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Washington. Un crime oublié ou ignoré par Emmanuel Macron

Le voyage d’État d’Emmanuel Macron, président de la République française, aux États-Unis a connu un moment prestigieux quand le locataire de la Maison-Blanche a organisé un dîner de gala dans la maison de George Washington, Mount Vernon.

Cet honneur réservé aux visiteurs étrangers les plus appréciés de l’exécutif américain n’a pas manqué de susciter chez le mandataire français des paroles d’hommage pour celui qui fut le père de la république nord-américaine.

Il est vrai qu’une visite d’État n’est pas le moment d’évoquer les souvenirs qui fâchent, mais les vraies amitiés impliquent de se dire les choses, au premier rang desquelles rappeler que George Washington ne fut pas un ami de la France et qu’un crime dont il fut personnellement responsable est à l’origine de la guerre de Sept Ans qui conduisit à la perte des possessions nord-américaines de la France.

Les Français devraient pourtant tout connaître de l’épisode indigne qui a marqué le début de la carrière militaire du jeune Virginien George Washington. Savent-ils que leur hymne national, la Marseillaise, s’inspire directement de vers composés une trentaine d’années plus tôt, mais dirigés contre George Washington et plus généralement les Anglais ?

Va, pour t’entre-détruire, armer tes bataillons Et de ton sang impur abreuver tes sillons… L’auteur en était Claude-Rigobert Lefebvre  de Beauvray, dans son Adresse à la nation angloise de 1757.

Qu’avait donc fait le jeune Washington pour mériter l’opprobre des Français ?

C’était il y a longtemps, au XVIIIe siècle.  Très exactement le 28 mai 1754. Le royaume de France et le Royaume-Uni (mais les Français parlent toujours d’Angleterre) s’efforçaient concurremment de s’attribuer les plus vastes territoires possible en Amérique du Nord. Chacun élevait des fortins en rondins et y plaçait des garnisons. Chacun recrutait aussi des auxiliaires indiens : qui n’a pas lu le Dernier des Mohicans ?

George Washington à la tête d’une unité composée d’Anglais coloniaux et d’Indiens se dirige vers la frontière française pour revendiquer des territoires que Londres estime revenir à la couronne britannique.

À la nouvelle de cette intrusion, un officier français du nom de Coulon de Jumonville, accompagné de neuf soldats, se dirigeait de fort Duquesne (actuellement Pittsburgh) vers l’Est pour enjoindre aux Anglais de se retirer sans tarder d’une contrée considérée comme appartenant au roi de France. Une soixantaine de kilomètres séparaient les deux places, aussi un bivouac s’imposait-il.

Des Peaux-Rouges de la tribu des Seneca,  qui fournissaient des éclaireurs aux Anglais, alertèrent Washington de ce mouvement. Et leur chef, Tanaghrisson, qui lui-même détestait les Français, persuada l’officier de Sa Majesté, âgé de vingt-deux ans seulement et inexpérimenté, qu’il s’agissait de l’avant-garde d’une force d’invasion.

En dépit de la paix régnant entre la France et l’Angleterre, sur ordre de Washington, un coup de main fut monté sur le campement, et à l’aube, après un échange de coups de feu, la petite troupe française était submergée. Jumonville, blessé, était achevé par le chef des Peaux-Rouges, et ceux-ci rapportaient une collection de scalps.

De son côté, le jeune officier britannique  écrivait fièrement à son frère :

— J’ai entendu siffler les balles, et crois-moi,  c’est une musique charmante.

Les protagonistes de l’accrochage l’ignoraient  forcément, mais ils venaient d’enclencher  un processus qui allait conduire à la guerre de Sept Ans.

Peu après Joseph Coulon de Jumonville  sera vengé : un détachement commandé par son propre demi-frère contraint George Washington à capituler et à reconnaître avoir « assassiné » un plénipotentiaire.

Heureusement pour lui, la notion de criminel de guerre n’existait pas encore, et le « héros » limitera les dégâts vis-à-vis de ses compatriotes en déclarant n’avoir pas compris le sens du texte rédigé en français. Ceci a failli mettre un terme prématuré à la carrière dans l’armée  de Sa Majesté britannique de cet officier colonial peu versé dans une langue parlée alors par l’ensemble des élites européennes.

Par la suite, George Washington reprendra du service contre les Français, satisfaisant ainsi une francophobie bien enracinée chez les Anglais d’Amérique. Il ne commencera à l’abandonner que lorsqu’il aura besoin de ces mêmes Français dans son combat pour l’indépendance de ce qui allait devenir les États-Unis.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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