Impossible de prétendre qu’Émilie Chatard est une femme contrariante. Avec un pied dans la majorité et un autre dans l’opposition, elle sait survivre à tous les aléas de la politique. En effet, côté casse-croûte, madame Chatard est suppléante et assistante parlementaire de Gwendal Rouillard (LREM), député de Lorient et fidèle lieutenant de Jean-Yves Le Drian. Côté cœur, elle est secrétaire de la section PS de Lorient. Élue récemment à ce poste avec 39 suffrages contre 15 pour son adversaire Bruno Jaouen, adjoint au maire de Lorient – sur 124 inscrits.
En résumé, l’astucieuse Émilie Chatard défend la politique gouvernementale aux côtés du député Rouillard, mais la combat avec son engagement au PS. Une forme d’équilibrisme que ne désavouerait pas Jean-Yves Le Drian. Bien entendu, cette situation bizarre suscite de vives critiques chez les Marcheurs. La référente LREM du Morbihan, Gaëlle Le Roch, a fustigé une manœuvre « qui s’apparente de la vieille cuisine politicienne ». « Le PS est un parti d’opposition au gouvernement, dont Gwendal Rouillard est le représentant, ajoute-t-elle. « Les Lorientais n’acceptent plus les messages brouillés qui leur semblent manquer de sincérité et s’interrogent à plus d’un titre. » (Le Mensuel du Morbihan, mai 2018).
Rien n’interdit de penser que la campagne pour les prochaines élections municipales, prévues en 2020, est déjà lancée. En effet, on raconte que l’élection d’Émilie Chatard à la tête de la section PS a été « aidée » par les membres de la majorité municipale de Lorient. Avec un pied dans chaque camp, Émilie serait en effet la mieux placée pour organiser une coalition LREM – PS. Car Norbert Métairie, maire et président de la communauté d’agglomération de Lorient, a déjà annoncé qu’il rendrait son tablier à la fin de son mandat – vingt ans maire ça suffit ! Métairie illustre parfaitement la bouillabaisse lorientaise : socialiste, canal social-démocrate, mais a soutenu Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. Comme le boss Le Drian !
Pour succéder à Norbert métairie, aucun leader naturel ne se dégage pour l’instant. Quelques seconds couteaux tentent de faire parler d’eux mais sans plus. Émilie Chatard a donc le droit de rêver. En politique, le mieux placé pour succéder à un vétéran, qui n’a pas désigné de dauphin, est celui qui se trouve au cœur de la négociation. Et, dans le cas de Lorient, celui qui sera le plus apte à piloter les tractations entre PS et LREM. Alors qui, sinon l’irremplaçable Émilie Chatard, l’amie de tous.
B. Morvan
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