L’annonce de l’autodissolution de l’ETA, le bras armé du nationalisme basque, a été accueillie dans une relative indifférence par l’opinion publique en Espagne.
Cette mise en scène de la fin de cette organisation armée était attendue depuis 2011 quand l’ETA a mis fin à ses activités militaires.
En près de soixante ans d’existence, depuis sa création en 1958 à sa dissolution en 2018, avec près de 829 morts au compteur, parmi lesquels des industriels, des journalistes, des écrivains, des fonctionnaires ou des politiques, le bilan est bien maigre au regard du prix payé par la société basque et espagnole.
Trois raisons expliquent la fin de l’ETA.
La première, la plus importante et celle qui n’est pas suffisamment prise en compte, est que l’organisation a été vaincue sur le terrain. L’action conjointe de la police, du renseignement et de l’appareil judiciaire, ont réussi à progressivement éroder l’appareil clandestin de l’ETA et à affaiblir ses relais politiques.
La deuxième fut la perte du soutien populaire dont bénéficiait l’ETA au sein de la population. Aujourd’hui, à peine 0,4% de Basques partagent à la fois les objectifs et les méthodes de l’organisation. L’enlèvement et l’assassinat du jeune conseiller municipal Miguel Ángel Blanco en juillet 1997 marque sans doute un tournant dans l’opinion basque, notamment en suscitant d’importantes manifestations contre l’ETA.
La troisième, est que la voie politique et la violence à basse intensité obtiennent plus de résultats que les attentats. Aujourd’hui, la gauche nationaliste occupe des positions politiques importantes et a même pris pied en Navarre. Le sentiment nationaliste structuré par une sémantique d’extrême-gauche est dominant dans de nombreuses régions du Pays Basque et de la Navarre.
Le lynchage en 2016 de deux gardes civils en permission accompagnés par leurs compagnes dans un bar à Alsasua illustre bien ces méthodes de violence de basse intensité.
Les leçons de la fin de l’ETA sont que la lutte armée contre un appareil d’Etat en temps de paix est vouée à l’échec et que le coût social est considérable. C’est cette évidence qui freine le passage à la violence de la frange la plus radicale du nationalisme catalan.
Enfin, la cruauté est une arme à manier avec précaution. Les assassinats destinés à créer de la tension sociale, l’indifférence à la vie et à la douleur d’autrui, la brutalité des politiques d’extorsion de fonds, sont efficaces à court terme. Mais le prix à payer est lourd et ces méthodes ont fracturé la société basque.
Au regard de l’histoire, l’ETA va laisser une image qui contraste avec celle de l’IRA. Les Irlandais ont réussi mieux que les Basques à respecter des méthodes de guerre subversive moins inhumaines que leurs confrères ibériques car ils savaient que pour faire la paix, il faut être deux.
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