Les critiques contre Emmanuel Macron n’en finissent plus de pleuvoir après sa décision de frapper plusieurs sites en Syrie avec les États-Unis et le Royaume-Uni.
Nous avons interrogé Alain de Benoist sur les conséquences de cette opération et son impact concernant la politique étrangère de la France. Voici sa réponse :
Alain de Benoist : C’est évidemment une absurdité. Il faudrait la qualifier de criminelle si elle avait abouti à l’escalade que beaucoup redoutaient. Il n’en a heureusement rien été. Les Russes, qui avaient été prévenus, sont restés l’arme au pied. Les bombardements n’ont fait aucune victime, ce qui montre que les locaux visés étaient vides ou désertés. Tout se passe comme si les États-Unis, l’Angleterre et la France s’étaient ravisés au dernier moment et avaient délibérément choisi de s’en tenir à une frappe symbolique. Beaucoup de bruit pour rien, mais une stupidité quand même.
A bien y regarder, cette agression a aussi été un échec. Elle n’a affaibli en rien le potentiel militaire de l’armée syrienne, qui va pouvoir achever la reconquête de son pays. La popularité de Bachar el-Assad sort renforcée de cette affaire, et les Russes sont plus que jamais maîtres du jeu. S’il s’avère en outre que les trois quarts des missiles envoyés ont été détruits en vol par la défense anti-aérienne syrienne, cela révèle qu’elle dispose d’un savoir-faire insoupçonné, et laisse imaginer ce qu’il en aurait été si les Russes s’en étaient mêlés. Pour l’Angleterre et les États-Unis, c’est une très mauvaise nouvelle.
Mais le grand perdant est évidemment Emmanuel Macron. Harcelé dimanche soir par les crépitantes apostrophes de Jean-Jacques Bourdin et les insinuations chafouines d’Edwy Plenel, il a affirmé « avoir des preuves » de l’attaque au chlore qui aurait motivé les bombardements. Ces preuves, on les attend toujours et ses interlocuteurs se sont bien gardés de lui demander de les produire, ou tout simplement de lui demander en quoi cette affaire nous concerne. Macron a délibérément choisi, sans l’aval de l’ONU et en violation flagrante du droit international, d’attaquer un pays qui n’a jamais menacé ou agressé la France, mais qui au contraire combat le terrorisme islamique auquel nous sommes nous-mêmes confrontés. Il a préféré se mettre à la remorque de la puissance anglo-saxonne plutôt que de s’en tenir à la réserve de ses partenaires européens. Ajoutons qu’à peine huit jours après être allé « parler catho » aux évêques de France, il est allé bombarder le seul pays arabe qui protège les Arabes chrétiens (improprement dénommés « chrétiens d’Orient »). Il a perdu de ce fait toute possibilité de jouer dans le conflit un rôle d’arbitre indépendant. En matière de politique étrangère, c’est sa première faute grave.
Pendant ce temps, l’ex-espion Sergueï Skripal, empoisonné « sur l’ordre de Poutine », à Salisbury le mois dernier, à l’aide du gaz neurotoxique « le plus puissant du monde » (décès assuré en quelques secondes), se remet progressivement de son intoxication. Sa fille Ioulia, également victime de cette arme terrifiante, est déjà sortie de l’hôpital. Il est interdit de rire.
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