La fleur au fusil ? Non, pas vraiment. Des opposants au blocus appelaient à un sitting « apolitique et tolérant » ce mardi matin à 10 heures « pour participer à la récupération de notre campus », bloqué depuis plusieurs mois par quelques dizaines de cagoulés. En même temps avait lieu une AG où le blocus était une nouvelle fois prorogé.
Signé par « les étudiants et le personnel du collectif Un livre une fleur », le communiqué de deux (!) pages avait pourtant énoncé quelques vérités utiles. Par exemple : « nous n’y allons pas pour voter dans une assemblée conçue et présidée par ceux qui se proclament lutteurs et de groupuscules de personnes cagoulées, aux propos et aux actions ultra-violents ».
Mais la « multitude » dont ils se réclament – en vérité, plus de 9 000 étudiants sont bloqués par moins de 800 qui ont voté en AG un blocus « humaniste » illimité réagit en réalité comme ceux qui allument des chandelles et brandissent des crayons après un attentat islamiste. « Ils feraient mieux de suivre ce que font les gauchistes, qui posent un rapport de force », commente un étudiant goguenard. « Un sitting avec casque, grenade lacrymogène et matraque aurait été plus efficace pour montrer la résolution de la multitude, non ? ».
Plus résolu, le doyen de FLCE Didier Delorme a tenté ce matin de débloquer un bâtiment avec quelques personnes, dénoncent les bloqueurs : « Ce matin 8h45, Didier Delorme, le directeur de l’UFR FLCE, accompagné de quelques membres du personnel se sont réunis devant une entrée du bâtiment CIL avec la ferme intention de lever le blocus ». Selon un bloqueur qui aurait été légèrement blessé : « On jouait aux cartes entre étudiant.e.s mobilisé.e.s devant les barricades, puis un membre du personnel est venu nous parler sur un ton colérique, pour nous faire part de son mécontentement de ne pas travailler. Puis un autre membre du personnel a balancé violemment les barricades qui sont tombées sur nous. Nous étions assis.e.s en cercle, la plupart d’entre nous n’avons pas été touché, mais je me suis pris une barrière dans le haut du dos ».
Retour de l’état de droit sur la ZAD, pas à la fac : Laurence Garnier manquerait-t-elle de courage politique ?
Saluant dans nos colonnes le « courage politique » du gouvernement qui est en train, non sans mal, d’évacuer le cœur de la ZAD, Laurence Garnier a en revanche été bien moins résolue au retour de l’État de droit à l’université, bloquée depuis des mois par quelques dizaines de militants violents : « Je souhaite que les choses rentrent dans l’ordre et que les partiels se passent. Cependant les moyens pour y arriver ne m’appartiennent pas ».
Une incohérence soulignée par le FN dans un communiqué : « Le Front national de Loire-Atlantique s’étonne aussi du silence assourdissant des Républicains et de Laurence Garnier sur le blocus de la fac. Pourquoi Laurence Garnier si prompte à saluer l’évacuation de la Zad est-elle si discrète sur le blocus de la fac et sur l’instrumentalisation de la faculté pour loger les clandestins ? La droite qui cautionne la politique ď insécurité et d’illégalité de Johanna Roland et de la préfète Nicole Klein mais qui brigue la mairie de Nantes ne changera rien ».
L’AG vote le blocus des examens et le semestre blanc
Ladite AG a voté le blocus des examens : « L’assemblée générale de lutte qui mêlait étudiant.e.s, BIATS et professeur.e.s ont voté le blocage des examens tant que la loi ORE ne serait pas abrogée. Nous avons voté également la validation du semestre par le biais du 12 mélioratif », destiné à ceux qui sont en masters sélectifs. Autrement dit, le message est clair : rejoignez le mouvement, et votre année sera cadeau. « Quel message retiendront les employeurs alors que l’Université de Nantes n’a déjà pas bonne réputation ? », s’interroge un étudiant.
La présidence de l’Université maintient les examens et les délocalisera au besoin
Dans un message aux étudiants, le président de l’Université a invalidé totalement les décisions de l’AG : « une minorité d’étudiants a choisi de bloquer des bâtiments et impose ce mode d’action à une majorité, mettant ainsi en danger la validation des examens de fin d’année. Contrairement à ce qui est revendiqué, le blocage des campus n’aboutira pas à la délivrance d’un semestre blanc. Cette hypothèse est une rumeur infondée. Les examens du second semestre auront lieu ».
Intimidations, agressions, amphis dégradés, fenêtres brisées… Les bloqueurs en action
Au besoin, ces examens seront en effet délocalisés : « Nous travaillons également à une délocalisation des examens et, si nécessaire, à une sécurisation des lieux pour permettre leur organisation et leur bon déroulement ». D’autant qu’à l’Université, la situation se tend : « Sur nos campus: des personnels et des étudiants, des agents des prestataires de sécurité et de nettoiement ont été victimes d’intimidation et d’agressions : coups, bousculades, insultes ; des altercations physiques ont eu lieu entre étudiants ; des amphithéâtres ont été dégradés et ils ne sont pas utilisables aujourd’hui : destruction des alarmes anti-intrusion et des systèmes anti-incendie, nombreux tags et détérioration du mobilier, des bâtiments ont été également dégradés : fenêtres brisées, murs tagués par des propos incitant à la violence. Des plaintes ont été déposées pour chaque fait et des enquêtes policières sont en cours ».
Louis Moulin
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