Il y a peut-être une part d’ingratitude chez Isabelle Thomas, député européen. Chez elle, à Saint-Malo, elle ne parvint jamais à percer, ni comme maire, ni comme député ; elle ne dépassa jamais le stade de conseiller municipal d’opposition. Sa carrière politique, elle la doit au PS qui en fit une conseillère régionale et un député européen en la plaçant en position éligible sur des listes. Son casse-croûte, elle le doit d’abord à Jean-Yves Le Drian, puis à la rue de Solférino.
14 novembre 2017. Isabelle Thomas annonce qu’elle quitte le PS et rejoint le mouvement de Ben de Saint-Renan (Génération.s). Explication fournie : « Le PS n’est plus ce parti central capable de rassembler. Je n’ai pas, non, plus envie des extrêmes de Mélenchon. Je suis et je reste une Européenne démocrate convaincue. L’Europe et la région sont les deux meilleurs niveaux pour relever les défis du nouveau monde. » Très optimiste, elle a « la conviction que Benoît Hamon et [son mouvement] ont la capacité de construire un projet en adéquation avec notre siècle » (Ouest-France, mercredi 15 novembre 2017).
Une question se pose immédiatement : que compte faire Isabelle Thomas pour les prochaines élections européennes (juin 2019) ? Dans les petits partis comme celui de Hamon, les places seront chères. Avec une liste unique dans le cadre national, seuls les deux ou trois premiers peuvent espérer – si tout va bien – être élus. Hamon a-t-il promis la tête de liste – ou bien la deuxième place – à Mme Thomas ? Ou bien cette dernière a l’intention de prendre sa retraite. Ou bien elle possède un goût prononcé pour le suicide.
Mais son intention de jouer les militantes apparaît lorsqu’elle affirme : « Nous n’avons pas d’élu breton avec nous. On veut construire le mouvement autrement que par des élus ». Dès maintenant, les membres des comités sont invités à aider à construire le programme européen du mouvement. Un programme « transnational, car on veut être internationaliste » (Ouest-France, vendredi 6 avril 2018).
Isabelle Thomas a donc démarré un Tro-Breizh – avec des réunions politiques à la clé. On lui souhaite bien du plaisir : au premier tour de la récente élection présidentielle (23 avril 2017), alors qu’il était le candidat officiel du PS, Benoît Hamon n’a obtenu que 245 967 voix en Bretagne (5), soit 8,75% des suffrages exprimés. Avec une pointe de 11,84% (603 voix) chez lui, à Saint-Renan ! Ce ne fut guère plus brillant à Saint-Malo, chez Isabelle Thomas, avec 2234 suffrages, soit 7,78% des exprimés.
Bernard Morvan
Crédit photo : Philippe Grangeaud/Flickr (cc)
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