La fait de ne plus pouvoir boire un verre de jus d’orange au réveil va-t-il devenir une triste réalité ? Une curieuse maladie qui frappe les agrumes donne lieu, en tout cas, à de vives inquiétudes.
De la Floride à la Méditerranée
La vie serait probablement moins agréable sans citron ni orange. Des produits à la fois peu coûteux et excellents pour la santé. Leur existence est ainsi sérieusement remise en cause par la maladie dite du « Dragon Jaune ».
Cette dernière a déjà causé la disparition de presque tous les orangers de Floride. Mais elle a aussi impacté les cultures du Brésil et de Californie. Tandis qu’aucun traitement efficace n’a été élaboré pour l’instant, voilà que ce Dragon Jaune s’attaque désormais aux agrumes du pourtour méditerranéen. C’est le constat qu’ont récemment dressé des chercheurs.
Dragon Jaune
Derrière l’image du monstre à flamme, se cache HLB. Il s’agit de l’acronyme désignant Huanglongbing, signifiant « maladie du Dragon Jaune » en chinois. Dénommé « Citrus Greening » en anglais, le virus a commencé à se répandre au milieu des années 2000. Une propagation qui s’est déroulée avec « un impact et une rapidité phénoménales », selon Eric Imbert, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) à Montpellier.
En Asie, cette maladie a été identifiée dès le début du XXème siècle. Seule zone de production épargnée jusqu’ici, la région méditerranéenne serait en passe d’être concernée. « On a déjà repéré l’insecte vecteur, le psylle asiatique, dans la péninsule Arabique », précise le spécialiste.
Par la sève
L’insecte en question se nourrit de sève. Pour ce faire, il s’attaque aux arbres afin de prélever la substance par succion. C’est à ce moment-là que la transmission de la bactérie a lieu. Par la suite, celle-ci obstrue le canal permettant à la sève de circuler. En conséquence de quoi, les feuilles jaunissent puis les fruits se déforment. De la même façon que l’on altérerait la circulation du sang chez l’humain, l’arbre s’étouffe. Avant de finir par mourir.
Une version moins violente du virus, transmise par un insecte appelé psylle africain, a déjà été observée sur des cultures d’agrumes au Portugal et dans le nord de l’Espagne. Des arrachages en ont résulté.
Triplement des prix
Répondant, comme n’importe quel marché, à la loi de l’offre et de la demande, le prix de l’orange pourrait potentiellement doubler voire tripler si le Dragon Jaune venait frapper les cultures méditerranéennes.
Des inquiétudes à prendre très au sérieux en l’absence de traitement pour endiguer le phénomène. En Floride par exemple, les cultivateurs d’agrumes n’ont pu que modestement faire usage d’insecticides. La faute à la proximité de zones urbanisées. Une contrainte à laquelle les exploitations du pourtour méditerranéen sont également confrontées. De quoi laisser craindre une propagation rapide de la maladie.
De leur côté, les différents laboratoires de recherche sont sur le pied de guerre. Avec notamment des études sur la génétique. Pas de quoi être optimiste pour autant.
Le 10 avril dernier, l’Académie nationale des sciences américaines publiait ainsi un rapport affirmant que le Dragon Jaune était devenu une maladie chronique dans tout l’État de Floride. En précisant également qu’aucune solution vraiment viable n’existait. De quoi nous faire apprécier encore davantage les agrumes tant qu’il en est encore temps.
Crédit photo : Pixabay (CC)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine