Une conférence sur le thème « Liberté d’expression : la grande illusion » se tiendra à Nantes, le samedi 26 mai prochain, avec en conférencier Jean Bricmont.
Docteur en sciences et essayiste belge, Jean Bricmont est professeur à l’Université catholique de Louvain. Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages dont La république des censeurs, Impostures intellectuelles (avec Alan Sokal), A l’ombre des lumières (avec Régis Debray), Raison contre pouvoir, Le pari Pascal (avec Noam Chomsky) et bien d’autres encore.
Ce dernier reviendra notamment sur les GAFA, les lois sur les fake news, ou encore sur le Décodex.
Voici ce qu’il écrivait récemment à propos de l’annonce d’Emmanuel Macron de faire une loi sur les fake news :
« Macron veut ainsi défendre ce qu’il appelle les «démocraties libérales» sans apparemment se rendre compte du fait que cette nouvelle loi sera une mesure parfaitement antilibérale, la liberté d’expression ayant été historiquement la valeur libérale par excellence. La démarche de Macron témoigne d’une transformation grave de nos «démocraties libérales», qui avaient tout de même survécu à la guerre froide sans interdire la «propagande communiste» de l’époque, ni d’ailleurs celle de l’extrême-droite (pro-Algérie française par exemple).»
Et de revenir sur le « Russiagate » :
« Un exemple plus récent concerne le «Russiagate», c’est-à-dire la prétendue ingérence russe dans l’élection de Trump aux Etats-Unis. Il n’existe à ce jour pas de preuve d’une telle ingérence. Vu les moyens d’espionnage dont disposent les multiples services américains, il est difficile de croire que, si cette ingérence était réelle et sérieuse (pas réduite à quelques messages sur Twitter ou Facebook), elle n’aurait pas été détectée et démontrée publiquement. Même si une telle ingérence devait finalement être prouvée, sa signification effective resterait à évaluer. En tout cas, le fait d’y croire sans hésitation en l’absence de preuve, ce que fait toute la presse «libérale» aux Etats-Unis, ainsi que ses homologues européens, est en soi une façon de «propager une fausse nouvelle».»
et de conclure :
« Finalement, il suffit d’un peu voyager pour voir que le reste du monde ne pense pas comme «nous», c’est-à-dire comme l’Europe et les Etats-Unis. En Russie, en Chine, dans le monde arabe, en Iran, en Amérique latine, il n’y a ni les mêmes priorités, ni les mêmes histoires, ni les mêmes mémoires qu’en Occident. Quand ils se tournent vers la France (ou l’Europe), les autres peuples ne voient plus le pays des Lumières, mais un monde arrogant, agressif, replié sur lui-même, anxieux, et en pleine perte de vitesse par rapport à eux.
La loi contre les «fausses nouvelles» risque de renforcer encore le scepticisme à l’égard des «vérités officielles», à la fois celui qui est raisonnable et celui qui ne l’est pas, ainsi que notre incapacité à écouter et à comprendre le reste du monde, ce qui est à la fois le symptôme et la cause de notre déclin.»
C’est l’association Agora Culture qui organise l’évènement.
Lieu de la conférence :
Salle de la Mairie de Chantenay
143 boulevard de Liberté
Nantes
Réservations : [email protected]
Entrée 7€ à payer sur place
Crédit photo : DR
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