Un professionnel de la politique est par obligation un optimiste. Effectivement, s’il n’y « croyait pas », on voit mal comment ses troupes et ses électeurs pourraient y « croire ». C’est le cas de Gilles Pennelle (FN), conseiller municipal de Fougères, président du groupe frontiste au conseil régional de Bretagne, devenu délégué national aux fédérations.
« Dans le cadre de la stratégie d’ouverture du FN, il y a une volonté de rajeunissement avec des dirigeants tournés vers une logique de gouvernement plus que d’opposition », a-t-il déclaré récemment (Ouest-France Bretagne, mercredi 11 avril 2018). S’ouvrir à un Thierry Mariani à la recherche d’un job – casse-croûte est une chose, mais s’ouvrir aux électeurs de la droite en est une autre. Encore faut-il que ces derniers le veuillent. C’est ce que nous montre un récent sondage ODOXA –DENTSU CONSULTING (Le Figaro, vendredi 16 mars 2018). Les sympathisants LR rejettent en effet majoritairement à 67% toute idée d’alliance avec le FN, soit deux points de plus qu’en septembre dernier. A l’inverse que 54% des sympathisants FN soient favorables à cette alliance montre qu’il y a toujours des volontaires pour le suicide.
Un mariage politique fabrique obligatoirement des cocus. Les plus célèbres d’entre eux étant les communistes avec l’ « union de la gauche » et le « programme commun de gouvernement » en 1972 : les socialistes ont siphonné leurs électeurs et ratatiné ce qui était le premier parti de France. Guillaume Tabard résume bien l’affaire : « Wauquiez ne veut pas s’allier avec le FN, il veut lui prendre ses électeurs. Ce n’est pas la même chose. »( Le Figaro, vendredi 16 mars 2018).
Quant à la « logique de gouvernement » évoquée par Gilles Pennelle, il y a loin de la coupe aux lèvres. Si l’élection présidentielle se déroulait dimanche prochain, Emmanuel Macron recueillerait 36% des suffrages, Marine Le Pen 23%, Jean-Luc Mélenchon 16,5% et Laurent Wauquiez…8%.(Enquête IFOP – Fiducial, Paris-Match, 19 avril 2018. Si on additionne Le Pen + Wauquiez (23% + 8%), le compte n’y est pas ! Ni au premier tour, ni au second. On se rapproche du résultat obtenu par Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en 2017 : 33,94% à l’échelon national. Et 24,13% en Bretagne (5). Autant dire qu’il y a du pain sur la planche avant de voir la « logique de gouvernement », évoquée par Gilles Pennelle, devenir réalité. Mais il est vrai aussi que l’avenir n’est écrit nulle part !
Bernard Morvan
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