Selon Amnesty International, le fichage des gangs effectué à Londres par les services de Police de Scotland Yard serait « discriminatoire sur le plan racial ». De quoi s’agit-il ?
Gangs ethniques ?
L’objet de l’indignation d’Amnesty International est la découverte d’une base de données secrète tenue par Scotland Yard, la police londonienne. L’ONGI, qui se donne notamment pour mission la défense des droits de l’Homme, note que ces fichiers contiennent les noms de milliers de membres de gangs, y compris ceux de délinquants âgés de 12 ans.
Ces données compilées par Scotland Yard sont partagées avec d’autres services locaux relatifs au logement ou à l’emploi. Sur un total de 3 806 personnes inscrites au registre, 1 500 sont considérées comme ne présentant aucun risque de violence. Toujours selon Amnesty International, cette collecte de renseignements serait une violation du droit international des droits de l’homme.
Par ailleurs, l’organisation estime que le nombre d’hommes noirs présents dans cette base de données est disproportionné.
27 % des délinquants
Ainsi, les chiffres de juillet 2016 montrent que 78 % des personnes répertoriées dans la « matrice des gangs » de Scotland Yard étaient noires. Dans le même temps, avec une population noire qui représente environ 13% des habitants de Londres, Amnesty International considère que cette forte proportion dans le fichier relève de la discrimination raciale.
Toutefois, les chiffres de la police londonienne montrent que 27 % des personnes poursuivies pour violence juvénile sont noires. Mais, à y regarder de plus près, le recensement de ces délinquants effectifs ou potentiels n’est pas non plus le fruit du hasard.
Le logiciel de Scotland Yard utilise en effet divers renseignements, y compris l’historique des crimes violents, l’activités sur les réseaux sociaux et l’information provenant de différents organismes pour identifier les membres de gangs. Par la suite, une note évaluant le risque qu’ils représentent est attribuée aux individus.
Inoffensifs car incarcérés
Environ 40% de ceux inscrits dans la base de données présente un « risque de préjudice » égal à zéro. Mais cette information doit être fortement tempérée puisque les personnes en détention ont, elles aussi, un score de zéro car enfermées. Une nuance qui remet quelque peu en perspective les cris d’orfraie d’Amnesty International.
Pour l’ONGI, ce fichage ne répond pas au problème de l’insécurité grandissante dans les rues de Londres, notamment via les attaques au couteau. « Cela fait partie d’une focalisation inutile et racialisée sur le concept de gangs. En termes simples, c’est le mauvais outil pour le mauvais problème », explique alors la directrice d’Amnesty International au Royaume-Uni, Kate Allen.
De son côté, Scotland Yard a rétorqué que la mise sous surveillance, parfois préventive, des individus recensés visait à « réduire la violence liée aux gangs et à prévenir la perte de jeunes vies tout en détournant les gens de la criminalité ». Ajoutant à cela le fait qu’il est « important d’identifier les jeunes qui font partie d’un gang, mais qui n’ont peut-être pas encore été entraînés dans la violence des gangs. Cela fait partie de l’activité de prévention de la police locale ».
En confrontant les deux points de vue, chacun se fera son avis sur la question quant à l’approche « racialisée » du problème . En particulier les habitants de Londres victimes d’agressions et de méfaits en tout genre.
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