En matière de discrimination, les supporteurs de football sont probablement les plus grandes victimes de décisions administratives restreignant les libertés individuelles.
À l’occasion du derby entre Nantes et Rennes, qui se jouera vendredi soir à 19h30, sur décision de la Ligue de football – alors que tous, dirigeants, équipes, supporteurs, attendaient une grande fête le samedi – les supporteurs du Stade Rennais feront à nouveau les frais de ces décisions préfectorales.
Ainsi, un arrêté préfectoral interdit vendredi soir la présence des supporters rennais à Nantes, aux abords du stade et dans le stade de Nantes s’ils ne font pas l’objet d’un encadrement, c’est à dire dans le cadre d’un déplacement organisé par le club de Rennes, et encadré par les forces de l’ordre.
« Le 20 avril 2018, de 8 h à 24 h, il est interdit à toute personne se prévalant de qualité de supporter du club de Rennes ou se comportant comme tel, d’accéder au stade de la Beaujoire et de circuler ou stationner sur la voie publique dans le périmètre (dont la gare SNCF) délimité par les voies suivantes et sur lesdites voies elles-mêmes, sur la commune de Nantes à l’exception de celles acheminées exclusivement sur le lieu de la rencontre par transport collectif (autocar) et sous escorte policière à partir du lieu et à l’horaire fixés par la préfecture de Loire-Atlantique au club de Rennes. » indique l’arrêté préfectoral.
A l’heure où les forces de l’ordre semblent s’embourber, justement du fait de décisions préfectorales sujettes à controverses, dans la ZAD à quelques kilomètres de Nantes, voici un arrêté qui fait grincer des dents. « Donc en gros, en tant que supporteur de Rennes, je peux être arrêté si je me trouve à la gare de Nantes, tandis qu’un migrant clandestin pourra lui ne pas être inquiété par les autorités, au même endroit, à la même heure. Elle est belle la République » nous dit Olivier, un indépendant.
Lors du match aller, le 28 janvier, une même mesure avait été prise, cette fois-ci par la Préfecture d’Ille et Vilaine, à l’encontre des supporteurs nantais.
Après les Stéphanois, les Bordelais, ce sont donc les Rennais qui refusent l’encadrement et le déplacement obligatoire en bus qui ne pourront donc pas assister à la rencontre. Sur Facebook et dans les tribunes, la résistance s’organise toutefois, avec notamment l’initiative « Supporters, pas criminels » (51 000 suiveurs sur Facebook) tandis que des tractations sont menées, pour l’instant sans aucun résultat, avec la ligue et avec les autorités pour faire cesser ces mesures liberticides.
Le communiqué des 33 associations de supporters contestant la répression dont elles font l’objet et réclamant plus de dialogue avec les autorités. pic.twitter.com/9ltk0qgxON
— ORTFr (@ORTFr) 20 novembre 2017
A noter que la préfecture justifie ces mesures par les antécédents entre les supporters des deux clubs. Également du fait que les forces de sécurités sont déjà mobilisées …. pour contrer la menace terroriste.
On rappellera enfin que le droit d’aller et venir est un droit constitutionnellement garanti, reconnu déjà en 1789 dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Que ce droit naturel et civil a été consacré par la première Constitution française en 1791. « La liberté d’aller et de venir se caractérise par le droit d’aller et de venir en société partout où cela plaît à l’être humain d’aller », disent les juristes. Apparemment ce droit nesemble pas concerner les supporteurs de certains clubs de foot…
Crédit photos :DR
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