Bien que prévisible, l’épilogue du cas Tilly-Sabco ne va pas remonter le moral des habitants de Guerlesquin, la petite ville du Finistère qui abritait l’usine. Le clap de fin a retenti faute de repreneur.
Pas de repreneur
L’usine Tilly-Sabco, spécialisée dans la production de saucisses de poulet, avait été placée en redressement judiciaire le 27 mars dernier. Mais aucun repreneur ne s’est manifesté depuis, alors que les candidatures à la reprise étaient admissibles jusqu’au vendredi 13 avril.
C’est donc logiquement que les salariés de la société se rendaient à leur dernière journée de travail le lundi 16 avril. Ceci avant la fermeture définitive. Ils n’étaient plus que 64 à être encore employés sur le site de Guerlesquin. Pour rappel, plus de 800 personnes travaillaient dans l’usine au milieu des années 1980. À l’époque, Tilly Sabco était encore un abattoir de poulets et l’agroalimentaire n’avait pas réalisé sa mutation.
Matériel racheté ?
Moindre mal, le volailler LDC s’est montré intéressé pour racheter du matériel. Le groupe serait effectivement enclin à acquérir une partie de la chaîne de fabrication de saucisses. Basé dans la Sarthe, LDC aurait annoncé par ailleurs être disposé à réembaucher quelques anciens salariés de Tilly-Sabco. Sans toutefois en dire davantage sur le nombre ni le lieu.
Le groupe LDC détient notamment les marques Loué, Maître Coq, Marie ou encore Le Gaulois. Il dispose par ailleurs de plusieurs sites dédiés au travail du poulet en Bretagne.
Nouveau monde
Le feuilleton de Tilly-Sabco ressemble à une longue descente aux enfers. Après des dépôts de bilan à répétition, c’est le groupe hollandais Wegdam Food Link qui avait repriss l’usine en dernier en 2016. À cette époque, l’activité d’abattage était déjà terminée et seule perdurait la chaîne de fabrication de saucisses.
Mais l’agroalimentaire breton n’a pas eu d’autres choix que de se restructurer face à une concurrence internationale très compétitive. Notamment en matière de coûts puisqu’il est devenu difficile de lutter avec les prix proposés par les usines brésiliennes ou d’Europe de l’Est. Et, comme pour le cas de la société Doux, les vœux émis par le conseil régional de Bretagne n’y changeront rien.
Avec la disparition de Tilly-Sabco, c’est l’ensemble du modèle agroalimentaire de la péninsule qui est à repenser. Mais c’est aussi le rapport au travail de toute une partie des salariés bretons. Faire toute sa carrière dans la même entreprise avec une sécurité de l’emploi assurée n’est désormais qu’un lointain souvenir. Mieux vaut en tirer les enseignements nécessaires et se préparer face à l’avenir que de regretter un schéma obsolète.
En 2014, nous avions prévenu de ce qui pouvait arriver :
Tilly-Sabco. Ms foods, une société halal qui intrigue [enquête 1ère partie]
Photo : DR
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