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Tamm-Kreiz. Les jeunes fuient la gauche culturelle, pas le fest-noz !

Voilà des années que le milieu culturel breton cherche à attirer la jeunesse. À grand renfort d’une modernité bien souvent mal digérée et dans le sillage du multiculturalisme à la française. Mais les jeunes bretons préfèrent l’original à la copie. La dernière initiative de l’association Tamm-Kreiz n’y changera rien. Les causes sont tout autre.

Moyenne d’âge en hausse

Tamm-Kreiz, dont le but est la promotion de la culture bretonne au sens large, a récemment fait un constat. Celui que les jeunes bretons ne s’intéressent pas à la culture ni à la musique de leur pays, tandis que la moyenne d’âge dans les festoù-noz ne cesse de grimper. De 27 ans en 2003, elle était alors de 46 ans en 2013. Et les choses ne se sont pas améliorées depuis.

C’est pourquoi Tamm-Kreiz vient de se lancer dans une campagne de séduction à l’intention de la jeunesse. Cette initiative dénommée #Fest consiste en la production d’une compilation de 14 titres censés présenter la musique bretonne sous un jour moderne. De plus, une série de show-cases et de festoù-noz ont lieu dans plusieurs villes de Bretagne depuis la fin mars jusqu’à la mi-avril.

« Aller vers les jeunes »

Dans une interview accordée à la radio Nord Bretagne, le coordinateur de Tamm-Kreiz Stéphane Julou explique assez maladroitement que le but est « d’aller vers les jeunes et ne pas attendre que ceux-ci viennent à nous ».

Assurant avoir établi un diagnostic sur le délaissement de la musique bretonne par les nouvelles générations, il précise la nécessité de proposer « une musique un peu actuelle » puisque « les jeunes attirent les jeunes ». Des conclusions un peu légères alors que Stéphane Julou affirme que Tamm-Kreiz a notamment fait appel à des sociologues pour comprendre le phénomène mais aussi aux organisateurs des Trans Musicales de Rennes. Drôles de conseillers !

Du rap à Saint-Brieuc

Décidément souvent inspirée dès qu’il s’agit de détruire les derniers reliquats de tradition dans la culture bretonne, France 3 Bretagne a évoqué l’initiative dans son édition An Taol Lagad dont le replay est visible ICI.

Le reportage en question montre des élèves du lycée Rabelais de Saint-Brieuc dansant sans trop y croire sur la « musique » du groupe Beat Bouet Trio. Une formation qui se définit comme une rencontre entre le hip-hop et le fest noz. Le tout avec des voix rappées, du ragga et du beat box. Clou du spectacle, du breakdance s’invite même au milieu de la scène. La Bretagne est sauvée !

Quant au visuel, #Fest fait même un clin d’œil au style graffiti. Mais les efforts entrepris pour tourner le dos à une culture bretonne jugée trop ringarde par ses promoteurs ne paient pas. Car les vraies raisons sont ailleurs.

Tamm-Kreiz

Source : tamm-kreiz.bzh

Le vrai diagnostic

Pour remédier à ce qui s’apparente à un abandon irréversible de la culture bretonne par les jeunes, Tamm-Kreiz reprend une recette… qui n’a jamais fait recette justement. Celle que l’Emsav utilise en vain depuis 1968 et qui consiste à se mettre à la remorque de la gauche culturelle française en singeant maladroitement les modes musicales venues d’ailleurs.

Ainsi, sur la compilation de 14 titres évoquée précédemment, nous retrouvons notamment les Ramoneurs de Menhirs, symbole même de cette scène culturelle bretonne courant depuis 50 ans derrière les tendances parisiennes, avec 20 ans de retard la plupart du temps. Presque personne n’écoute de punk rock, fusse-t-il breton, chez les moins de 30 ans aujourd’hui.

Quant aux influences rap ou techno avec lesquelles Tamm-Kreiz cherche à séduire un public jeune via son disque et ses show-cases, elles tentent de faire un grand écart impossible entre des musiques issues du déracinement mondialisé et la vieille tradition bretonne incarnée par nos danses et nos chants.

Intransigeance identitaire pour remède

Car si la musique bretonne veut survivre, elle va devoir ne compter que sur elle-même. Et oublier cette habitude mortifère qui consiste à faire du métissage culturel un passage obligé. Tant qu’elle ne proposera qu’un avatar niais et fade des modèles dominants, la culture bretonne ne suscitera que sarcasme et mépris au sein de la jeunesse. Celle-ci préférera toujours du gangsta rap parisien ou new-yorkais à un dérivé local mixant bombarde et textes dignes de la Rue Ketanou version brezhoneg.

La seule alternative pour que les jeunes bretons retrouvent le goût et la fierté de leurs racines réside dans l’émergence d’une scène réellement et uniquement bretonne. Une scène dans laquelle le sentiment identitaire serait totalement affirmé et ne se mêlerait plus de tiers-mondisme lénifiant. La proposition d’un contre-modèle fort et assumé pour une jeunesse dont les repères sont de plus en plus flous au sein d’une société française en voie de balkanisation constitue ainsi l’ultime planche de salut pour les acteurs de la culture bretonne, Tamm-Kreiz en tête.

La gauche culturelle a eu les coudées franches depuis plusieurs décennies en Bretagne, nous en voyons désormais le résultat. Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même !

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Kergourlay)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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