Les naturalistes en lutte – un des collectif anti-aéroport qui s’était illustré en faisant un inventaire complet des espèces naturelles sur la ZAD, trouvant au passage plusieurs espèces oubliées de l’inventaire officiel dont le campagnol amphibie – ont sorti un petit film pour expliquer que les gendarmes qui évacuent les « irréductibles » depuis le 9 avril ont « dévasté » les lieux, multiplié les ornières et saccagé la qualité de l’eau en tirant plus de 10.000 lacrymos en trois semaines (de 30 à 50€ pièce). Cependant, il se pourrait au contraire que les gendarmes aient amélioré l’écologie de la ZAD en retirant les monceaux de déchets accumulés par les zadistes.
En effet, entre le 9 et le 22 avril – la première phase active de l’évacuation, ce sont pas moins de 195 bennes de 25 T chacune de déchets qui ont été retirées de la ZAD. Conséquence de la démolition de 29 squats – principalement des cabanes de bois et tôle, voire en terre battue – mais aussi du retrait progressif des barricades et autres tas de palettes, pneus, épaves de voiture, caravanes, déchets métalliques et débris divers.
« Les ornières, la terre s’en remettra, mais le ruissellement de l’eau sur les pneus qu’ils ont laissé en tas partout, ça les salamandres, les tritons etc. ils n’aiment pas », commente un paysan installé non loin de la ZAD. « Puis ça dégrade aussi les eaux de surface. Au moins maintenant les chemins de l’est sont plus propres. Boueux, mais sans déchets. C’est à l’ouest que c’est toujours le bordel. Et ils se disent écolos ces zadistes ! ».
Les favelas des zadistes : « tout ça pue la misère, et à un moment ça emporte le jugement »
D’ailleurs certains commentaires sous la vidéo des Naturalistes en lutte brocardent largement les « favelas » dressées par les zadistes : « tout ce que j’ai vu tomber sous le godet des pelleteuses ressemblait à des favelas », estime ainsi Bruno Doussau. « Y’a rien qui fasse envie, visuellement, dans toutes ces installations (à commencer par l’emblématique ferme des Cents noms). C’est uniformément sale, laid, et bordélique. Y’a pas une bâche tendue proprement, partout ce n’est qu’un bric à brac de tôles ondulées, de palettes installées de guingois et de pancartes peintes à la bombe. A Bure, c’est pareil. Tout ça pue la misère, et à un moment ça emporte le jugement.Surtout quand on le compare aux discours ».
Et il assène : « J’ai beaucoup de mal à me convaincre du sérieux des gens, particulièrement quand ils s’intitulent « collectifs », quand je vois qu’ils ne sont pas capables, en s’y mettant à tous, de construire une seule maison proprement. En 5 ans ». Transmis à ceux qui ont déposé des projets individuels, nominatifs, mais « inter-dépendants » en préfecture, pour rentrer dans un cadre légal que certains paysans installés non loin de la ZAD, exaspérés, estiment être un prétexte pour « continuer à rien foutre aux frais du contribuable ».
« il serait temps de redescendre sur terre !! », s’exclame Th Thb. « La faune, la flore , et tout ce qu’il pouvait y avoir de » vie sauvage » , ca fait longtemps que tout ça s’est deplacé ailleurs , au calme , depuis qu ‘une bande d’illuminé est venu y squatter ! Vous pleurnichez apres les bombes lacrymo , mais pensez vous que tout les déchets que vous trainez avec vous ne polluent pas ?? Que bruler des pneus et autres poubelles a permit d’enrichir l’ecosysteme de ce lieu ?? Et les fameuses grenouilles ou autres amphibiens qu ‘ont ils pensé des bouteilles d’acides qu’une bande de débile a eu l’idée de lancer sur les forces de l’ordre ?? ». Même question pour theclem55 : « et les barrages de pneus et d’hydrocarbures en feu des zadistes, c’est écologique ? ».
Jean-Pierre Jambier est quant à lui très énervé : « bande de connards d’extrême-gauche/anars de merde , le lacrymo te fiche le cancer et ton chichon il te file quoi bourricot !!! et l’acide que vous avez balancé sur les gendarmes , ça fait quoi pour la santé ???? ». Agatzepowr fustige, lui, les «pathétiques demis anarchistes, rebelles en carton. Si quelqu’un venait squatter chez eux comme ils le font dans ces champs, ce serait les premiers a faire les pleureuses … ». Un autre s’attaque à l’argument des Naturalistes en lutte selon lequel les tractopelles ont compacté le sol définitivement : « Ha quand on compacte un sol c’est définitif tient donc ? Ce monsieur a til fumé les gars lacrimo qu’il a reçu ? Déjà vous avez interview un gars avec un air de fumeur de moquette et en plus il dit un peu n’importe quoi ». N’en jetez plus…
Les zadistes « irréductibles » très fiers de leurs barricades pas du tout écolo
Quant aux « barrages de pneus et d’hydrocarbures en feu», les zadistes « irréductibles » en sont très fiers, au point d’en faire une compil’ passée sur Squat.net, le site de ralliement des squatteurs d’ultra-gauche en tous genre. Où l’on constate notamment que lesdites barricades sont constituées d’éléments les plus divers : épaves de voitures (parfois volées), tracteurs, portes en métal, grilles, glissières, pneus évidemment en nombre, tôles, planches, bois plus ou moins vert, roundballers (eux aussi volés), panneaux routiers (idem), poteaux, arbres abattus (tant pis pour la nature), chariots, palettes, vestiges de cabanes… Nombre de ces barricades ont depuis été retirées par les forces de l’ordre.
Pendant ce temps, bien que le dispositif des gendarmes mobiles a quelque peu été allégé – avec 900 gendarmes de moins, partis dare-dare sécuriser les rassemblements du 1er mai, comme à Paris où 1200 black blocks ont gâché la manif syndicale – les affrontements continuent, souvent le matin sur le carrefour de la Saulce et près de la Grée.
Les zadistes – qui auraient 33 blessés du 23 au 29 avril contre près de 300 sur la période du 9 au 23 avril, mais qui ont décidé de fermer leurs postes médicaux jusqu’au 13 mai – continuent à ériger des barricades et à faire des trous dans les routes et les chemins, mais à plus faible rythme, du fait d’une certaine pénurie de matériaux et de la réactivité des gendarmes. Deux arrestations ont encore eu lieu ce 2 mai au matin, au Gourbi et à la Grée, et des gendarmes ont photographié toutes les immatriculations des véhicules jusqu’aux Fosses Noires, au centre de la ZAD.
Les zadistes « irréductibles » continuent à se fortifier, et demandent notamment à la Grée une liste impressionnante de matériels, notamment des barres à mine, pneus, pioches, ferrailles, clous et vis, vêtements noirs et militaires, peinture, bouteilles de gaz, masques de plongée… sans oublier les inévitables pneus, très utiles pour défendre l’environnement à la façon des zadistes. Un chantier « fortifications » est prévu à la Grée ce 3 mai à 13 heures. Probablement de quoi faire repartir, une fois de plus, les affrontements avec les forces de l’ordre.
Louis Moulin
Crédit photo : Breizh-info.com (cc)
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