Plus de 20 000 colonies d’abeilles ont été décimées cet hiver en Bretagne. Un phénomène d’une ampleur inédite, face à laquelle les professionnels sont aujourd’hui démunis. Ils en appellent au ministre de l’environnement. Exemple à Cohiniac, dans les Côtes d’Armor.
Dans l’Ariège, un apiculteur bio a perdu près de 24 ruches, décimées par un fongicide pourtant autorisé. Le producteur a créé une cagnotte pour remplacer ses abeilles mais surtout sensibiliser citoyens et pouvoirs publics à la nécessité d’agir contre les produits dangereux.
Le printemps est en train de devenir bien silencieux, vidé de ses oiseaux dont 30 % ont disparu dans nos campagnes, mais aussi des abeilles, domestiques ou sauvages, dont les colonies s’effondrent de manière spectaculaire depuis 25 ans. Cette année, l’hécatombe est d’une telle ampleur qu’elle dépasse la seule possibilité d’une conjoncture malheureuse ; l’empoisonnement massif semble ne plus faire de doute.
Le débat autour de l’interdiction des néonicotinoïdes met aux prises les apiculteurs aux agriculteurs. Leur très haute toxicité pour la biodiversité, l’environnement mais aussi l’homme motive plus que jamais une interdiction totale tandis que les agriculteurs martèlent ne pas pouvoir faire sans. Pourtant, sans abeille, pas de récolte. La pollinisation est indispensable à l’agriculture et au maraichage : plus du tiers de l’alimentation mondiale dépend des insectes pollinisateurs.
Le site La Montagne explique par ailleurs : « D’autres facteurs participent à la disparition des abeilles, des pollinisateurs et plus généralement, des insectes et autres espèces animales de la biodiversité française. Les pratiques d’agriculture intensive participent à l’effondrement des populations. Les épandages de produits phytosanitaires ne sont pas toujours faits dans les conditions qui préserveraient la faune, et ne prennent en compte ni la floraison, ni la météo, ni les vents. Le désherbage se fait parfois en dépit du bon sens, sur des prairies en fleurs qui concentrent alors le plus de biodiversité. L’élimination systématique des fleurs des champs par exemple, ou des prairies de luzerne et de sainfoin, prive ainsi les insectes butineurs de nourriture entre la floraison du colza, au printemps et celle du tournesol fin juillet, et provoquent des carences alimentaires qui affaiblissent les colonies. (…) Il y aussi des responsabilités, à conséquences plus restreintes, à trouver du côté des apiculteurs, certains abusent de pratiques qui ont l’effet inverse que celui escompté sur leurs colonies : l’hybridation et l’importation de reines issues de sous-espèces venues d’Italie ou de Grèce, qui promettent un meilleur rendement mais emmènent souvent avec elles des pathogènes inconnus de notre abeille noire endémique. Ces abeilles venues du sud sont également mal adaptées à nos écosystèmes, aux fleurs présentes qui n’ont pas les même périodes de floraison que sur le pourtour méditéranéen. Fragilisées, ces colonies deviennent plus vulnérables aux parasites et aux maladies qui, dans le même temps, deviennent plus résistants.»
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