bourse de mes amis, répond Du Guesclin, et, s’il était besoin, toutes les femmes de Bretagne fileraient nuit et jour pour me procurer cette somme ». Du Guesclin a tant d’amis en effet qu’il réunit facilement le prix convenu ; mais, en faisant route pour Bordeaux, il rencontre un si grand nombre de chevaliers ruinés par des rançons exorbitantes et il est si généreux qu’il arrive devant le Prince Noir les mains vides. Sa captivité ne se prolongea pas longtemps cependant : quelques jours après, un chevalier arrive à la cour de Bordeaux la visière baissée et compte silencieusement cent mille livres à Edouard. Le messager, on le devine, venait de la part de Charles V.
Le roi de France n’eut pas lieu de regretter le sacrifice qu’il avait fait pour Du Guesclin, Libre, celui-ci se hâta de retourner en Espagne, gagna la bataille de Montiel qui valut à Henri de Transtamare la couronne de Castille et à la France un allié pour sa guerre contre les Anglais.
Les hostilités ne tardèrent pas en effet à recommencer entre la France et l’Angleterre. Du Guesclin, que le roi venait de créer connétable, prit aux Anglais un grand nombre de villes en Aquitaine, les battit dans le Maine à Pont-Vallain, les chassa de l’Auvergne, du Poitou et d’une partie de la Gascogne.
Il faisait le siège de Châteauneuf-de-Rondon (Lozère) lorsqu’il mourut précisément le jour où le gouverneur anglais devait, suivant sa promesse, rendre les clefs de la place. Il les rendit en effet et voulut les déposer sur le cercueil du connétable. Charles V fit porter ses restes à Saint-Denis, dans le caveau des rois de France. Ce vaillant homme de guerre fut pleuré de ses soldats et même des Anglais, qui l’aimaient pour sa droiture et sa loyauté. La gloire d’avoir emporté les regrets de deux nations ennemies n’appartient qu’à un petit nombre de héros : Du Guesclin, Turenne, Marceau, La Tour d’Auvergne.
Sa bravoure et son génie étaient bien supérieures à son instruction, et il maniait incontestablement l’épée mieux que la plume ainsi qu’on peut juger par sa signature apposée sur une quittance datée de Pontorson le 15 Novembre 1374.
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