Une émeute a éclaté le jeudi 26 dans un foyer de jeunes travailleurs transformé en lieu d’accueil de mineurs étrangers isolés (MIE), au 5 ter rue Saint-Jacques à Nantes. Près de 40 mineurs y logent. Les éducateurs n’ont pas pu entrer, des dégradations ont été commises. La police est intervenue pour reprendre le contrôle du bâtiment. 7 mineurs, dont le meneur de l’émeute, ont été interpellés. Ceux-ci protestaient contre la réduction par le département de la somme de 300 € en liquide qui leur est donnée chaque mois.
Le meneur de l’émeute, un jeune homme, a été hospitalisé au CHU dans la matinée. Un policier s’est fait taper dessus à coups de skate-board. Sept jeunes âgés de 14 à 16 ans ont été interpellés – six pour dégradations, un pour outrage – et ont été convoqués devant le juge des enfants.
Une aide de 300 € par mois détournée et de plus en plus lourde à financer
Le foyer est géré par l’association Saint-Benoit Labre qui accueille une bonne partie des MIE – effectivement reconnus comme tels. Il leur est donné 300 € en liquide par mois, dont 8€ par jour pour leur nourriture, le foyer n’ayant pas de cantine. « Dans nombre d’endroits, les jeunes doivent payer leur nourriture et leur blanchissage », relève Jacques, qui fait partie d’un collectif local qui leur vient en aide dans l’agglomération nantaise.
Cependant, cette allocation en liquide n’est pas recommandée par le cadre officiel, qui le limite au « titre exceptionnel ou à l’initiative du chef d’établissement » et relève un « seuil de 300 euros relevé exceptionnellement par la Direction générale des Finances Publiques pour les dépenses de secours et les aides sociales – Texte de référence : Instruction comptable DGFIP N°13-0017 du 22 juillet 2013 – titre 3 – section 2 ».
« Certains s’achètent des vêtements ou des portables, d’autres en font une utilisation moins légale »
Et pour cause. Le département de Loire-Atlantique – responsable de l’aide sociale à l’enfance et de l’accueil des mineurs étrangers isolés reconnus comme tels – a constaté que cette aide est souvent détournée. « Certains s’achètent des vêtements ou des portables, d’autres en font une utilisation moins légale », constate à mots couverts un travailleur social. Le sujet est sensible.
Surtout que le nombre de mineurs isolés étrangers a explosé : 886 arrivés en Loire-Atlantique en 2016 dont plus de 600 gérés dans les services départementaux contre 40 en 2012 et 265 à l’été 2015. Le budget du département attribué à l’accueil et à la formation des MIE a été multiplié par 20 en cinq ans et ne suffit toujours pas, malgré les fonds versés par l’État.
L’aide en liquide de 300 € devrait être ramenée à 60 €. Quant à sa principale justification – la restauration – le département compte d’abord donner des tickets-service aux mineurs, puis organiser un service de portage de repas dans ce foyer. Dans d’autres lieux, le département va installer des services de restauration ou organiser des services de portage de repas.
Louis Moulin
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