La situation à l’Université de Nantes est de plus en plus tendue – alors que 20 universités sur 73 sont perturbées à des titres divers en France. Les doyens des composantes en Lettres, les plus perturbées, commencent à s’inquiéter pour les partiels, qui seront quand même organisés. Les agressions et dégradations sur le campus Tertre se multiplient.
Dans les colonnes de nos confrères de Presse-Océan, l’Université de Nantes a estimé à 1 million d’euros les dégâts d’ores et déjà faits par les bloqueurs. Et le semestre n’est pas fini !
Un agent de sécurité agressé la nuit sur le campus
Dans la nuit du 4 au 5 avril à 3 heures du matin, un agent de la société AGP Sécurité Événementielle s’est fait agresser par deux hommes cagoulés armés de battes. Il a eu quinze jours d’arrêt de travail. Son agression a été condamnée par l’Université, le collectif Nantes Libre opposé aux blocages et… l’extrême-gauche qui dénonce « des individus masqués suspects qui rôdaient autour du lieu d’occupation » cette nuit même. « Les étudiant.e.s en lutte n’ont aucun intérêt à attaquer le personnel de sécurité, en revanche tout le monde a conscience qu’un geste comme celui décrédibiliserait et mettrait en péril l’occupation », relèvent les bloqueurs, qui accusent… l’extrême-droite qui « joue la stratégie de la tension, cherchant à provoquer une intervention policière sur les campus mobilisés ».
Il y a deux semaines, c’était le président d’Interassos Nantes – la première organisation d’étudiants sur le campus – qui s’était fait agresser au couteau en marge d’une AG par des bloqueurs. Opposé au blocus, « il se fait prendre à partie régulièrement en fin d’AG par le noyau dur des bloqueurs, c’est au moins la deuxième fois qu’il se fait agresser », relève un étudiant. « Il va à chaque AG, il prend la parole, et il est opposé au blocus. Cela ne va pas dans le sens des bloqueurs qui veulent des AG qui aillent dans leur sens et noient ou intimident toute opposition ». Inter-assos avait déjà été pris à partie lors de l’AG du 8 février 2018.
Lettres : les doyens inquiets pour les partiels
Le blocus a vocation maintenant à durer jusque l’abrogation de la loi Parcoursup, autrement dit jusqu’à la fin du semestre, ce qui inquiète particulièrement les directeurs des composantes en Lettres. Le doyen de FLCE (faculté de langues et culture étrangères) s’est fendu ce 5 avril d’un mail aux étudiants et professeurs où il relève que « les étudiants mobilisés ont annoncé leur volonté de bloquer les Facultés jusqu’à la fin du semestre. Ceci reste personnel, la loi ORE ne vaut absolument pas toutes les conséquences qui ont été engendrées par le mouvement d’opposition. Je resterais discret sur les attaques personnelles que je subis mais beaucoup moins au sujet des nombreuses détériorations que notre Faculté connait, notamment celles de ce matin ».
Le même jour, cinq doyens de Lettres, Langues et sciences sociales – à savoir Didier Delorme (FLCE), André N’Dobo (psychologie), Yann Lignereux (Histoire), Jean-Marie Lardic (Lettres et Langues), Bernard Fritsch (IGARUN) ont envoyé un court message qui traduit leur inquiétude quand à la tenue et l’organisation des partiels : « Vu l’annonce, par l’assemblée générale du 03 avril, d’un blocage illimité de la majorité des bâtiments du campus Tertre, les directeurs des composantes concernées tiennent à rappeler la nécessité de pouvoir préparer la tenue des examens de fin de semestre. Il importe, en effet, que ces examens terminaux puissent garantir, dans l’intérêt de tous les étudiants, une évaluation juste, respectueuse du sérieux et de la qualité des formations, tout en tenant compte des conditions de déroulement du semestre ». Les consignes ministérielles sont en effet très claires : les partiels auront lieu. Quant aux cours, interrompus, ils pourraient être assurés en-dehors du campus Tertre ou en ligne.
Front National 44 : « Non à la chienlit ! ».
Tandis que la droite parlementaire de Loire-Atlantique reste d’une discrétion de violette au sujet du blocus et des déprédations de l’ultra-gauche sur le campus et dans les rues de Nantes, le FN44 s’est signalé le 5 avril par un communiqué énergique, titré « Non à la chienlit ! ». Le FN 44 relève que « si la réforme est sans doute imparfaite, il n’en demeure pas moins que son objectif était malgré tout légitime : la sélection républicaine à la fac est un des moyens permettant d’endiguer le très fort taux d’échec (plus d’un étudiant sur deux) en première année […] Les autres revendications de ces étudiants (parmi elles l’installation illégale des migrants clandestins à la fac) sont pour beaucoup farfelues voire totalement contraires à l’intérêt national et au maintien de l’ordre public ».
Bref, le FN 44 « appelle donc les étudiants de la fac de Nantes à outrepasser le blocus à la fac, en demandant le cas échéant au service de sécurité de l’Université (très efficace, notamment à la fac de droit !) de les laisser assister normalement aux cours ». Mais rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que la situation verra un retour à la normale sur le campus du Tertre, perturbé depuis l’automne par quelques dizaines de cagoulés.
Louis Moulin
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