Lorsque la population est consultée sur des sujets aussi importants que la fusion des communes, elle ne va pas forcément dans le sens dans lequel les élus voudraient les amener. La preuve par l’exemple avec la commune de Tréogan, dans le Finistère, dans laquelle les habitants étaient invités à se prononcer sur une fusion possible avec Motreff, commune voisine.
Sur 84 inscrits, 64 ont voté (76,1%) dont 36 contre (56%) et 28 pour.
Dans un communiqué adressé à la presse, le FN se félicite de se résultat qui serait « une nouvelle démonstration de l’attachement des Français à leurs communes ». Gilles Pennelle va plus loin : « Après avoir asphyxié financièrement nos communes par une décennie de réduction drastique de leurs dotations, le Gouvernement leur impose de fusionner pour survivre. Ce big bang territorial va avoir des conséquences graves : une atteinte à une identité souvent millénaire, un recul de la démocratie locale par l’éloignement du citoyen du pouvoir et la fin des services publics de proximité par des mutualisations massives. »
Et de proposer les solutions suivantes : « renforcement des pouvoirs du Maire, augmentation de l’autonomie financière des communes par la hausse des dotations de l’Etat, réforme de l’intercommunalité pour en faire un outil performant au service des communes et non un échelon technocratique et hors-sol. »
Si la question de la mutualisation des moyens se pose, notamment dans les communes rurales qui connaissent des difficultés (fermeture d’écoles, de services publics …) le découpage qui s’opère actuellement interroge parfois la population, puisqu’il ne respecte pas tout le temps le bassin de vie des habitants.
Ainsi depuis le 1er janvier 2017, les communautés de communes de Bégard, Belle-isle-en-Terre, Bourbriac, Callac-Argoat, Guingamp, Paimpol-Goëlo et Pontrieux ont fusionné pour donner naissance à Guingamp-Paimpol Armor-Argoat Agglomération. Une agglomération qui ne reflète en rien, par exemple, le bassin de vie des habitants de l’ancienne communauté de communes de Callac, plutôt tournés (en partie) vers Carhaix. Dans ce cas précis, c’est la notion de Département qui est en cause, Carhaix étant en Finistère, Callac en Côtes d’Armor, signe que du côté de la départementalisation aussi – chère notamment au Front national – il y’a parfois des incohérences troublantes.
Autre crainte d’une partie des habitants concernés par ces fusions, ces restructurations : la concentration des pouvoirs entre les mains d’une petite minorité. Ainsi toujours à Carhaix, Christian Troadec, qui cumule de nombreuses casquettes (maire, conseiller départemental, président de Poher communauté…) souhaiterait réunir huit intercommunalités du Centre-Ouest-Bretagne : Poher-communauté (29), Callac-Argoat (22), Kreiz-Breizh (22), Roi Morvan (56), Haute-Cornouaille (29), Yeun Elez (29), Pleyben (29) et celle des monts d’Arrée (29). Le but mis en avant étant d’atteindre une population de 90 000 habitants.
Le maire de Carhaix voudrait également regrouper, au sein d’une commune nouvelle, Carhaix, Plounévézel, Kergloff, Le Moustoir et Treffrin.
Officieusement, certains craignent toutefois une perte d’autonomie et une mise en coupe réglée de la part de barons locaux bien implantés et charismatiques….
L’exemple de la création artificielle de la commune du Mené, dans les Côtes d’Armor, est par ailleurs assez parlant : pour faire le tour de toutes les communes qui ont été fusionnées, sans consultation de la population, il faut plus d’une heure.
D’autres solution existent également pour en finir avec la multiplication des collectivités et de la bureaucratie, permettre de mutualiser des moyens, tout en respectant chaque commune : la suppression des départements et l’instauration d’ensembles respectant les pays historiques – notamment pour la Bretagne – en est une, tout en conservant la commune, repère important pour les habitants.
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