Le loup ne cesse de se développer en France et de se rapprocher de la Bretagne. Mais c’est aussi une problématique européenne, alors que le loup est arrivé récemment en Belgique, au Luxembourg, qu’il se développe dans de nombreux pays.
Paysan aveyronnais et eurodéputé depuis 2009, José Bové organisait ce mardi 15 une réunion au Parlement européen à ce sujet, afin de trouver des solutions globales pour sauver l’élevage ovin et caprin, en France et ailleurs. Nous l’avons interrogé à ce sujet.
Breizh Info : José Bové, quel était l’objectif de la réunion de mardi au Parlement Européen ?
José Bové : Cette rencontre avait pour objectif de trouver une stratégie européenne concernant le loup avec des parlementaires de divers pays.
Breizh Info : d’où venaient-ils ?
José Bové : Espagne, Italie, Allemagne, Autriche essentiellement.
Breizh Info : quelle était la problématique principale de votre réunion ?
José Bové : En Allemagne, Belgique, Luxembourg, et d’autres pays – un individu se serait même invité en Hollande – le loup se développe. La question de savoir comment maintenir le pastoralisme sous la menace des grands prédateurs concerne tous les éleveurs.
Breizh Info : et concernant le cadre légal ?
José Bové : Nous avons invité la commission européenne car elle est justement concernée. La convention de Berne – que la France a ratifiée – estime que le loup est une espèce menacée. L’est-elle vraiment au vu du nombre de loups en UE ? Sur cette base sont constituées les directives habitat et faune dont les Plans Loup en France et ailleurs sont la traduction. Or, tout le monde s’accorde à constater qu’ils posent de plus en plus de problèmes.
Breizh Info : Lesquels par exemple ?
José Bové : les moyens de protection marchent mal, le loup s’habitue et contourne les pratiques de protection [chiens patous, clôtures, bandes de tissus, filets déplaçables…] Le nombre de chiens nécessaire pose des problèmes de cohabitation avec les randonneurs. Par ailleurs il y a le problème des loups hybrides – ils ne craignent plus l’homme, attaquent différemment… S’il est bien spécifié dans la convention de Berne qu’ils ne sont pas protégés, encore faut-il les identifier.
Breizh Info : Il y-a-t-il d’autres enjeux concernant le loup que l’agriculture ou la sécurité ?
José Bové : Beaucoup d’espèces végétales et animales protégées ne sont là que parce qu’il y a de l’élevage, que les brebis paissent. Si l’élevage disparaît, elles sont menacées.
Breizh Info : le loup est donc un danger pour la biodiversité ?
José Bové : Le loup est une espèce invasive dans la mesure où il met en péril des espèces naturelles. Dans la mesure où on ne peut plus sortir les brebis, le loup menace effectivement la biodiversité. Il y a un paradoxe fort.
Breizh Info : la situation est donc si tendue dans les élevages ?
José Bové : Dans tout l’arc Alpin, le sud du Massif central – chez moi notamment – les éleveurs sont en difficulté, dépressifs, arrêtent leur métier ou doivent changer radicalement leur façon de s’occuper des bêtes [les Vosges, l’Ardèche et la Haute-Loire sont aussi très concernés, ainsi que le Razès dans l’Aude]
Breizh Info : Quelles solutions proposez-vous ?
José Bové : Il faut tout remettre à plat dans le dossier du loup. La question des hybrides dans la convention de Berne est centrale. Ensuite, il faut savoir si le loup est menacé ou non, à priori, la réponse est non au niveau européen.
Breizh Info : les éleveurs peuvent-ils espérer, en France comme ailleurs, des avancées rapides ?
José Bové : Nous ne sommes qu’au début du processus. Nous essayons de construire, collectivement, un mouvement avec les éleveurs et les élus locaux.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
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