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Nantes et Rennes : les bloqueurs veulent empêcher les partiels – Rennes 2 évacuée

MAJ : à 4h30 ce matin, À 4 h 30, ce lundi, l’évacuation de Rennes 2 a débuté. 63 grévistes ont été expulsés. Là encore, les premières images laissent apercevoir des dégradations importantes.

Communiqué de l’UNI suite à cette annonce :

Ce lundi 15 mai vers 5h du matin les forces de l’ordre sont intervenues sur le campus de Rennes 2 pour en évacuer les occupants. Rennes 2 est enfin rendue aux étudiants !

Cette intervention, nous la demandons depuis plusieurs semaines. Il aura fallu 2 mois d’occupations, de scandale en AG, de violences des bloqueurs, de dégâts estimés à plus de 100 000 euros et un report des examens pour que la présidence se décide enfin à agir. Quel gâchis ! L’université de Rennes 2 et les diplômes de ses étudiants n’en ressortent pas indemnes.  Cependant nous nous félicitons de cette intervention qui permettra le déroulement des examens. A présent, nous voulons que des sanctions exemplaires soient prises contre les occupants.

Cet épisode des blocages aura vu une mobilisation sans précédent des étudiants opposés aux blocages. Cette mobilisation a porté des fruits car elle a fait connaître à de nombreux étudiants et à l’opinion la réalité de l’extrême-gauche rennaise. Renforcée à Rennes 2, l’UNI Bretagne est à présent reconnue comme la seule organisation représentative étudiante opposée aux blocages. Elle continuera de lutter contre les blocages et pour la liberté d’étudier.

Le second semestre est quasiment fini dans toutes les facultés, qu’il y ait eu cours ou pas. Maintenant, l’extrême gauche s’est trouvée une nouvelle tâche : empêcher les partiels. A Paris, certains de la fac de Nanterre, prévus à Arcueil, ont été reportés après le blocage du centre d’examens. A Rennes II, ils doivent se tenir à partir de jeudi dans des bâtiments toujours occupés. Et à Nantes, si le dernier bâtiment occupé a enfin été évacué ce vendredi, l’ultra-gauche a annoncé sa détermination à perturber et empêcher les partiels, en partie délocalisés à la Beaujoire et la Trocardière.

A Rennes II, seul un bâtiment du campus de Villejean, est occupé par les bloqueurs – qui l’ont incontinent recouvert de tags et y ont fait « 100.000 € de dégâts » selon la présidence de l’Université. Mais tout le campus est bloqué. L’on ignore si les partiels pourront se tenir, même si la présidence a annoncé la fermeture administrative de tous les bâtiments jusqu’à mercredi. Les partiels devraient se tenir à partir de jeudi, cependant ils pourraient être perturbés avec l’appoint de syndicats et d’antifas, comme cela a été le cas à Nanterre.

Sous le slogan « exigeons Laboux-lition des partiels » [le président de l’Université de Nantes s’appelle Olivier Laboux] et une photo de famille avec 30 cagoulés, l’extrême gauche joue en effet une bataille stratégique : même si les bloqueurs étudiants ne sont que très peu nombreux – le noyau dur compte une quinzaine d’étudiants seulement – ils n’ont guère eu le temps de réviser, et s’ils ne passent pas leurs partiels, ils n’auront pas leur année. Donc ils ne pourront pas recommencer l’an prochain blocus, casse et dégradations aux frais du contribuable.

Un long communiqué, intitulé « agir face à sa feuille d’examens », a été envoyé aux étudiants. « Avant d’entrer dans la salle d’examen, tu peux : Participer à l’Assemblée Générale qui aura lieu devant les bâtiments avant chaque épreuve, refuser de te faire fouiller en entrant dans le bâtiment pour l’épreuve. , refuser de donner ton identité en entrant dans le bâtiment pour l’épreuve », commence-t-il ; cependant donner son identité est normalement obligatoire.

« Face à ta feuille, tu peux : ne rien écrire, déchirer ta feuille, brûler ta feuille (et sonner l’alarme incendie), refuser de t’asseoir », continue le communiqué, qui annonce des partiels pour le moins animés dans certaines filières – la plupart des bloqueurs du noyau dur sont en effet en licence de lettres.

La suite propose aux grévistes le hors-sujet : « Si tu ne veux pas produire du savoir, mais dire des choses, tu peux écrire que tu es en grève, écrire que tu es contre la loi ORE, la plate-forme parcours sup et pourquoi, écrire tes revendications,écrire ton expérience et ton parcours au sein du lycée et de l’université ». Reste à savoir si certains enseignants opposés à la loi – 14 des 37 commissions de l’Université avaient refusé de classer les lycéens – pousseront leur militantisme jusqu’à mieux noter ce genre de hors-sujets que d’autres, pas militants.

Enfin, il y a la solution « grève en carton » pour ne pas trahir la lutte tout en passant son examen (et son année) : « Si tu veux quand même produire du savoir, tu peux faire ton plan de dissertation détaillé pour faire comprendre au prof que tu connais le cours sans rédiger entièrement et écrire que tu es en grève, faire ta dissertation, normal, et écrire que tu es en grève ». Le communiqué indique clairement qui bloque – certainement pas les étudiants de science et de médecine.

De façon moins anecdotique, une AG « spéciale partiels » a eu lieu ce dimanche après-midi à 16h30. Et des AG sont prévues avant chaque partiels, comme à Paris-I où des étudiants en philosophie ont voté majoritairement l’annulation de leur partiel. L’ultra-gauche n’exclut pas non plus d’agir en force dans certains centres d’examens, d’autant que la présidence de l’Université – dont les atermoiements et les reculades ont été le meilleur allié des bloqueurs depuis l’automne dernier – refuse toujours de sécuriser les examens et donc les étudiants.

D’ailleurs si le communiqué « agir face à sa feuille d’examens » est accueilli par l’hilarité des étudiants, certains d’entre eux critiquent nettement le président Olivier Laboux : « Je fais pas partie des gauchos du tout mais honnêtement, et tout simplement, ce ne sont pas des conditions pour passer des examens du tout », relève ainsi Carlos Saborio. « Je refuse de me faire fouiller […] J’ai rien appris ce semestre à part comment mener une contre proteste inefficace avec un barbecue. Je vous encourage à continuer d’exiger la démission de Laboux, clairement le mec il cherche juste à cocher la case partiels pour faire semblant d’avoir fait son boulot. Il s’en fout complètement si nous sommes bien formés ou pas. Il veut juste garder son taff! »

Et d’enfoncer le clou : « Je vous signale qu’il a manqué à ses obligations de maintenir un environnement stable et n’a pas assuré la continuité des cours. C’est ses deux missions principales. Il y a donc un manque contractuel et je signale à tous ceux qui ne sont pas boursiers, vous avez payés un service qui n’as pas été effectué. Si jamais les partiels ont lieu et les résultats désastreux, je suggère qu’on crée un groupe pour voir les potentielles actions légales ».

Soit un beau sujet de cas pratique en droit – dont les étudiants ont eu, eux, presque tous leurs cours. « Suite à un semestre où 9000 étudiants ont vu leurs cours empêchés par 70 bloqueurs (dont 15 étudiants) et un président qui a refusé jusqu’au bout de rétablir l’ordre, les partiels ont lieu dans des conditions difficiles et les résultats sont désastreux. Un groupe d’étudiants envisage une action collective pour les faire annuler et insiste sur le fait que le président de l’Université n’a pas assuré la continuité des cours ni la sécurité des étudiants et des personnels comme c’était pourtant son devoir. Quels sont leurs recours ? Vous avez quatre heures. Joyeux examens à tous »

Louis Moulin

Crédit photo : wikipedia (cc)
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