Ce lundi 7 mai, à la demande de la présidence de l’Université, le juge des référés du tribunal administratif s’est penché sur l’occupation des locaux du sous-sol du bâtiment Censive à l’Université de Nantes.
L’ordonnance rendue permet sans ambiguïté aucune aux forces de l’ordre d’expulser les occupants d’extrême-gauche. Ceux-ci, sans suprise, appellent à s’opposer à une intervention policière, et plus surprenant, se distancient de la tentative d’effraction faite dans la nuit du 6 au 7 mai à la fac de Langues (FLCE).
L’ordonnance du tribunal administratif est très claire : « le juge des référés du tribunal, jugeant que la demande de l’Université de Nantes présentait un caractère d’utilité et d’urgence notamment en raison de problèmes de sécurité et de la proximité des examens, a ordonné aux occupants sans droit ni titre des bâtiments Censive et Tertre de libérer les lieux sans délai en autorisant si besoin le président de l’Université à procéder d’office à leur expulsion ».
Les occupants – barricadés dans le bâtiment Censive – ont réagi par un court communiqué : « le juge a donné la possibilité à notre cher directeur d’université, Olivier Laboux, de nous expulser manu militari quand bon lui semble. Une intervention des forces de l’ordre est donc à craindre à partir de ce soir. […] Nous appelons donc tous les gens du mouvement, et à tous les soutiens du mouvement à venir occuper censive cette semaine ».
Une expulsion liée aux partiels… ou à la ZAD ?
Cependant, les examens devraient se dérouler en grande partie hors du campus Tertre perturbé depuis l’automne par l’ultra-gauche, qui avait déjà occupé le sous-sol du bâtiment Censive de novembre à mars pour y installer des clandestins. Qu’elle avait laissé en mauvais état… mais moins tout de même que le château du Tertre, saccagé.
Cependant, la nouvelle occupation de Censive n’était pas tant liée au mouvement anti-loi ORE ou à la volonté de perturber les partiels, mais bien à la volonté de l’ultra-gauche nantaise d’offrir aux soutiens extérieurs de la ZAD une base avancée pour y dormir et y accumuler du matériel. « Les locaux de B17 [dans une cour au 17 rue Bellamy, près de la Préfecture] sont trop petits et faciles à surveiller. Là, c’est facile à trouver, loin du centre et dans la bonne direction, puis c’est vaste. Comme dortoir et base arrière pour des soutiens largement extérieurs à la ZAD, c’est parfait », nous précise un policier nantais.
Certes, « l’ultra-gauche possède à Nantes de nombreux points de chutes, notamment à Chantenay, Dalby et Doulon, mais ils sont plus petits et plus difficiles à rallier pour des gens qui ne sont pas de Nantes, voire sont étrangers [plusieurs ont déjà été arrêtés sur la ZAD et condamnés] et parfois ne parlent pas un mot de français », poursuit notre source.
Si bien que l’expulsion de Censive peut être liée au calendrier de l’expulsion des « irréductibles » de la ZAD, qui s’accrochent toujours au terrain – malgré la destruction d’une grande partie des squats au centre-est de la ZAD et l’exaspération croissante des riverains. Ils appellent même à des chantiers de fortification et de construction à partir du 12 mai à la Grée et autour – c’est « l’appel de la pioche », dans le but de s’opposer à une nouvelle tentative d’expulsion à partir de la semaine du 14 mai.
L’ultra-gauche se fait piquer une banderole… et se dédouane de l’effraction à la fac de Langues
Plus étonnant, l’ultra-gauche s’est dédouanée de la tentative d’effraction en fac de Langues (FLCE) dans la nuit du 6 au 7 mai. Ce serait la faute… de l’extrême-droite, dont deux activistes ont paradé dans les réseaux sociaux avec une banderole émanant de l’O.U.R.S, un des pseudo-comités autonomes (avec le C.H.A.T pour les historiens, L.A.M.A pour les lettres etc.) censés montrer que les étudiants soutiennent en masse le blocage de l’Université de Nantes… Peine perdue alors que le noyau dur des bloqueurs ne compte qu’une quinzaine d’étudiants et que la plupart des quelques dizaines de cagoulés qui bloquaient les bâtiments, ou ont agressé les anti-blocus, étaient extérieurs à l’Université !
Bref, un communiqué très officiel des bloqueurs relate la perte d’une banderole (paix à son âme!) : « nous avons pris connaissance d’une effraction commise dans les amphithéâtres D et E anciennement occupés qui ont été fermés par des huissiers le lundi 30 avril 2018. Un groupe d’individu qui ne fai[t] pas parti[e] de nos camarades s’est montré sur les réseaux sociaux en possession d’une banderole appartenant au comité autonome de sciences (OURS). Cette banderole avait été laissé dans les amphithéâtres […] Ces individus se sont donc introduits dans les amphithéâtres. Par ailleurs nous avons connaissance que ces individus sont en lien avec des groupuscules d’extrême droite ».
Une banderole oubliée – dedans ou dehors, c’est invérifiable, une fermeture qui ne semble pas étanche, et voilà le travail : « hier matin le personnel de ménage a constaté des dégâts sur le bâtiment FLCE. Les étudiant.e.s mobilisé.e.s tiennent à dire qu’ils.elles n’en sont pas à l’origine ». Du reste, l’extrême-droite est souvent une cible toute trouvée, surtout pour cacher des dissensions internes.
Ainsi, le zadiste qui avait été battu comme plâtre par plusieurs personnes cagoulées le 20 mars sur la ZAD, puis jeté dans un coffre de voiture et enfin abandonné près du C.H.S de Blain à 20 km de là ne s’est guère montré coopératif avec les gendarmes. Alors qu’il avait été battu par d’autres zadistes, pour avoir conduit une dizaine de zadistes « irréductibles », opposés à sa réouverture, à dégrader la RD281 tout juste goudronnée à neuf – comme n’ont pas manqué de le révéler ses compagnons de lutte – a expliqué aux gendarmes, les yeux dans les yeux, qu’il avait été « battu par un commandos de fachos ». Pour le Déluge, l’affaire du petit Grégory et la tuerie de Chevaline, fermez l’enquête.
Louis Moulin
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