Les Français vont en Amérique du Nord visiter les parcs d’attractions et ignorent complètement les parcs nationaux qui sont liés à leur histoire.
Nous vous proposons quelques suggestions de visite pour ne pas oublier les sacrifices de nos pionniers. Robert Griffing dépeint l’entrée en 1754 du père jésuite Bonnecamp dans le village indien de Logstown, à une vingtaine de kilomètres en aval du futur fort Duquesne, quand l’expédition française commandée par Celoron de Blainville vint réaffirmer les droits du roi de France sur la vallée de l’Ohio.
Les Français feront face à l’opposition des marchands anglais et ils devront négocier avec les indigènes rendus méfiants par la propagande ennemie. Des événements qui allaient entraîner la mort de Jumonville et de ses compagnons français et indiens. La confrontation au Fort Nécessité pendant l’été 1754 fut la bataille qui déclencha la guerre entre la France et l’Angleterre pour le contrôle de l’Amérique du Nord. Elle déclencha également le conflit mondial connu en Amérique sous le nom de «French and Indian wars », et partout ailleurs comme la « guerre de Sept Ans ».
Ce conflit prit fin en 1763 avec l’expulsion des forces françaises d’Amérique du Nord et d’Inde. La bataille du Fort Nécessité fut aussi le premier événement important dans la carrière militaire de George Washington, et ce fut sa seule et unique capitulation face à l’ennemi.
« Charmant endroit pour une rencontre »
En janvier 1754, avant même d’apprendre le refus des Français de quitter la vallée de l’Ohio, le gouverneur Dinwiddie envoya un petit contingent de soldats virginiens construire un fort aux fourches de l’Ohio, à l’endroit où Pittsburgh se tient aujourd’hui.
La palissade était à peine terminée que des forces françaises vinrent en chasser les Virginiens et construisirent un plus grand fort sur le site. Les Français nommèrent ce fort «Duquesne » en l’honneur du marquis de Duquesne, récemment promu gouverneur de la Nouvelle France.
Au début avril, George Washington, nommé lieutenant colonel, commença de construire à l’ouest, à partir d’Alexandria, une route vers Redstone Creek sur le fleuve Monongahela, avec une partie du régiment des Virginiens de la frontière. Il devait ensuite aider à défendre le fort anglais aux fourches de l’Ohio. Averti que le fort était aux mains des Français, il décida de continuer jusqu’à Redstone Creek et d’attendre de nouvelles instructions.
Son contingent était bien au-delà de Wills Creek quand le colonel Joshua Fry, commandant l’expédition, arriva à cet endroit avec le reste du régiment de Virginie vers la fin mai. (Lorsque Fry mourut à Wills Creek le 31 mai, Washington prit le commandement du régiment et fut promu colonel).
Il ne reste plus rien du fort Duquesne (ci-dessus) mais on trouve encore une redoute du fort anglais qui fut construit à sa place après la retraite des Français.
Washington arriva à Great Meadows («Grandes Prairies »), comme était alors dénommé l’emplacement du Fort Nécessité, le 20 mai. Bien que le lieu fût quasiment un marécage, il considéra que c’était un « charmant endroit pour une rencontre », et il donna l’ordre aux hommes d’y établir un campement. Trois jours plus tard, après avoir appris qu’un groupe de soldats français avait été aperçu à 11 km environ vers Chestnut Ridge, Washington prit 40 hommes pour se lancer à leur recherche. Le 28 mai à l’aube, les Virginiens atteignirent le camp de Tanaghrisson, un chef sénéca connu sous le nom de Half-King («Demi-Roi »). Ses éclaireurs les menèrent alors au ravin où les Français avaient établi leur campement, à environ 3 km au nord. Selon la version préférée des admirateurs de Washington, les Français, commandés par Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, furent attaqués par surprise. Dix furent tués, dont Jumonville, un fut blessé, et 21 furent faits prisonniers. Un homme put s’échapper et informer fort Duquesne. Les troupes de Washington souffrirent un seul mort et deux blessés. Craignant que « nous puissions être attaqués par d’imposants contingents », Washington entreprit de fortifier sa position à Grandes Prairies. Pendant les deux derniers jours de mai et les trois premiers jours de juin, il bâtit un fort avec une palissade circulaire, qu’il appela le Fort de la Nécessité.
La Bataille du Fort Nécessité
Le reste du régiment de Virginie arriva à Grandes Prairies le 9 juin avec des provisions et neuf canons. Les troupes de Washington totalisaient désormais 293 soldats et officiers. Il fut renforcé quelques jours plus tard par une centaine d’hommes de la compagnie indépendante de l’armée régulière britannique de Caroline du Sud, sous le commandement du capitaine James Mackay. Les tentatives de Washington pour retenir ses alliés indiens échouèrent.
Pendant que les hommes de la Caroline restaient à Grandes Prairies, Washington et ses Virginiens passèrent la plus grande partie du mois de juin à ouvrir une route de Fort Nécessité jusqu’à la plantation de Gist, un établissement de colons à la frontière en direction des fourches de l’Ohio.
Cependant, ayant eu vent que de nombreuses troupes franco-indiennes avançaient depuis Fort Duquesne, Washington se vit forcé de ramener ses hommes à Grandes Prairies, où ils arrivèrent le 1er juillet. Le lendemain, ils renforcèrent Fort Nécessité en améliorant les tranchées à l’extérieur de la palissade. Au matin du 3 juillet, un contingent d’environ 600 Français et 100 Indiens s’approcha du Fort. Après que les Français ont pris position dans les bois, Washington amena ses hommes dans les tranchées. La pluie tomba toute la journée, inondant le terrain marécageux.
Des deux côtés, on déplora des morts et des blessés, mais les pertes britanniques étaient supérieures aux pertes francoindiennes.
Le combat continua sporadiquement jusqu’à 20 h. C’est alors que le capitaine Louis Coulon de Villiers, le frère de Jumonville, et commandant du contingent français, demanda une trêve afin de discuter la capitulation de Washington. Vers minuit, après plusieurs heures de négociations,
les conditions furent mises par écrit, puis signées par Washington et Mackay. Les Anglais furent autorisés à se retirer avec les honneurs de la guerre, gardant leur équipement et leurs armes, mais ils durent abandonner leurs canons.
Les troupes britanniques quittèrent Fort Nécessité pour Wills Creek au matin du 4 Juillet. De là ils retournèrent à pied jusqu’en Virginie. Les Français brûlèrent Fort Nécessité et retournèrent ensuite à Fort Duquesne.
La campagne de Braddock
Après la bataille de Fort Nécessité, les Français espéraient que les Anglais ne contesteraient désormais plus leurs revendications sur la région de l’Ohio. Mais l’Angleterre refusa d’accepter le résultat défavorable de cette bataille comme un test définitif de l’état de ses forces sur la frontière, et elle se prépara donc à lancer des expéditions contre les bastions français : fort Duquesne aux fourches de l’Ohio ; Fort Niagara sur le Lac Ontario ; Fort Saint Frédéric (Crown Point) à l’extrémité sud du Lac Champlain, et fort Beauséjour en Nouvelle Ecosse. Cependant, l’attaque principale devait frapper fort Duquesne. L’homme chargé de diriger l’expédition contre Fort Duquesne était le général Edward Braddock, âgé de 60 ans, dont 45 passés au service de l’armée britannique, plus particulièrement au sein des Coldstream Guards. Cependant, il n’avait aucune expérience de la guérilla pratiquée
en Amérique. Bien que son armée de 2400 hommes semblât une force considérable, elle était en fait constituée de deux régiments d’infanterie relativement récents et incomplets (le 44e du colonel. Peter Halkett et le 48e du colonel Thomas Dunbar) augmentés des troupes coloniales de Virginie, de New York, de Caroline du Sud et du Maryland, parmi lesquelles certains soldats avaient pris part au combat de Fort Nécessité. En dépit du peu d’estime qu’il accordait aux vertus militaires des colons, Braddock invita personnellement le jeune George Washington à joindre son état-major en tant qu’aide-de-camp.
Braddock commença sa marche en avril 1755. Il avait ordre de passer par Fort Cumberland, le comptoir de l’Ohio Company à Wills Creek, puis vers l’ouest jusqu’aux fourches de l’Ohio, tout en élargissant l’ancienne route de Washington à travers la forêt pour transporter l’artillerie et les chariots.
À la mi-juin, parce que les hommes avançaient trop lentement, Braddock divisa son armée, marchant en tête avec quelque 1300 hommes choisis, et laissant les autres sous le commandement du colonel Dunbar avec ordre de rattraper la tête dès qu’ils le pourraient.
Le détachement de Braddock Franchit Grandes Prairies avec les ruines de Fort Nécessité le 25 juin. Le 9 juillet après-midi, la colonne de Braddock était à 12 km de fort Duquesne quand elle se heurta à quelque 600 Français et Indiens. Après la bataille, deux tiers des troupes britanniques engagées et la plupart des officiers étaient morts ou blessés. Braddock lui-même fut mortellement blessé et mourut durant la retraite. Fort Duquesne tint encore jusqu’en Novembre 1758, quand les Français le détruisirent à l’approche de l’armée britannique du général John Forbes.
Le parc Aujourd’hui
Le champ de bataille national de Fort Nécessité se trouve à 18 km à l’est d’Uniontown, Pennsylvanie, sur la route US 40. Le parc consiste en trois parties séparées. L’élément principal inclut le champ de bataille, le fort reconstruit avec les tranchées, la taverne du mont Washington et le bâtiment d’accueil. À 1,6 km à l’ouest sur la route US 40 on trouve la tombe de Braddock. Plus loin, à 11 km le long de la crête de Chestnut Ridge, on visite le ravin de Jumonville. Le parc contient aussi des tronçons de la route de Braddock, construite en 1754-55.
Les aires du parc et le centre de visite sont ouverts tous les jours de 9 à 17 h. Les installations de pique-nique sont utilisables de la mi-printemps jusqu’à la fin de l’automne. Le parc est fermé le jour de Noël.
Nous conseillons les visiteurs de s’arrêter d’abord au bâtiment d’accueil où un programme audio visuel et une exposition présentent l’histoire du fort, de la bataille et des études archéologiques qui ont mené à la reconstruction des bâtiments.
Fort Nécessité
Le fort reconstruit occupe le site exact du fort original. La palissade est au même endroit. Entourant un petit entrepôt, la palissade originale avait un diamètre de 17 m. Le périmètre total était de 50 m. La porte, située dans le secteur sud-ouest de la palissade, était large de plus d’un mètre. Les tranchées à l’extérieur du fort sont des reconstitutions de celles renforcées par Washington et ses hommes entre le 1er juillet et le début de l’attaque des Français le 3 juillet.
La taverne du mont Washington
Alors que la route nationale se développait, de nombreuses tavernes furent créées le long de la route pour servir d’arrêts aux diligences. Vers 1827-28, le juge Nathaniel Ewing, alors propriétaire de Grandes Prairies, terrain ayant appartenu autrefois à George Washington, fit construire la grande maison qui devait devenir la taverne du mont Washington. Ce fut l’un des bâtiments les plus importants sur la route nationale entre Grantsville et Uniontown.
La taverne était à l’origine un arrêt pour les voyageurs, offrant le logis, les repas, les nouvelles et des rafraîchissements.
Aujourd’hui, ce monument soigneusement préservé renferme des meubles d’époque dans plusieurs chambres, donnant une idée de l’utilisation qui fut faite de ce bâtiment à travers les années. À l’extérieur, un chariot Conestoga témoigne de l’un des plus typiques moyens de transport au début du XIXe siècle dans cette partie de l’Amérique.
Le ravin de Jumonville est visité chaque année par des milliers d’Américains. Il serait bien temps que des Français s’y rendent aussi.
La tombe de Braddock
Quand le général Braddock mourut le 13 juillet 1755 des suites de blessures infligées à la bataille de la Monongahela, il fut enterré à environ 2 km au Nord Ouest de Fort Nécessité au milieu de la route que son armée avait construite. En 1804, des ouvriers qui réparaient cette section de la route de Braddock, tombèrent sur ce qui fut considéré comme les restes de Braddock. Sa dépouille fut inhumée sur le sommet d’une colline proche. Aujourd’hui, un monument de granite rappelle son souvenir aux visiteurs.
Le ravin de Jumonville
Ce ravin isolé aurait été le théâtre de l’escarmouche entre Washington et les quelques hommes de Jumonville ce matin du 28 mai 1754. Ce fut cet événement qui amena l’expédition de Coulon de Villiers de fort Duquesne jusqu’à Grandes Prairies, dont le point culminant fut la bataille pour Fort Nécessité. Plus que tout autre site du parc, le ravin de Jumonville évoque la nature sauvage, caractéristique de la région autour de Fort Nécessité dans les années 1750.
La route de Braddock
Cette route fut tracée par Washington durant la campagne de Fort Nécessité en 1754, et fut améliorée par Braddock l’année suivante. Elle partait de Wills Creek (Cumberland dans le Maryland) jusqu’au fleuve Monongahela (près du Pittsburgh actuel), et elle devint par la suite une autoroute pour l’expansion vers l’Ouest. La route de Braddock fut abandonnée en 1818, quand la route nationale atteignit Wheeling.
Autres Sites
Point State Park (les Fourches de l’Ohio), Pittsburgh, est le site du Fort Prince George, construit par les Virginiens de Dinwiddie en 1754 ; Fort Duquesne, construit par les Français cette même année ; et fort Pitt, un énorme fort en étoile construit par les Anglais quand fort Duquesne fut abandonné par les Français en 1758. Un bâtiment original fut préservé.
Fort Ligonier, comté de Westmoreland, servit de zone de repos lors de la campagne de Forbes en 1758, dont le résultat fut la prise de fort Duquesne. Après des recherches archéologiques étendues, fort Ligonier fut reconstruit en 1954.
Fort Bedford Park
Museum, comté de Bedford, est situé à l’endroit du fort Bedford, qui servit de dépôt pour l’armée du général John Forbes durant sa marche contre fort Duquesne. Comme les Fort Pitt et Ligonier, Fort Bedford fut assiégé durant la rébellion de Pontiac de 1763. Champ de bataille de Bushy Run, comté de Westmoreland, marque l’endroit où le colonel Henri Bouquet et sa petite armée furent battus par le chef des Ottawa (Pontiac) et sa confédération de tribus indiennes dans une bataille de 48 heures, Les 5 et 6 août 1763. Cette victoire marque aussi la fin d’un siège de fort Pitt et la fin de la rébellion de Pontiac. Le site historique national de Friendship Hill conserve la maison d’Albert Gallatin, secrétaire des Finances sous les présidents Thomas Jefferson et James Madison. Ce site est dans le comté de Fayette, Pennsylvanie, à quelque 40 km à l’ouest de Fort Nécessité, La maison et les jardins sont ouverts tous les jours, sauf le 25 décembre. Une visite guidée audio est disponible pour les parties historiques de la maison.
La Route Nationale
Par divers aspects, la bataille du Fort Nécessité et la guerre de Sept Ans qui suivit, préparèrent le terrain pour la révolution américaine, Washington, aguerri par ces campagnes, émergea comme le chef providentiel des coloniaux, profondément conscient de la valeur de l’Ouest, et désireux d’unifier la côte est avec les terres au-delà des montagnes. Albert Gallatin, secrétaire des Finances des présidents Thomas Jefferson et James Madison, aida à réaliser les voeux de Washington en préparant les mesures qui menèrent le Congrès à approuver les travaux de la route nationale. Commencée en 1811, elle fut la première route américaine financée par l’État fédéral et elle fut la première étape dans le développement d’un système de routes nationales. Elle partait de Cumberland (Maryland) jusqu’à Vandalia (Illinois) avec une section importante au sud-ouest de la Pennsylvanie. Ce fut la route originelle de la côte est à la frontière de l’ouest des années 1810 aux années 1850. La route nationale suivait généralement le tracé de la route de Braddock vers l’ouest jusqu’au niveau de la tombe de Braddock, où elle obliquait vers l’ouest jusqu’à Wheeling. Aujourd’hui, sur une bonne partie de son parcours, l’US 40 suit le même tracé que la route nationale.
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