Le Collectif Féministe Racisé de l’Université de Nantes en Lutte. Voilà comment se présente un nouveau groupe ayant émergé des dernières semaines de grève étudiante sur le campus du Tertre. Une première réunion en « non-mixité racisé.e.s » a déjà eu lieu.
Sans les Blancs
Ce Collectif Féministe Racisé de l’Université de Nantes en Lutte a donc tenu sa première réunion le 6 avril dernier. Dans un communiqué publié sur Facebook, l’organisation explique que son ambition est de « constituer un groupe autonome » afin d’affirmer la place des « racisé.e.s » au sein du mouvement étudiant.
Une seconde réunion est prévue le mercredi 11 avril dans l’un des amphithéâtres du campus du Tertre. Toujours en « non-mixité racisé.e.s », les « hommes cis » sont toutefois les bienvenus.
Cela étant dit, cette novlangue mérite un décryptage. La « non-mixité racisé.e.s », malgré l’écriture inclusive dont use le collectif, est bien fondée sur un principe d’exclusion. Celle des hommes blancs en particulier. Quant à l’acceptation des « hommes cis » dans cette réunion en non-mixité raciale, il faut simplement comprendre que les hommes non-blancs et dont le genre attribué à la naissance correspond au genre auquel ils se sentent appartenir sont conviés.
Les « racisé.e.s » trop peu représenté.e.s
Ce premier communiqué n’a pas manqué de soulever des interrogations dans les commentaires de la page Facebook en question. Au point qu’un deuxième texte a été publié le 9 avril pour éclaircir le sujet. Et c’est à une charge en bonne et due forme contre l’homme blanc que nous assistons.
Il faut dire que l’antifascisme et l’antiracisme forcené du mouvement gréviste nantais sont confrontés à une réalité peu en accord avec les principes de ce dernier : les assemblées générales sont gérées dans leur immense majorité par des hommes et des femmes blancs. Ce que vient donc dénoncer le Collectif Féministe Racisé.
Assurant que « la non-mixité est un outil de lutte politique », il s’agit pour les membres du groupe de répondre à « un besoin de se rassembler pour échanger et organiser les luttes ». « Un besoin légitime, qui est à respecter ».
« Non-mixité » pas raciste ?
« Non, choisir de se rassembler en non-mixité n’est pas raciste », affirme aussi le communiqué. Tous les racismes ne se vaudraient pas selon les organisateurs de ces réunions.
« Dans notre société actuelle, les personnes blanches ne portent pas le lourd passé de l’esclavage ou du colonialisme, ne sont pas discriminées à l’embauche ou durant la recherche d’un logement, ne subiront jamais un contrôle et des violences policières au faciès, ne connaissent pas un manque de représentativité dans le cinéma et la politique du fait de leurs origines raciales ! » Des paroles qui ne viennent pas renforcer la cohésion du mouvement de lutte étudiant.
Face aux accusations de racisme dont il fait l’objet, le Collectif Féministe Racisé persiste et signe dans son plaidoyer sur une prétendue valorisation des Blancs : « C’est pourquoi, les personnes blanches ne sont pas victimes de racisme, au contraire, elles sont en position de domination, bénéficient de privilèges sociaux et sont toujours plus valorisées ».
Le racisme anti-blanc n’existe pas
Tandis que les propos paraissent de plus en plus lunaires au fil des lignes, le clou est enfoncé dans les derniers paragraphes. Le racisme anti-blanc, sans être tout à fait justifié par les auteurs, devient sous leur plume un simple mouvement d’humeur des minorités extra-européennes opprimées :
« Ainsi, toute discrimination à l’encontre d’une personne blanche de la part de personnes racisées ne peut être qualifiée de raciste, ce n’est pas systémique, c’est généralement une réaction de colère, ponctuelle et individuelle, face à toute la violence du racisme subie au quotidien ».
Enfin, la conclusion prend presque un tour ironique en affirmant que le Collectif Féministe Racisé ne divise pas le mouvement mais le rend « plus inclusif ».
Alors que ce concept de réunion en non-mixité raciale a déjà suscité de vifs débats en 2017, il est un fait nouveau en Bretagne et crée déjà un certain malaise. Il se pourrait bien que la convergence des luttes rencontre un obstacle inattendu à Nantes : celui de la divergence des races. Un sujet avec lequel l’extrême gauche locale va désormais devoir composer.
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