Des panneaux bilingues sur les routes nationales en Bretagne

C’est une victoire pour les défenseurs et les pratiquants de la langue bretonne. Des panneaux bilingues vont être déployés à partir du mois de juin sur les routes nationales en Bretagne.

Tout panneau directionnel et touristique, qui devra être installé ou changé, au bord d’une route nationale, sera bilingue, comme l’a en effet confirmé le directeur de la Diro à Ai’ta, collectif de défense de la langue bretonne. Un signe que la lutte pacifiste paye, puisque les militants de cette association sont connus depuis des années pour organiser des démontages de panneaux signalétiques, pour sensibiliser à la question de la place de la langue bretonne dans notre région.

« Cette mise en place se fera au fur et à mesure, non seulement des travaux neufs, mais également lors du renouvellement pour obsolescence des panneaux existants. Les mentions en breton seront de même taille que les mentions françaises avec une police de caractère distincte que les mentions en français mais pas en italique », explique le directeur de la Diro dans une lettre.

« Nous resterons cependant vigilants lors de leur mise en œuvre. Nous souhaitons par ailleurs que cette signalétique soit installée le long des routes de l’ensemble de la Bretagne, Loire-Atlantique comprise.» expliquent les militants d’Ai’ta qui se sont fendus d’un communiqué plus large et appelant à continuer les initiatives pour la langue bretonne.

« C’est le résultat d’une longue lutte menée depuis des années par notre collectif, et avant lui par d’autres militants de la langue bretonne. Cette victoire démontre une fois de plus que la lutte porte ses fruits, surtout lorsqu’elle a recours à la désobéissance civile. L’État reconnaît ainsi la légitimité et la pertinence de nos revendications.

Cette avancée permettra de combler un peu le retard qu’a la France vis-à-vis des autres pays européens en matière de respect des peuples et des langues minoritaires. Elle ne doit cependant pas masquer la situation périlleuse dans laquelle se trouve la langue bretonne, toujours classée en sérieux danger d’extinction par l’UNESCO.

Nous espérons que cette avancée de la part de l’État entraînera un sursaut de la part des élus des collectivités locales bretonnes. En effet, la politique linguistique de la région Bretagne au stade du symbole et les moyens alloués sont encore ridiculement faibles comparés à d’autres pays en Europe (Pays de Galles, Catalogne, Corse, Pays Basque notamment). De trop nombreuses communes et intercommunalités ne respectent par les engagement pris par les élus eux-mêmes vis-à-vis de la charte «Ya d’ar brezhoneg». La plupart des services publics ne sont pas encore disponibles en langue bretonne, que ce soit à l’écrit ou à l’oral. La place accordée à la langue bretonne reste encore extrêmement marginale dans les médias et les entreprises, alors qu’une demande sociale existe.

Cette avancée devra par ailleurs être accompagnée de progrès en matière d’enseignement en langue bretonne. La prochaine rentrée scolaire s’annonce très difficile pour Diwan. Il est impératif de donner les moyens à ces écoles de fonctionner correctement, et de se développer. De grandes craintes apparaissent également concernant l’enseignement bilingue dans les écoles publiques au vu des premiers pas de Mme. Armande Le Pellec Muller, la nouvelle rectrice de l’académie de Rennes, visiblement opposée à l’enseignement en breton.

Alors, faut-il en venir à la désobéissance civile pour que nos droits soient respectés ? Nous sommes tentés d’y répondre par l’affirmative, constatant trop souvent que les courriers, la pédagogie et les rendez-vous n’y font rien.

Nous appelons donc les élus et les services publics, en premier lieu la région Bretagne, mais également l’État, les communes et les intercommunalités à accélérer les mesures en faveur de la langue bretonne. De la même façon, nous appelons la société civile à la mobilisation pour permettre un avenir à notre langue, aux personnes qui la pratiquent et qui y sont attachés.»

La Loire-Atlantique sera toutefois exclue de ce dispositif de remplacement des panneaux (d’ici à 2035, toute la Bretagne administrative devrait être couverte de panneaux bilingues selon les prévisions en terme d’usure et de remplacement) . Gageons que des militants de la langue bretonne feront en sorte d’amener le sujet sur la table de l’administration dans ce département …

Photo : wikipedia
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