Les rumeurs de présence du loup dans les Côtes d’Armor à l’automne dernier ne sont restées que des rumeurs. Mais le loup continue à se rapprocher peu à peu des frontières bretonnes. Signalé à nouveau dans le Loiret, la Dordogne, la Somme, l’Eure et l’Indre surtout, il continue sa marche vers l’ouest. Sans que les tirs de prélèvement – 40 autorisés d’ici le 31 décembre –, les cas de braconnage et les morts naturelles ne ralentissent le développement de la population. Souvent au détriment de l’élevage dans le quart sud-est de la France où se concentre la grande majorité des attaques contre les animaux domestiques.
Le loup est revenu en forêt d’Orléans, signalé dans l’Indre et en Sologne
En août dernier, le 23 vers 21 h 30, le zoologiste et photographe animalier François Baillon – bien connu en Orléanais – observe un loup en forêt de Lorris. Si l’animal avait déjà été signalé en février 2014 après qu’un cheval ait été tué au nord d’Orléans, l’ONCFS n’avait alors pas confirmé le signalement. En revanche, celui d’août l’a été. Il s’agit selon François Baillon lui-même d’un « loup seul, subadulte sans doute et forcément de passage. Ce loup est sans doute très loin aujourd’hui ».
Présent « presque tous les jours sur le secteur depuis l’observation », il ne l’a plus revu. D’ailleurs, « cinq minutes après l’observation, j’ai passé un enregistrement de hurlement de meute sur le secteur », en espérant avoir les réponses d’autres individus – une variante en somme de la méthode des « hurlements provoqués » qui permet de les compter. Cependant, il n’a eu « aucune réaction hélas mais logique ».
Plus au sud, le 15 octobre 2017, le naturaliste Jean-Luc Valérie, de l’Observatoire du Loup (ODL), relaie le relevé d’empreintes fait à Pierrefitte sur Sauldre (41), en Sologne. Les empreintes relevées font 8/11 cm, « le canidé serait passé de nuit sur la commune », avance l’ODL. François Baillon reste dubitatif : « le seul endroit où il y a un élevage de chien-loup tchécoslovaque, c’est justement à Pierrefitte sur Sauldre et il peut être très facilement confondu avec le loup, comme ses empreintes ».
Enfin au sud-ouest dans l’Indre, en limite de l’Indre-et-Loire, à Veuil, trois moutons ont été attaqués le 7 avril 2018. L’éleveur accuse le loup – ce que confirme l’Observatoire du Loup, mais pas les autorités (préfecture et ONCFS). Il pourrait s’agir cependant d’un individu de passage. Veuil ne se trouve qu’à 214 kilomètres des limites orientales de la Loire-Atlantique.
Sud-Ouest : le loup revient en Dordogne
Au sud, le loup fait reparler de lui en Dordogne, deux ans après y être déjà venu. A l’époque un loup gravement blessé avait été achevé par un chasseur dans un poulailler de Saint-Léon de l’Isle, fin octobre 2015, et les autorités avaient bien confirmé qu’il s’agissait d’un loup. Cette fois, c’est plus au sud, à Campagnac-les-Quercy, qu’il fait parler de lui lorsqu’un chevreuil est trouvé mort le 19 décembre 2017. Deux jours plus tard la Préfecture exclut qu’il se soit agi d’un loup.
Mais le dossier revient sur la table le 22 mars 2018 avec le relevé de traces de loup par l’Observatoire du loup, pas si loin du loup aperçu – et confirmé par l’ONCFS au Roc (Lot) le 11 février 2016. L’Observatoire du Loup signale aussi des prédations liées au loup à Gourdon le 28 août 2017 et surtout à Ribérac aux confins de la Dordogne et de la Charente, en mars 2017. Des signalements qui n’ont pas été confirmés par les autorités.
Ile-de-France et Nord : le loup continue à contourner l’agglomération parisienne
Beaucoup plus au nord, le loup a refait son apparition à Beringen en Flandre, en janvier 2018, et au Luxembourg où l’attaque d’un mouton à Fouhren le 26 février dernier est bien liée au loup, selon les autorités qui visiblement ne pratiquent pas les mêmes habitudes d’opacité qu’en France. Où l’Etat a fini par se résoudre à mettre en place cette année des cellules de veille pour le loup au Puy-de-Dôme – où il est présent régulièrement depuis 2013 – et en Corrèze où il l’est depuis 2015 et où l’ONCFS confirme sa présence à Neuvic le 31 janvier et le 2 février 2017.
Plus au sud de la Flandre, le loup a été photographié dans un champ au Hamel (80) le 4 octobre dernier ; les autorités ont bien identifié l’animal. Plus au nord encore, le loup a été formellement identifié à Gapennes – en Somme toujours – le 21 octobre 2017. Il a aussi été photographié en janvier 2018 dans la forêt de Lyons en Seine-Maritime (76) mais n’a pu être identifié avec certitude, bien que des traces d’un « grand canidé, apparenté à un loup », ont effectivement été relevées.
En Ile-de-France, le loup continue à contourner l’agglomération parisienne, trop dense et urbanisée. Après une première alerte émise par l’Observatoire du Loup en avril 2016 en forêt de Rambouillet avec la découverte d’une tanière, non confirmée par l’ONCFS, puis des prédations au printemps 2017 à Montfort l’Amaury (78) finalement attribuées à un chien-loup tchécoslovaque en fugue, l’Observatoire du Loup alerte sur des prédations d’agneaux régulières en janvier et début février 2018 à Anet (28), au nord de Dreux.
Anet se trouve à 74 km à l’ouest de Paris et 226 km au nord-est des limites orientales de la Bretagne. Selon l’Observatoire du Loup, les prédations constatées sont l’oeuvre du loup. Les autorités (ONCFS et préfecture) n’ont pour l’heure pas fait de commentaire.
Louis-Benoît Greffe
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