Une mosquée turque a fait l’objet d’une attaque en Allemagne. Étonnement, quelques jours plus tard, c’est un groupe d’extrême gauche qui a revendiqué l’action.
Cocktails molotov
La scène s’est déroulée à Cassel, une ville d’un peu moins de 200 000 habitants située dans le Land de Hesse, au centre du pays. Le 25 mars dernier, quatre auteurs masqués avaient, entre autres, lancé des cocktails Molotov dans un « Centre Culturel Islamique Turc », une mosquée locale. La vidéosurveillance, rendue publique par la police, a d’ailleurs permis de filmer l’attaque avec les engins incendiaires.
Mais le plus surprenant dans cette affaire réside dans la revendication de l’acte.
Extrême gauche et PKK
Ainsi, c’est seulement le 8 avril qu’un groupe dénommé « Antifa International » a revendiqué les faits sur le site Indymédia. « Après de nombreuses spéculations, nous revendiquons l’attaque aux cocktails Molotov contre le lieu de rencontre des fascistes turcs », peut-on lire dans le communiqué.
Le document explique par ailleurs que la raison de l’attaque était que les musulmans avaient prié à plusieurs reprises dans cette mosquée en faveur d’une invasion de l’armée turque au Kurdistan. Une armée accompagnée « de ses bandes islamistes fascistes et assassins » selon les assaillants du bâtiment turc.
Une façon pour ce groupe de gauche de marquer sa détermination dans son soutien au PKK tandis que, toujours selon les auteurs, les « innombrables actions et manifestations pacifiques » ayant eu lieu auparavant n’ont eu aucun effet.
Une situation explosive
Bien que tout le bâtiment n’ait pas pris feu, les fenêtres de la mosquée ont été brisées et ses murs endommagés. Et, loin d’être un phénomène isolé, les attaques contre des mosquées se sont multipliées ces derniers temps en Allemagne. Au moins 38 d’entre elles ont subi des dégradations depuis janvier 2018 selon les chiffres officiels.
Les activistes d’extrême gauche comme les partisans kurdes présents sur le territoire accusent par ailleurs le gouvernement allemand de complaisance avec Erdogan. Ils préviennent d’ailleurs que « d’autres actes militants suivraient si les agressions de la Turquie ne s’arrêtaient pas ». De son côté, le gouvernement d’Ankara a demandé à l’Allemagne de renforcer la protection de la communauté turque face aux risques d’agressions et d’attaques de ce genre. Une communauté turque qui compte plus de 3 millions de personnes sur le sol allemand.
Toujours est-il que cette action commise par l’ultra gauche en Allemagne est un phénomène inédit. Et laisse présager un regain de tension entre Turcs islamistes et « antifascistes ». Non sans contradictions pour ces derniers qui ont déjà été qualifiés d’islamophobes.
Crédit photo : Wikimedia Commons (cc)
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