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Pour l’UDB, tout le monde il est « breton »

Le récent livre de l’UDB S’émanciper – un projet de société pour la Bretagne mérite un coup de chapeau. Aucun groupe politique breton ne serait en effet capable d’effectuer un pareil travail. A l’UDB, il y a des gens qui « pensent », c’est incontestable.

Pour autant, accoucher d’un véritable programme de gouvernement ne semblait pas indispensable. En effet, ces vingt points vont apparaître faibles, voire inconsistants, à des spécialistes de la question. Les rédacteurs ont voulu ratisser trop large. Le bon sens exigeait certainement d’en faire moins mais mieux. En se limitant, par exemple, au pouvoir régional, à la mer, à la ruralité, à l’aménagement du territoire breton, à l’énergie, aux transports… cela pouvait suffire au bonheur des militants bretons. Il était inutile de s’embarquer dans des sujets tels que la fiscalité, l’Europe, la Défense et la diplomatie, la solidarité internationale, qui dépassent totalement l’entendement du lecteur de base.

On pourra reprocher également la faiblesse de la critique du capitalisme. En écrivant « on réduit souvent le capitalisme à la propriété privée des moyens de production. Il ne s’agit en réalité que d’un aspect du système : le principe du capitalisme réside aussi dans l’accumulation des richesses », on ne va pas bien loin. D’autres abordent la question d’une manière plus percutante. C’est le cas d’Alain de Benoist : « Après avoir désagrégé les communautés rurales, le capitalisme est en train d’effacer les cultures et les peuples, et de façon plus générale tout ce qui peut faire obstacle à l’irrésistible instauration du marché planétaire. Les frontières doivent être abolies (dans un « monde unifié », il n’y aura plus que des « citoyens du monde »), les limites doivent être pareillement supprimées (le règne du « toujours plus »). Il faut aller vers un monde homogène, où les cultures ne subsisteraient plus qu’à l’état de bribes commercialisables sous forme de spectacles à voit et de folklore à consommer. » (Éléments, avril-mai 2018)

Plus d’un sera réservé quant à la définition donnée par l’UDB à la qualité de « breton ». « Être breton, ce n’est pas seulement une affaire d’identité et de ressenti. Aussi légitime qu’il soit, cet aspect ne doit pas en effacer un autre : celui de la participation à une société. Toute personne vivant en Bretagne et participant d’une manière ou d’une autre à la vie de la cité fait partie de la société bretonne, c’est-à-dire appartient à une communauté regroupant des hommes et des femmes de tous les horizons et de toutes les identités évoluant sur un même territoire : la Bretagne. » (Page 29).

En résumé, « le peuple breton, ce sont les hommes et les femmes de ces cinq départements. L’UDB a donc une vision très civique de la notion de « peuple », qu’elle confond volontairement avec le mot « société » (…) Mais, Bretons ou non, l’UDB considère toujours aujourd’hui chaque personne vivant en Bretagne comme part (entière) de la société qu’elle souhaite construire. » (Page 30).

Voilà qui devrait rassurer Johanna Rolland (PS), maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. Récemment, elle se félicitait du rôle joué par la Ville en faveur des migrants : « Il y  a d’une part 300 personnes hébergées par Nantes-Habitat. La Ville gère aussi un centre d’accueil de 130 places. L’Ephad Bréa va devenir un centre d’hébergement d’urgence de 100 places, sans condition d’accueil, mais il sera transféré après l’été. Enfin, la Ville s’est engagée dans un système de baux précaires avec l’association « 1 famille, 1 toit », pour deux unités de 25 et 20 places. » (Presse Océan, mercredi 18 avril 2018)

Tous d’authentiques Bretons, selon les critères de l’UDB. On est heureux de l’apprendre. Il ne reste plus qu’à leur apprendre la langue bretonne pour qu’ils puissent « faire société ».

Une suggestion à Johanna Rolland, maire de Nantes, et à Nathalie Appéré, maire de Rennes : nommer un dirigeant de l’UDB adjoint aux migrants.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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