La romancière nantaise Annie Giraud vient de publier son dernier roman, intitulé La nuit est mon amie. Un bon vieux « serial killer », selon l’auteur que nous avons interviewée.
Breizh-info : « La nuit est mon amie », quel genre littéraire ?
A.G. : Le roman noir, le suspense et l’évocation d’un « territoire », (on ne dit plus terroir, il paraît que c’est démodé), à 50 ans d’intervalle, tout proche de Nantes. Tout cela est mêlé.
Breizh-info : Ce que vous aviez déjà fait avec votre livre précédent, « Une fulgurante enfance », paru cette fois sous le nom d’Anne Mesdon. Au fait, le changement de nom, Pourquoi ?
A.G. : Ça, c’est le choix de l’éditeur. Je vous renvoie à Michel Onfray. Il s’est lâché plusieurs fois : à l’entendre, nombre d’entre eux seraient de petits tyrans décidant de choses bien au-delà de leur compétence, infligeant aux auteurs des normes, des bornes qui n’ont pas de sens. Cela étant, il est difficile de passer outre, les éditeurs vous prennent, mettent en route votre manuscrit et assurent sa vente, avec tous les risques pour eux. C’est aussi une habitude qu’ils choisissent le titre et la couverture. Pour celui-là, je n’ai pas à me plaindre. Le pseudonyme, est plus discutable, justifié, paraît-il, par le passage dans une autre collection. De toute façon, sauf cas rares, l’auto-édition ne marche pas, sauf pour une diffusion confidentielle.
Breizh-info : Bien. Sans nous révéler le dénouement, cette histoire, « La nuit est mon amie », que raconte-t-elle ?
A.G. : C’est un bon vieux « serial killer ». L’héroïne tue depuis son enfance, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Elle a tué dans son village du vignoble quand elle avait treize ans. Elle récidive à l’occasion de l’été caniculaire 2003 qui lui a mis les nerfs à vif.
Breizh-info : Quelles sont ses bonnes raisons, ses justifications ?
A.G. : Très discutables, forcément. Mais elle dit chasser les fausses valeurs ou plutôt les valeurs dévoyées : la bigoterie qui est le pire de toutes les religions, la fausse empathie, l’hypocrisie, la lâcheté, le mépris social…
Breizh-info : Cela lui fait du boulot !
A.G. : Oui, et cela risque de durer jusqu’à la nuit des temps. De toute façon, son mode opératoire n’est pas le bon. Elle fait dans le tout petit artisanat, et puis ce n’est pas bien de tuer ceux que vous n’aimez pas. Il suffit de les oublier, de les ignorer.
Breizh-info : La question qui dérange : d’un point de vue social, politique, vous êtes où ?
A.G. : Ni de gauche ni de droite, en tout cas, au sens normatif des termes. En attente, en observation, et surtout pas « en marche » !
Breizh-info : C’est-à-dire ?
A.G. : Comme tout le monde, l’élection de 2017 m’a interloquée. Je n’avais jamais vu ça. J’en ai tiré de l’amertume et de l’ironie. Mais aussi de l’inquiétude car j’ai des petits-enfants, dans quel monde vont-ils entrer ?
Breizh-info : La mauvaise conscience des soixante-huitards ?
A.G. : Sûrement pas, je venais d’entrer dans la vie active, à la base. Il fallait gagner sa vie. Et pour les valeurs, la libération sexuelle, le goût du neuf, je n’avais pas besoin de tous ces braillards sur leurs barricades de rien du tout. Surtout à Nantes.
Breizh-info : Le prochain livre ?
A.G. : Justement, le printemps 2017, traité comme un roman noir, avec un fort suspens, sur fond d’incertitude politique. C’est plus ambitieux, difficile donc, alors je travaille.
Propos recueillis par Yves Lemay
* La nuit est mon amie, 204 p. 6,90 euros, Lucien Souny, plumes noires, en ligne sur Amazon, FNAC, et sur www.luciensouny.fr
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