Conseiller municipal de Nantes d’opposition (UDI), Hervé Grélard réagit sur son blog à la décision prise par Johanna Rolland, maire de Nantes (PS), d’aménager un centre d’hébergement d’urgence pour accueillir les migrants. S’il approuve cette décision, celui qui s’est rallié à Emmanuel Macron émet en même temps quelques réserves : que devient le projet de foyer pour jeunes travailleurs rue Maurice Sibille, actuellement squatté par des migrants ? Où sera situé ce centre d’hébergement ? Quel sera la situation administrative, dans le futur, de ces migrants ? Bonnes questions, qui traduisent le malaise d’une certaine classe politique face à ce qui est devenu une question centrale : quelle conduite tenir face à l’afflux incontrôlé de migrants ?
Hervé Grélard affirme tout d’abord que « très attaché à la tradition d’accueil de la France et aux valeurs humanistes qui animent de nombreux acteurs associatifs nantais, [il] salue la décision prise par Madame le Maire de Nantes, en lien avec la Préfète de Loire-Atlantique, d’aménager un centre d’hébergement d’urgence (100 places) financé par l’Etat via une association et d’ouvrir, sous la forme de baux précaires, 45 places d’accueil temporaires. Nous devons, en effet, mettre fin aux conditions de vie inacceptables, mais aussi aux conditions de cohabitions difficiles, des quelques 300 migrants qui occupent aujourd’hui plus d’une douzaine de squats. Il en va bien entendu de notre tradition d’accueil, de la dignité des personnes migrantes mais aussi de l’État de droit. »
Ces beaux principes ayant été rappelés, Hervé Grélard formule deux interrogations et un regret :
« Première interrogation : le Maire de Nantes ne nous livre rien des négociations en cours avec l’association Edit de Nantes qui porte le projet de création d’un foyer de jeunes travailleurs à la place de l’ex Ehpad rue Sibille. Nous connaissons l’urgence de traiter la demande de logement des jeunes travailleurs. C’est une priorité que nous ne pouvons sacrifier à une autre. C’est la raison pour laquelle j’attends des engagements clairs sur ce projet de la part de Madame le Maire de Nantes, une simple « invitation à patienter » formulée lors de ses déclarations de fin de semaine dernière étant insuffisante.
Deuxième interrogation : Aucune communication n’a été faite préalablement à cette prise de décisions, ni auprès des riverains, ni aux membres du Conseil municipal. Aucune information n’a été livrée sur le futur site d’accueil du centre d’hébergement d’urgence ni même sur les lieux mis à disposition sous le forme de baux précaires. Pourtant, le Maire a déclaré par voie de vidéo que les sites étaient parfaitement identifiés. Je sais le caractère sensible du sujet traité. Je sais aussi la nécessité d’une certaine forme de discrétion. Mais je sais bien plus encore qu’il est indispensable de savoir articuler discrétion et transparence dans le respect des principes de démocratie et pour apaiser les tensions existantes. A quand une communication précise à ces sujets ?
Un regret enfin : A Nantes, l’hospitalité ne s’articule pas pleinement avec le devoir de responsabilité. En effet, ce centre d’hébergement d’urgence ne sera pas un centre d’évaluation des situations des migrants tel que proposé dans un premier temps par la préfète et ne répondra pas non plus à la nécessité de réguler dans la dignité les flux migratoires. Pourtant, ce type de centre a vocation à accompagner et orienter les personnes hébergées. En déployant ces structures, le gouvernement défend à la fois le principe d’inconditionnalité de l’accès à l’hébergement d’urgence, tout en réduisant le nombre de personnes qui, hébergées pour une durée parfois longue, restent sans statut ou ne peuvent bénéficier de leurs droits. Il est urgent de réduire les délais des procédures d’asile et de garantir une instruction rapide des demandes. C’est encore une question de dignité ! » Affaire à suivre.
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