Loin des clichés habituels sur les marins professionnels, une étude vient de révéler que près d’un quart d’entre eux présenteraient des signes de dépression. Explications.
Plus de 1 000 marins
C’est lors d’une conférence dédiée au bien-être en mer le 16 mars dernier à Londres que le sujet a été évoqué. Lors de cet événement organisé par la Sailor’s Society, une association caritative maritime internationale, un rapport sur la santé mentale des marins a été présenté au public.
Le document est basé sur l’étude des cas de plus de 1 000 marins effectuée par la Sailor’s Society en partenariat avec l’Université de Yale. Il faut relever par ailleurs que, sur le panel choisi, plus d’un marin sur six était originaire du Royaume-Uni.
26 % des cas
Quant aux résultats de l’étude, ils sont inquiétants mais finalement peu surprenants. Ainsi, 26 % des marins interrogés ont déclaré s’être sentis « abattus, déprimés ou sans espoir » pendant plusieurs jours au cours des deux semaines précédant l’enquête. En outre, les marins ont déclaré que la qualité et la quantité de la nourriture à bord pouvaient aussi avoir un impact important sur leur santé mentale.
Mais ce sont principalement la durée des embarquements et l’éloignement avec l’environnement familial qui sont la cause de ce mal-être dans la profession. Le fait de s’absenter plusieurs mois n’est certes pas nouveau dans le monde maritime mais, dans le même temps, la société a terre a fortement évolué. Et les mentalités avec, y compris chez les marins.
Le monde du silence
Par ailleurs, un autre point de l’étude attire également l’attention. Près de la moitié (45 %) des marins qui ont signalé des symptômes de dépression ont dit qu’ils n’avaient demandé de l’aide à personne. Environ un tiers d’entre eux ont affirmé s’être tournés vers leur famille et/ou leurs amis.
Dans le même temps, guère plus de 21 % des concernés n’ont évoqué le sujet avec un collègue à bord. Un chiffre à mettre en perspective avec le fait que les embarquements au long court durent généralement plus de deux mois. Autant dire que les autres marins sont les seuls confidents possibles durant toute la période.
Là aussi, le milieu maritime a ses spécificités. Les gens de mer n’ont pas pour habitude de se plaindre et les aveux de « faiblesse » y sont toujours mal vus, aujourd’hui encore.
Conditions de travail
Ces problèmes de dépression ont été relevés à tous les niveaux hiérarchiques à bord des navires. Des matelots aux officiers. Au-delà de l’éloignement, les conditions de travail sont de plus en plus exigeantes et difficiles selon de l’aveu de nombreux marins.
Le temps où le capitaine était le « seul maître à bord après Dieu » est bien révolu et les officiers des navires marchands sont soumis aux mêmes exigences de rentabilité et au même stress que les cadres travaillant à terre. Une fois le diagnostic établi, il est donc facile de comprendre pourquoi le métier de marin ne fait plus rêver les jeunes et use de plus en plus ceux qui le pratiquent.
Malgré le travail conjoint entre la Sailor’s Society et les armateurs, ces derniers ne s’aventureront probablement pas dans une révolution de la vie à bord. D’autant qu’une autre révolution, celle des navires autonomes, va les intéresser davantage dans les années à venir.
Crédit photo : Pixabay.com (CC0/whoismargot)
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