Bretagne. Emplois, revenus, recrutement : l’artisanat en mutation

L’édition 2017-2018 du baromètre ISM-MAAF de l’artisanat évalue, pour la première fois, l’évolution des chiffres de l’emploi dans le secteur artisanal.

Le baromètre tire principalement sa source des données du RSI, de l’ACOSS-URSSAF et de Pole-Emploi qui ont été analysées sur le périmètre de l’artisanat.

Les emplois dans l’artisanat légèrement à la hausse en Bretagne

Le nombre d’emplois non-salariés (1 emploi sur 4 dans l’artisanat) n’augmente plus depuis 2012 en France : le nombre croissant de micro-entrepreneurs s’accompagne en effet d’une diminution des emplois indépendants du régime classique.

En Bretagne, le même phénomène est perceptible : l’augmentation du nombre de micro-entrepreneurs se poursuit (14.800 micro-entrepreneurs dans les activités artisanales en 2016, soit +4% par rapport à 2015) et s’accompagne d’une baisse de 3% du nombre des chefs d’entreprises indépendants. En bref, le régime micro-entrepreneur ne permet plus la création nette d’emplois indépendants.

Alors qu’au national l’emploi salarié dans les TPE artisanales de moins de 20 salariés s’est stabilisé également à 1,6 million de salariés sur la période 2015-2016, après plusieurs années de baisse entre 2011 et 2015 (80.000 emplois perdus), en Bretagne, la reprise est plus marquée dès 2016 avec une hausse de +1%.

Cette augmentation intervient après la baisse observée les années précédentes (4100 emplois salariés perdus entre 2011 et 2015). L’activité de l’artisanat régional paraît donc mieux orientée qu’au plan national, cette croissance étant portée par l’artisanat du Morbihan (+2%) et de l’Ille-et-Vilaine (+1%). L’emploi salarié recule en revanche dans les Côtes d’Armor (-1%) et se stabilise dans le Finistère (0%).

boucherie

En Bretagne, de plus en plus d’entreprises sans salarié

Une évolution de la structure d’emploi des entreprises artisanales a été observée sur les dix dernières années en France. Elle se caractérise par une forte progression du nombre d’artisans travaillant seuls, sans salarié (ils représentent 66 % des entreprises artisanales en 2016, contre 49 % en 2008, et 58 % en 2012). Entre 2008 et 2016, ce nombre a été multiplié par deux, passant de 458.000 à 898.000 (sur 1.360.000 entreprises au total). Ce phénomène s’explique notamment par la mise en place du régime micro-entrepreneur.

En Bretagne, la progression du nombre d’entreprises artisanales sans salarié est également très importante : leur part dans le tissu artisanal est passée de 46% en 2008 à 53% en 2012 et 61% en 2016. Leur nombre est passé de 21000 en 2008 à près de 37000 entreprises en 2016.

Une reprise fragile portée par quelques secteurs

En 2016, en région Bretagne, quelques secteurs ont également affiché un solde positif de leurs emplois salariés, principalement la réparation automobile (+180 emplois créés), ainsi que les secteurs du BTP en sortie de crise (menuiserie +190, installation électrique +110). Dans l’artisanat de l’alimentation, la fabrication artisanale de biscuits est également dynamique (+35).

En 2017, la reprise s’est poursuivie (+1%), et près de 900 nouveaux emplois ont été créés, principalement dans l’alimentation (+3%), un secteur porté par la croissance des effectifs de la boulangerie-pâtisserie, et dans le BTP (+4%).  Dans l’artisanat de fabrication, l’évolution des effectifs est orientée à la baisse (-1%), malgré une bonne dynamique dans les entreprises de réparation de machines.  Les emplois sont stables dans les services.

Catherine Elie, directrice des études et du développement économique de l’ISM : « Sur l’année 2016-2017, la sortie de crise du secteur artisanal est plus tardive que dans l’ensemble du secteur privé marchand. La création nette d’emplois salariés reste encore ténue. Ce phénomène peut s’expliquer par une prudence des dirigeants privilégiant dans un premier temps la sous-traitance ou l’intérim. La reprise peut également accélérer le turn-over des salariés. Certains emplois peuvent enfin rester durablement non pourvus, suite à des difficultés de recrutement. »

En Bretagne, une forte hausse des offres d’emploi dans l’artisanat en 2016…

Avec un total de 220 000 offres déposées en 2016 en France, on constate une progression à la hausse des emplois recherchés pour la 2ème année consécutive. Ce regain observé dans les TPE artisanales témoigne d’un turn-over croissant du personnel et de besoins d’emplois nouveaux.

Parmi les secteurs les plus recruteurs et créateurs d’emplois en 2016, les activités de réparation d’équipements (+184%), les taxis/VTC (+103%), ou encore l’entretien et la réparation de véhicules automobiles (+81%). Le nombre d’offres déposées est également en hausse dans d’autres secteurs créateurs d’emplois salariés comme la coiffure (+25%), les soins de beauté (+11%) le nettoyage (+9%), ou encore la boulangerie-pâtisserie (+4%)

En Bretagne, le nombre d’offres d’emploi déposées par les entreprises artisanales de moins de 20 salariés a été de 11920 en 2016, un chiffre en progression (+7%), cela en cohérence avec la reprise des emplois salariés. Les offres ont fortement progressé dans les activités de l’alimentation et du BTP.

… Des difficultés de recrutement de plus en plus importantes

Au niveau national, cette progression des intentions d’embauches est nuancée par une hausse des difficultés de recrutement dans le secteur artisanal. Tous métiers confondus, 53 % des recrutements sont jugés difficiles par les dirigeants TPE artisanales, contre 37,5 % en moyenne pour l’ensemble des secteurs et des entreprises.

Les secteurs les plus touchés sont ceux du BTP, de la réparation automobile, du travail du métal et de la boucherie. Idem dans d’autres professions intermédiaires et d’encadrement, comme celles de chef de chantier, de dessinateur, de technicien du BTP ou de la mécanique.

Dans la région Bretagne, les difficultés de recrutement des TPE artisanales sont également plus élevées que dans les autres régions : 56% des dirigeants anticipent des difficultés pour leurs recrutements, contre 41% pour l’ensemble des entreprises régionales.

Les métiers pour lesquels les difficultés sont les plus élevées sont principalement des métiers du travail des métaux : régleurs (100% de recrutements difficiles), ouvriers travaillant par enlèvement du métal (85%), maintenance en mécanique, techniciens de maintenance (90%), de l’électricité (monteurs, câbleurs 100%) et de l’automobile. Les recrutements demeurent également très difficiles dans certains métiers du BTP (couvreurs, travail de la pierre). Enfin, les TPE artisanales ont des difficultés à pourvoir leurs postes d’ingénieurs informatiques ou de représentants du commerce.

Revenus des micro-entrepreneurs et indépendants classique : des disparités importantes

Les revenus annuels des micro-entrepreneurs sont très en deçà de ceux des indépendants classiques qui sont parfois jusqu’à 4 fois plus élevés. Dans le BTP, des écarts importants :28.200 euros pour les chefs d’entreprises indépendants contre 6.100 euros pour les micro-entrepreneurs.

Dans l’artisanat de fabrication, le même contraste est observé : alors qu’un micro-entrepreneur enregistre un revenu annuel moyen de 3.800 euros, un indépendant classique peut gagner jusqu’à 31.200 euros par an.

Constat similaire dans l’alimentation et dans l’artisanat de services avec des revenus annuels respectifs de3.600 euros et 4.500 euros pour les micro-entrepreneurs contre, respectivement 26.800 euros et 19.900 euros pour les chefs d’entreprises indépendants.

Rémunérations par secteurs d’activités en détails :

–  Dans l’artisanat alimentaire, les activités ayant les revenus les plus élevés sont ceux de la boucherie-charcuterie-poissonnerie et ceux de la boulangerie-pâtisserie avec respectivement 30.400 euros et 25.300 euros revenus annuels déclarés.

– Chez les professionnels du BTP, de forts contrastes sont observés : les revenus moyens se situent entre 27.200 euros et 28.600 euros annuels (respectivement pour les activités de cloisonnements / travaux de finition et les travaux électriques et plomberie). Une activité beaucoup plus rémunératrice se distingue : le génie civil (44.800 euros par an).

– Dans le secteur de la fabrication, des écarts de revenus de 20.000 euros. Les revenus annuels varient entre 18.600 euros pour les fabricants de meubles et les artisans du textile & travail du cuir et 39.300 euros pour les artisans qui travaillent les métaux.

– Dans l’artisanat des services, la moyenne des revenus est la plus faible avec 19.900 euros annuels, et des écarts sont visibles: les activités de services automobiles comme les VTC et taxis touchent 26.100 euros par an alors que les dirigeants d’entreprises de coiffure et d’esthétique (soin à la personne) déclarent un revenu moyen annuel beaucoup moins élevé (15.800 euros par an).

Crédit photo : DR

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