Comme prévu, les expulsions ont repris au centre de la ZAD. La gendarmerie a annoncé viser quatre squats ce matin (la Châtaigne, la Vosgerie, Plui Plui, Lande de Rohanne), tous situés dans et autour du bois de Rohanne, et six demain. Des échauffourées ont opposé zadistes – moins nombreux que début avril – et gendarmes, sans empêcher la destruction de la plus grande partie des squats concernés. Une manifestation de zadistes est prévue ce soir 18 h à Nantes. En tout, 2000 gendarmes sont mobilisés pour cette seconde phase
Parmi les lieux qui ont été détruits, il y a le hameau de la Châtaigne, un lieu symbolique de la ZAD. Il avait été construit le 17 novembre 2012 lors d’une manifestation paysanne et zadiste. C’est son expulsion ratée et illégale, les 23 et 24 novembre 2012, qui avait définitivement enterrée l’opération César. Forteresse zadiste, son expulsion, bien que rendue légale par une décision judiciaire ultérieure, s’est avérée impossible. Jusqu’à ce que l’abandon de l’aéroport et les dissensions internes au sein des anti-aéroports ne finissent par plomber le soutien populaire aux zadistes. D’autant que les habitants de la Châtaigne n’avaient déposé aucun projet agricole. Ils ont été sept à en être expulsés.
NDDL: destruction du Chat teigne. Lieu symbolique de la ZAD#AFP pic.twitter.com/S5DgLP0kSU
— Wafaa Essalhi (@wa_faa) 17 mai 2018
Sont aussi concernés par l’expulsion d’autres squats dans et autour du Bois de Rohanne, notamment La Vosgerie, au sud, la Datcha, au nord-est, ou Plui-Plui, au nord. Les premiers mouvements de gendarmes ont eu lieu à 4 h du matin, et à 4h45, l’hélicoptère avait déjà mis en route sa caméra thermique pour survoler la ZAD et repérer les concentrations zadistes. A six heures, 120 fourgons, quatre blindés et 6 jeeps, pour plus d’un millier de policiers, étaient signalés par les zadistes « irréductibles ». A la même heure, la barricade du Liminbout (au nord) était allumée par les zadistes.
A 6h30 les gendarmes mobiles ont pris position autour des lieux à expulser. Des échauffourées ont éclaté à partir de 7h à la Châtaigne, profitant de l’occasion pour fouiller une caravane et les cabanes à détruire. Des affrontements ont aussi eu lieu sur le chemin de Suez dans la matinée – cependant la résistance était moindre car les zadistes étaient nettement moins nombreux qu’en avril. Selon Reporterre les gendarmes ont aussi expliqué aux zadistes ce matin que s’ils étaient attaqués, ils iraient faire des arrestations dans la ferme de Bellevue, plus à l’ouest. Dans l’après-midi, les engins de chantier , après avoir rebouché des tranchées creusées par les zadistes, commençaient la destruction de la Châtaigne, Plui-Plui et la Datcha. Les conducteurs travaillent cagoulés, pour éviter d’être la cible des représailles de l’extrême-gauche.
Destruction de pui plu #NDDL #zad pic.twitter.com/gJBL8j0Kg9
— Zone À Défendre (@ZAD_NDDL) 17 mai 2018
Par ailleurs, un zadiste jugé pour des violences sur un gendarme a été condamné aujourd’hui à un an ferme avec mandat de dépôt et six ans d’interdiction de Loire-Atlantique. Il avait déjà une mention à son casier. L’occasion pour la justice de marquer le coup et pour les zadistes de crier à la répression – même si la justice avait jusque-là été (trop ?) clémente à leur égard.
Les zadistes appellent à une manifestation à Nantes le 17 à 18h, dans d’autres villes à 19 h et à un grand rassemblement ce samedi, sur le même modèle que celui du 14 avril qui avait donné lieu à une après-midi d’émeutes et de saccages dans le centre-ville, du château à Gare Maritime en passant par les rues piétonnes et commerçantes.
A Poitiers enfin l’extrême-gauche a brulé une pelleteuse de l’entreprise Colas le 14 mai à 3h30 rue des Vieilles-Boucheries en soutien aux zadistes – mais six militants ont été interpellés peu après juste à côté ; ils étaient d’ailleurs en possession d’un feu tricolore volé. Ils avaient tagué à coté « Brûle la machine impériale ! Vive la ZAD » ; le préjudice est estimé à 150.000 € et s’ajoute au million d’euros de dégâts faits en représailles à l’expulsion de la ZAD dans la région nantaise.
Louis Moulin
Crédit photo :DR
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