Faire progresser la physique quantique avec une expérience participative à partir d’un jeu vidéo ? C’est ce qu’a réussi une équipe de physiciens. Au point de mettre à mal la vision d’Albert Einstein.
Physique quantique ?
Avant d’évoquer le projet, revenons-en tout d’abord aux fondamentaux. Qu’est-ce que la physique quantique ? Il s’agit de l’ensemble des domaines de la physique ayant recours aux lois de la mécanique quantique pour décrypter les phénomènes en cause.
Quant à la mécanique quantique, elle représente la théorie fondamentale des particules de matière constituant les objets de l’univers et des champs de force animant ces objets. C’est à partir de cette mécanique quantique, associée à la relativité restreinte, que s’est construit le modèle standard des particules élémentaires.
Pour vulgariser l’idée, la physique quantique peut être considérer comme la physique à l’échelle des atomes et des particules. Le tout en se référant à des lois révolutionnaires en rupture avec la physique classique.
Corrélation démontrée mais…
Mais la physique quantique n’a pas encore révélé tous ses secrets. C’est pourquoi une équipe internationale de physiciens a lancé une initiative étonnante. Son but ? Contredire le propos d’Albert Einstein et de deux de ses collaborateurs. Selon eux, la théorie de la physique quantique était « incomplète » et il leur apparaissait alors impossible qu’il puisse y avoir une corrélation entre les comportements de deux particules séparées de milliers de kilomètres. Albert Einstein considérait de ce fait qu’il existait un principe basé sur le « réalisme local ».
Toutefois, bien que cette intrication quantique ait été presque totalement démontrée depuis, des interrogations subsistaient sur la génération de nombres aléatoires puisque produits par des générateurs quantiques. Une lacune à laquelle est venue répondre l’équipe en question.
100 000 personnes
Issus de 12 laboratoires internationaux, les physiciens réunis en groupe de travail ont donc eu une surprenante idée. Ils ont incité 100 000 personnes à jouer simultanément à un jeu vidéo. Ceci afin de générer des nombres aléatoires via un procédé non-quantique. C’est au début de ce mois de mai que les résultats ont été rendus publics.
Le jeu en question, dénommé The Big Bell Test et toujours accessible ICI, consiste à saisir des 0 ou des 1 sur le clavier. Et ce, de manière imprévisible. À la clé, près de 97 millions de bits furent collectés au cours de la journée du 30 novembre 2016, date à laquelle les expériences de l’équipe de physiciens ont été alimentées en nombres aléatoires pendant 12 heures.
Einstein remis en cause
Voilà donc comment les physiciens ont utilisé le hasard résultant de l’être humain afin de combler une lacune qui persistait dans leurs protocoles de test.
Par ailleurs, les 12 laboratoires ont mené chacun une expérience différente basée sur cette génération de données aléatoires. De quoi désormais aborder plus rigoureusement la théorie d’Albert Einstein sur le « réalisme local ». Qui risque d’être sérieusement mise à mal depuis cette expérience du jeu vidéo. En physique, le facteur humain n’a pas encore dit son dernier mot.
Crédit photo : Pixabay (CC0)
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