Il est devenu l’une des inquiétudes majeures des hommes qui prennent de l’âge. Non sans raison. Le cancer de la prostate est ainsi devenu particulièrement fréquent. Il prend désormais des proportions très inquiétantes.
Multipliés par quatre
Tout d’abord, il y a les chiffres. Et ceux-ci ne sont pas du tout rassurants. Le cancer de la prostate touche actuellement 1,6 millions de personnes à travers le monde. Il est ainsi devenu le cancer ayant connu la plus forte augmentation au cours de la dernière décennie. Dans un livre intitulé Cancer de la prostate et reproduction masculine, le toxicologue André Cicolella fait le tour du problème. L’homme, qui est par ailleurs président du RES (Réseau Environnement Santé), précise même que la maladie a été multiplié par quatre « en une seule génération ».
Une prolifération qui fait du cancer de la prostate le cancer le plus répandu chez l’homme dans 103 pays. Et, contrairement aux idées reçues, les malades sont de plus en plus jeunes. Des explications existent-elles ?
Répartition inégale
Ce développement du cancer de la prostate est-il lié aux modes de vie modernes de certains pays ? Autrement dit, la malnutrition, la sédentarisation et l’exposition aux substances chimiques et à la pollution sont-elles en cause ? L’ouvrage d’André Cicolella nous apprend que des pays comme la Nouvelle-Zélande ou encore l’Australie sont 25 fois plus impactés par ce fléau que les régions d’Asie du Sud.
De son côté, la France n’est pas en bonne posture avec des taux de cancers de la prostate parmi les plus élevés du monde. Soit environ le triple de la moyenne mondiale. La répartition est décidemment très aléatoire puisque c’est en Martinique que la concentration est la plus forte. On y recense effectivement trois fois plus de malades qu’en métropole.
À l’autre extrémité du classement, c’est au Bhoutan, petit pays coincé aux confins de l’Inde et de la Chine, que le cancer de la prostate se fait le plus rare sur la planète. Seulement 1,2 cas pour 100 000 hommes y est relevé en moyenne. Par ailleurs, le Bhoutan est un État principalement rural et encore très peu concerné par les maux contemporains décrits précédemment.
Quelles causes ?
La piste génétique, qui est toujours avancée comme explications par certains spécialistes, ne semble désormais plus valide pour André Cicolella. Selon lui, le fait que des populations aux caractéristiques ethniques très différentes soient touchées de la même façon vient démentir l’argument.
Selon le rédacteur de l’ouvrage, la réponse serait plutôt à chercher du côté des perturbateurs endocriniens. Ces derniers sont très répandus dans le quotidien des sociétés occidentalisées, que ce soit dans l’alimentation comme dans d’autres produits. Des perturbateurs qui ont une incidence sur le système hormonal. Et ce sont ces anomalies hormonales qui peuvent déclencher un cancer de la prostate.
Changer d’approche
L’heure est donc à l’urgence. D’autant plus que, toujours selon André Cicolella, les autorités françaises se réfugient actuellement derrière « des arguments du type vieillissement ou meilleur dépistage ». Or, ce dépistage ne serait en cause que dans un cancer de la prostate sur six.
Sans compter « l’impact des stress chimiques, nutritionnels et mêmes psychologiques » avec lesquels il faut composer dorénavant. Des éléments que les politiques de santé publique ignorent dans l’Hexagone. Enfin, autre fausse certitude, la question de l’âge. En effet, le cancer peut se développer avant même la naissance de l’enfant, les femmes enceintes étant elles-aussi exposées aux perturbateurs endocriniens. À défaut de certitudes sur la question, voilà déjà quelques pistes de réflexion…
Crédit photo : Pixabay (CC0/mcmurryjulie)
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